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Le Misanthrope de Molière Acte I scène 1

Commentaire de texte : Le Misanthrope de Molière Acte I scène 1. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Mai 2019  •  Commentaire de texte  •  2 068 Mots (9 Pages)  •  1 903 Vues

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LA n°1 Le Misanthrope /  commentaire de texte, scène 1 acte 1

Le Misanthrope : comédie de Molière en cinq actes et en alexandrins

Dès la scène d’exposition, Alceste, le misanthrope, conteste avec fougue face à son ami Philinte l’hypocrisie qui caractérise les rapports sociaux. Au cours d’un long débat, le sage et réaliste Philinte plaide la modération à un Alceste que l’hypocrisie sociale fait bouillir d’indignation.

Comment, dès la scène d’exposition, le dialogue entre Alceste et Philinte permet-il une réflexion sur les comportements en société ?

  1.  Une scène d’exposition vivante :
  • Un début in medias res

 Au début du Misanthrope, Molière capte d’abord l’attention du spectateur grâce au rythme qu’il insuffle au premier échange entre Philinte et Alceste. Les cinq premiers vers forment une stichomythie, ce qui crée d’emblée une impression de dynamisme. La conversation est amorcée sans entrée en matière, sur le vif, avec deux phrases interrogatives : « Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous ? » (v. 1). Le dramaturge suscite l’intérêt du spectateur : sa curiosité est piquée par le mot « bizarrerie » (v. 3)

La pièce a commencé avant la pièce => début « in medias res » : Alceste critique le comportement de Philinte avant leur discussion : « Une telle action ne saurait s'excuser. »(v.16)

Cette action de Philinte est donc racontée par Alceste lui-même : il utilise un verbe de perception pour raconter la scène dont il a été le témoin : « Je vous vois » (v.18), ce verbe a charge de restituer la scène antérieure qui vient de se passer : Philinte a manifesté trop d'amitié à un courtisan qu'il ne connaît même pas.  => Cette action de Philinte ne joue aucun rôle dans l'intrigue, mais permet la présentation des caractères.

La conversation elle-même entre Philinte et Alceste a sans doute débuté avant et Alceste a déjà adopté une attitude d’opposition suggérée par la didascalie « assis ». Son ami ne la comprend pas comme le montrent ses questions : «Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous ? » (v.1). Philinte montre sa volonté de poursuivre le dialogue par une demande d’explications.

  • Un duo paradoxal

L’intrigue ne semble pas être essentielle dans cette pièce : c’est une comédie de caractères et cette scène montre l’alliance de personnalités contraires. Situation paradoxale : un misanthrope peut-il avoir un ami ? Le spectateur s’interroge sur cette amitié complexe et sur son évolution possible.

La première réplique d’Alceste : «Laissez-moi, je vous prie » (v.2) préfigure le caractère de ce misanthrope. Il est celui qui veut abandonner tout « commerce », c’est-à-dire toute relation avec les hommes, mais qui va devoir pourtant s’en expliquer à son ami. La rencontre est ponctuée par des remarques qui devraient mettre aussitôt fin à la discussion : «Moi votre ami ? Rayez-cela de vos papiers » (v.9) => phrase injonctive à l’impératif.

La didascalie « se levant brusquement », placée au début de la scène en accompagnement de la quatrième réplique du misanthrope, souligne la vivacité de l’échange en indiquant la brutalité des gestes d’Alceste. Il jure également plusieurs fois : « morbleu » (v. 25 et 60)

Alceste refuse tout échange, il veut demeurer seul, du fait de la répulsion qu’il éprouve à l’égard des autres hommes, mais il ne peut demeurer seul puisqu’il appartient par son statut d’homme à un ensemble social, à une société. Il se trouve donc dans une situation paradoxale : il faut parler à l’autre pour le repousser, pour exposer ses critiques : cette scène permet donc d’analyser plus précisément le comportement du misanthrope.

  • La présentation des personnages

Alceste se distingue par son caractère colérique, affirmé et revendiqué : « Moi, je veux me fâcher » (v. 5) et par ses « brusques chagrins » (v.6), dont fait état Philinte. Son désir de solitude est également souligné par l’injonction « laissez-moi » répétée deux fois (v. 2 et 4). De plus, la construction en chiasme des vers 4-5 : « Philinte : Mais on entend les gens, au moins, sans se fâcher. / Alceste : Moi, je veux me fâcher, et ne veux point entendre. » montre que le misanthrope est totalement fermé au dialogue.

L’expression « je veux me fâcher » est en outre comique car elle associe un verbe de volonté à un verbe de sentiment qui relève de l’impulsivité => antithèse : on ne peut pas s’obliger à se fâcher, la colère est une réaction spontanée. Cette association de mots se moque du caractère résolument fermé, buté d’Alceste.

De son côté, Philinte se dit « l’ami » d’Alceste au vers 7, présentant ainsi au spectateur le lien qu’il entretient avec le misanthrope. Il essaie de renouer le dialogue même si Alceste le repousse sans cesse, le critique et ne l’écoute pas comme le montre le contraste entre les longues tirades d’Alceste et les courtes répliques de Philinte. Alceste lui coupe même la parole à deux reprises comme l’indiquent les points de suspension du vers 2 « quelle bizarrerie… » et du vers 7 : « enfin, je suis tout des premiers… »

II. L’opposition entre les deux hommes : le misanthrope face à l’homme modéré

  • Le regard critique d’Alceste sur la société

Alceste dénonce l’hypocrisie, les faux-semblants de son siècle, ce culte du mensonge qui règne à la cour, il s’interroge donc sur les relations entre les hommes et propose une définition très exigeante de l’amitié. Pour lui, «homme d’honneur » (v.16), l’amitié touche à la sincérité, à la transparence. Il réclame l’authenticité, un accord entre les actes et les pensées.

Alceste emploie un grand nombre d’hyperboles pour décrire l’empressement de Philinte en société aux vers 17 à 20 : verbe  « accabler » (v. 17) / expressions : « les dernières tendresses » (v. 18), « la fureur de vos embrassements » (v.20). Les deux mots « tendresses » et « caresses », redondants et placés à la rime (v. 17-18) soulignent l’excès de marques d’affection de Philinte à l’égard des personnes qu’il rencontre.

Exagération également par la gradation : « de protestations, d’offres et de serments » (v. 18) => pour Alceste, toute relation ne doit être qu’un choix délibéré et il refuse tout lien superficiel avec les autres.

 Alceste étend ses considérations à la société de son temps, qu’il estime superficielle : périphrase : « Ces affables donneurs d’embrassades frivoles » (v. 45). Il précise sa critique en décrivant la « lâche méthode » (v. 41) des « gens à la mode » (v. 42), qu’il dénigre par cette périphrase péjorative. Il utilise une hyperbole pour critiquer leur superficialité au vers 54 : « une estime ainsi prostituée » (v.54)

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