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Les sept vieillards, Charles Baudelaire

Étude de cas : Les sept vieillards, Charles Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Mars 2017  •  Étude de cas  •  1 561 Mots (7 Pages)  •  49 100 Vues

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Séquence 1 : Écriture poétique et quête de sens, du Moyen Âge à nos jours

Problématique : La représentation du poète dans la poésie

Lecture analytique : « Les sept vieillards », Charles Baudelaire[pic 1]

Introduction : « Les sept vieillards » est le cinquième poème de la section des « Tableaux parisiens », qui suit la section « Spleen et Idéal ». « Spleen et Idéal » illustre la quête d’Idéal de Baudelaire mais provoque de nombreuses désillusions chez l’auteur qui font naître le spleen. Le poète cherche dans « Tableaux parisiens » à s’intéresser aux marginaux de la société en se libérant du spleen. Baudelaire raconte ici l’hallucination dont il est victime, l’apparition de sept monstrueux vieillards et peint une ville réelle qu’il finit par transfigurer par le surnaturel et le fantastique. Le poème est constitué de 13 quatrains d’alexandrins.                                                                Problématique : Comment la ville prend-elle une dimension fantastique et met-elle en péril la raison du poète ?                                                                                                                     

 La problématique aura forcément un lien réel/fantastique. 

  1. Un poème fantastique
  1. Le contexte spatio-temporel
  • Description de la ville (désignation, caractérisation) : Apostrophe à la ville « fourmillante cité » répétition et périphrase de la ville « cité pleine de rêves », métaphore de la ville « colosse puissant » accentue sur l’importance de la ville pour Baudelaire.
  • Description de la météo : Climat peu favorable « brume » « brouillard sale » « ce ciel pluvieux » « pleuvoir » « dans la neige et la boue », l’atmosphère et inquiétante et présage déjà quelque chose ; Le Froid est caractérisé par une allitération en r « regards aiguisait les frimas// Et sa barbe […] », crée un sentiment agressif.
  • Favorisation de l’hallucination :CL de l’eau « coulent » « canaux » « quais » « rivière accrue » « trempées » « frimas », rien n’est solide et définitif, le décor est abstrait, on peut déjà sentir que le paysage est mental.CL du fantastique « mystères » « spectre » « colosse » + eau associée au fantastique : analogie entre « mystères » et « canaux » Cadre onirique, cité définie par la métonymie « pleine de rêves ». Hallucination est désignée par la métaphore « tempête ».
  1. La brutale apparition du (premier) vieillard
  • Rapidité de l’apparition : Rupture au début de la 4ème strophe « tout à coup », narrateur stoppé dans sa contemplation. Soudaineté de la vision emphase par le rejet « m’apparut »CL du regard, de la perception visuelle « yeux » « m’apparut » « regard » « couleur »  « prunelle »
  • Proximité de la description du brouillard et du vieillard : Similarités physiques, même couleur et tous les deux sales « brouillard sale et jaune » « guenilles jaunes ».Ils remplissent tous les deux l’espace : le brouillard « inondait tout l’espace » tandis que le vieillard « se multipliait ». Effet envahissant. Ils occupent tous les deux toute la vision du poète et obscurcissent son jugement. Ainsi, il a du mal à distinguer le vrai du faux, de ce qui se passe dans sa tête et de la réalité.
  1. Les vieillards : des personnages symboliques et surnaturels
  1. Symbole du laid et du mal
  • Les hyperboles font du vieillard un être de démesure : Apparence monstrueuse mis en avant « un quadrupède infirme ou d’un juif à trois pattes » Figure diabolique « du même enfer venu », analogie avec Judas le traître, « hostile à l’univers »CL du laid « hideux » « dégoûtant » « sinistre » « cassé »
  • Déshumanisation : Il est déshumanisé : comparé à un animal physiquement « échine » « pattes », désigné par nom commun « quadrupède » ce qui est un euphémisme du mot humain
  • Annonce la mort : CL de la mort « morts » « enfer » « spectres » « épée » « roide » « fatal », références tellement nombreuses qu’elles conduisent à la banalisation de la mort7 vieillards pour les 7 péchés capitaux.
  1. L’éternité du laid et du mal
  • Action surnaturelle : Huitième strophe parle du double du 1er vieillard « son pareil le suivait : barbe, œil, dos, bâton, loques ».  L’énumération crée en effet d’accumulation, et le parallélisme est parfait avec la sixième et septième strophe, cela crée un sentiment d’oppression. La multiplication est rapide « de minute en minute », on ressent de l’urgence et de la pression. Ces vieillards sont parfaitement identiques « but commun » « sosie inexorable » « jumeau centenaire »
  • Références à l’au-delà religieux : Le poète fait référence à Dieu « fils et père de lui-même » Thème de l’éternité divine par « éternel » « inexorable » « Phénix », cette éternité démontre que les vieillards ne sont pas vivants mais déjà morts, des morts-vivants. Pour Egyptiens 7 est le symbole de la vie éternelle

3)  La perception du poète

  1. Le spleen du poète
  • Il projette son état d’esprit dans la réalité : Son décor intérieur modifie sa perception de la réalité « les maisons dont la brume allongeait la hauteur » « les guenilles jaunes//Imitaient la couleur de ce ciel pluvieux ».Sa mélancolie influe sur sa description de la ville « triste rue » « faubourg secoué par les lourds tombereaux ».Le poète a « l’âme déjà lasse », se déplace dans une « triste rue »Se force pour se déplacer « roidissant mes nerfs »
  • L’état d’esprit du poète favorise l’hallucination/Son esprit est confus et flou : comparaison « exaspéré comme un ivrogne ». Il se parle à lui-même « discutant avec mon âme », à la limite de la schizophrénie.Il est nerveux « roidissant mes nerfs » « inquiétude », cela marque sa paranoïa.Cherche sûrement à s’inventer une vie intérieure pour se distraire et tromper l’ennui. On le sait fasciné par le morbide, il crée donc une apparition monstrueuse.
  1. Terreur et sentiment de persécution
  • Point de vue interne du poète : Utilisation du je et du pronom possessif « mon âme » « étais-je donc en butte » « m’humiliait » « m’apparut », vision non objective puisque personnelle, se sent atteint et ciblé. Poète se sent persécuté « complot infâme » « méchant hasard » « m’humiliait » antithèse « rit de mon inquiétude »
  • Un sentiment d’horreur, de terreur :CL de la peur « inquiétude » « frisson » « monstres » « épouvanté », il est terrifié par le spectacle sous ses yeux et persuadé que tout cela est réel Idée de maladie « malade et morfondu, l’esprit fiévreux et trouble » « blessé » , sa terreur mentale s’étend jusqu’à son corps Les exclamations à la fin de la neuvième et de la dixième strophe renforcent le sentiment d’urgence, le rythme accélère
  1. Le poète menacé par la folie
  • Le poète compare son hallucination à la fiction du théâtre :CL du théâtre « simulaient » « acteur » « décor » « comme un héros », cela montre que cette hallucination est fictive, créé par le poète. La paranoïa transforme la réalité dans sa tête : son imagination crée ainsi un décor, des acteurs, des péripéties…Comme au théâtre, le spectateur se moque des malheurs du héros « rit de mon inquiétude »
  • Le poète se justifie dans la dernière strophe :Le poète justifie sa crise de paranoïa au lecteur « ces sept monstres hideux avaient l’air éternel ! »Il dit explicitement qu’il y avait bien des indices qui s’opposaient au réalisme de cette vision « malgré tant de décrépitude ». Il ne peut l’expliquer, alors il l’accepte.La raison du poète essaie vainement de prendre le pas sur l’âme : métaphore finale du bateau pris dans la tempête « vainement ma raison voulait prendre la barre »

Conclusion : Ainsi Baudelaire transforme la réalité de la ville de Paris, et décrit sa vision symbolique et surnaturelle à travers les codes du fantastique. « Les sept vieillards » annonce déjà que le poète ne pourra s’échapper autrement du spleen et de la folie que par la mort, aspect que Baudelaire développera dans « La mort », dernière section de LFdM. Le poète est hanté par la fatalité de la mort, et montre ici sa capacité à se faire alchimiste qui se propose « d’extraire la beauté du Mal » au moyen de la création poétique.

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