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Lecture Analytique Discours sur le bonheur

Commentaire de texte : Lecture Analytique Discours sur le bonheur. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  2 003 Mots (9 Pages)  •  877 Vues

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                Comment Mme Du Chatelet exprime-t-elle sa conception du bonheur ?

I- Nous étudierons tout d'abord la force argumentative de son discours

  • Il s'agit d'une argumentation directe dans laquelle elle s'implique sans détour et implique le lecteur pour mieux le convaincre.

Ex : pronoms personnels 1ère pers du singulier omniprésents : « Je dis » l.5, 17 ; « je le répète » l. 21 ; « je n'ai pas la balance» l.10 > elle n'hésite pas à affirmer de manière appuyée son opinion On remarque aussi  l’omniprésence de verbes de parole : « dire » l. 1, 3, 5, 9, 17 ; « répéter » l. 21> souligne sa volonté de communiquer et d’être bien comprise.

Ex : pronoms pers. 1ère pers. du pluriel : « nous » l.1, 2 et pronom indéfini « on » qui représente un pluriel (elle + le lecteur ou parfois l’opinion commune) + impératif « supposons » l, 17 > volonté d'impliquer le lecteur pour qu'il se sente concerné, c'est comme si ce discours lui était destiné personnellement. Elle utilise même la technique du dialogisme « Mais me dira-t-on » l,9 qui reproduit un peu le dialogue et lui permet d'anticiper sur d'éventuels arguments adverses > elle montre ainsi qu'elle tient compte de ceux qui ne pensent pas comme elle, mais c'est aussi une stratégie argumentative qui lui permet d'amener le lecteur à revoir son point de vue.

Ex : parallélisme de construction : «Il faut commencer par se bien dire à soi-même et par se bien convaincre » l,1 > formule d'insistance (avec la répétition de l'intensif « bien ») qui propose au lecteur une réflexion sur lui-même (« se », « soi »), une remise en question. On peut noter le ton convaincant qu'elle utilise avec la formule d'obligation « il faut » > elle se présente comme celle qui sait et qui donne une leçon (registre didactique).

Ex : Elle utilise beaucoup de connecteurs logiques pour bien structurer son raisonnement et guider ainsi pas à pas le lecteur : « Il faut commencer par » l.1; « Mais » l.9 ; « parce que » l.20 ; « or » l.20 >> il y a une dimension didactique dans son texte, elle a ce souci de clarté du raisonnement. L’organisation de son argumentation en paragraphes bien distincts donne aussi cette impression d’ordre et de rigueur.

  • Elle énonce sa thèse plusieurs fois pour éviter toute ambiguïté.

Ex : ton sentencieux pour annoncer sa thèse > présent de vérité générale :   l. 5 « On n’est heureux que par des goûts et des passions satisfaites » > formule déclarative simple et efficace qui s’affiche comme une vérité > sa thèse est claire, exprimée sans détour : l'homme peut atteindre le bonheur à travers des choses qui lui procurent du plaisir (goûts ou passions) > philosophie assez matérialiste qui s'oppose à une conception plus spirituelle du bonheur. On remarque l'utilisation de la négation restrictive « ne... que » qui exclut toute autre voie pour atteindre le bonheur > cette manière de s'exprimer très catégorique (ton péremptoire) lui permet d'être convaincante (quand on ne doute pas de ce que l'on dit et qu'on y met beaucoup d'assurance, la personne qui est en face est rassurée et a tendance à croire que c'est vrai > cela fait partie de sa stratégie argumentative).

Ex :répétitions de sa thèse à travers une formule d’obligation « être à » : l.19: « Je dis qu’elles [les passions] seraient à désirer » et l. 22 elle enfonce le clou : « Il est donc à désirer d’être susceptible de passions » >> La répétition des mêmes formules crée un effet d’insistance comme si elle voulait s’assurer de la bonne compréhension du lecteur. On remarque une répétition du verbe « désirer » qui met l'accent sur le fait que l'homme peut avoir des désirs et doit rechercher son bonheur et ne pas se contenter d'attendre. Elle sous-entend donc que l'homme peut être maître de sa vie et de son bonheur (il n’est donc pas soumis à Dieu). On retrouve ici l’indépendance et le rationalisme des lumières (le bonheur ne doit pas dépendre d’un souverain ou d’un Dieu mais de notre responsabilité individuelle). Le désir personnel est d’ailleurs contraire à la morale religieuse (l’homme ne doit rien désirer, juste se soumettre à la volonté divine) > en ce sens, sa thèse est provocatrice.

Ex : chiasme : « je dis des goûts parce qu’on n’est pas toujours assez heureux pour avoir des passions et qu’au défaut des passions, il faut bien se contenter des goûts ». Cette précision fait partie de sa thèse : elle laisse entendre que les hommes ne sont pas tous égaux face au bonheur et que certains ont de meilleures dispositions que d’autres pour y accéder (elle le répète d'ailleurs à la fin du texte « n'en a pas qui veut ») > elle oppose goûts et passions et hiérarchise ainsi les différents degrés de bonheur puisque les « goûts » conduisent d’après elle à un bonheur plus fade (« se contenter de »), moins vif que les passions. On remarque d'ailleurs que le mot « passions » se trouve au centre de la phrase pour être mis en valeur.

 

II- Nous nous intéresserons ensuite à la portée polémique de son discours

        - Sa philosophie hédoniste s'oppose à la morale religieuse qu'elle n'hésite pas à critiquer ouvertement.

Ex : Pour défendre sa thèse elle n'utilise qu'un seul argument qu'elle répète deux fois à l'identique (une fois au début du texte et une fois à la fin) en utilisant une hyperbole : « Nous n’avons rien à faire dans ce monde qu’à nous y procurer des sensations et des sentiments agréables » l.2 et « ce n'est la peine de vivre que pour avoir des sensations et des sentiments agréables » l.20. L'hyperbole mise en valeur par la négation restrictive lui permet d'appuyer son propos en le rendant indiscutable. Avec cet argument elle affirme que l'homme est au monde uniquement pour le plaisir et que c'est sa seule raison de vivre (hédonisme). Les sensations renvoient aux sens (plaisirs physiques) et les sentiments plutôt à l'esprit. Elle considère l'homme dans son ensemble contrairement à l'église qui dévalorise le corps. C'est un argument osé et provocateur pour l'époque car dans la morale religieuse les plaisirs quels qu'ils soient sont proscrits. Mme Du Chatelet apparaît comme une femme très moderne et très libre : elle cherche à vivre intensément et profiter du bonheur sur terre, comme tous les philosophes des lumières, sans attendre une vie meilleure après la mort ; elle ne s’embarrasse pas de la morale chrétienne et clame haut et fort que l'homme a droit au bonheur et que c'est même sa raison d'être.

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