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Lecture analytique de Madame du Chatelet Discours sur le Bonheur

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Par   •  5 Mars 2016  •  Commentaire de texte  •  3 735 Mots (15 Pages)  •  9 881 Vues

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Lecture analytique : extrait de Discours sur le bonheur, d’Emilie du Châtelet. 

 

L’auteur est une femme.

Il s’agit cette fois de l’extrait d’un essai, donc d’argumentation directe. 

 

Introduction

Présentation du 18 e siècle et du mouvement

Emilie de Breteuil, plus tard marquise du Châtelet, naît à Paris en 1706.

Elle appartient à une riche famille noble, et, grâce à son père, le baron de Breteuil, qui veut lui donner la même éducation qu’à ses fils, Emilie reçoit une éducation brillante et donc atypique pour les femmes à l’époque ; très douée, elle s’initie à de nombreuses langues et à toutes les disciplines scientifiques.

Elle épouse à l’âge de 18 ans le marquis du Châtelet, un militaire de la noblesse d’épée dont elle aura trois enfants, avant de convenir avec lui de mener des vies séparées.

En 1733, elle devient la maîtresse de Voltaire avec qui elle va passer une dizaine d’années d’amour et d’étude au château de Cirey.

En 1748, elle tombe amoureuse du chevalier de Saint-Lambert. Enceinte de son nouvel amant, elle accouche d’une petite fille en 1749, dans des conditions difficiles, et meurt quatre jours plus tard

Née dans une société qui ne laissait que peu de place à l’instruction des femmes, Emilie du Châtelet devient pourtant une des premières femmes scientifiques de l’histoire.

Mathématicienne remarquable ; elle étudie et vulgarise l’œuvre des mathématiciens de son temps comme Newton, qu’elle traduit et commente, elle est également physicienne et philosophe des Lumières dans son Discours sur le bonheur (publié en 1779). 

 PROBLEMATIQUE : Dans cet extrait de son Discours sur le bonheur, E. du Châtelet, à travers une argumentation subtile mais catégorique, affirme que les passions sont indispensables au bonheur.

Annonce du plan : selon la problématique donnée

La thèse de l’auteur

On peut la formuler de la manière suivante : Il faut vivre avec intensité, en cultivant les plaisirs et les passions, car les moments intenses, même au prix de douleurs, sont les plus heureux. 

Cette thèse est exprimée de manière claire et explicite dès le début du texte, dans le 1er paragraphe, puis va être « martelée » tout au long de la réflexion

 La dimension argumentative est annoncée d’emblée par le verbe impersonnel « Il faut », le caractère affirmatif de la phrase ainsi que sa construction logique à travers la causale qui la conclue.

Elle est rappelée de manière explicite à travers plusieurs restrictions : « Nous n’avons rien à faire dans ce monde qu’à nous y procurer des sensations et des sentiments agréables », « On n’est heureux que par des goûts et des passions satisfaites », « ce n’est la peine de vivre que pour avoir des sensations et des sentiments agréables »  on remarquera l’exacte répétition du COD « des sensations et des sentiments agréables » ainsi que les rythmes binaires qui scandent et clarifient la pensée de l'auteur

Elle est également présente à travers les champs lexicaux et la répétition de certains termes : champ lexical du plaisir (goûts x 3, plaisirs x 2) du désir  (désirs, désirer, illusion) / répétition de « heureux »   (x 5), « bonheur » (x 3), « sensations et sentiments agréables » (x 2), « passion » (x 9).

Ce réseau lexical s’oppose à celui de la répression et du malheur (« malheureux » x 6, « « réprimez » et « maîtrisez »)

L’inversion de construction dans « et malheureux est celui qui la perd » souligne, par opposition, l’importance des plaisirs et passions pour être heureux.

Notons que l’auteur mélange, à travers le texte, plaisir et passion, deux notions différentes (le plaisir évoque la satisfaction, pas la souffrance, contrairement à la passion qui est un engouement destructeur pour une personne ou une chose), mais elle finit par subordonner l’un à l’autre, disant que le plaisir naît des passions.

 

Une femme des Lumières. 

La réflexion de l’auteur s’inscrit dans la pensée des Lumières à plus d’un titre. 

  • Par son discours très structuré et la progression de la réflexion grâce aux connecteurs logiques, on voit bien la volonté de l’auteur de convaincre et, donc, de faire appel à la raison.
  • Elle évoque la vertu comme condition au bonheur, ce qui rejoint la philosophie des Lumières.
  • E. du Châtelet évoque les propos des moralistes et leur dénie l’accès au bonheur : critique des grands moralistes du XVIIème siècle comme Bossuet.
  • Elle tient des propos tout à fait profanes, voire blasphématoires par rapport à la religion, puisqu’elle dit, modérant à peine son propos par l’utilisation du conditionnel, qu’il faudrait demander à Dieu des passions alors que, selon la religion catholique, C’est la vie humaine qui remplit ici tout l’horizon : il faut vivre intensément ici et maintenant, l’essentiel est de s’aménager sur terre un séjour agréable. (les philosophes des Lumières ont ceci de particulier qu’au lieu de se perdre dans des considérations métaphysiques, ils cherchent à améliorer le bonheur terrestre).
  • Elle affirme métaphoriquement la relativité du jugement : « Je n’ai pas la balance nécessaire pour peser en général le bien et le mal qu’elles ont faits aux hommes »
  • Les Lumières ne prétendent pas détenir une vérité absolue !
  • l’importance du sujet qui doit « utiliser » ses passions pour son bonheur, ce qui implique qu’il n’en est pas complètement victime et peut les modérer par la raison: au XVIIIème siècle, l’idéal de l’honnête homme fait place à celui de l’homme de qualité, sorte d’épicurien qui doit être vertueux et avoir des passions modérées.

Une réflexion nourrie de son expérience personnelle. 

 Si son argumentation commence par un discours généralisant, Mme de Châtelet va cependant s’impliquer petit à petit dans ses propos puisqu’elle s’exprime à la 1ère personne du pluriel (« nous » x 2, « on ») et même du singulier, en son nom propre (« je dis… », « je n’ai pas… », « me dira-t-on »). Elle présente sa réflexion comme le fruit de son expérience personnelle, dont elle cherche à faire bénéficier son lecteur.

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