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Commentaire Composé Sur la pièce de théâtre Le Misanthrope De Molière, Acte 2 Scène 4

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Par   •  18 Mars 2014  •  1 943 Mots (8 Pages)  •  5 345 Vues

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La scène 4 de l’acte II du Misanthrope de Molière (1666) peut s’intituler la scène des « portraits ». En effet, au XVII siècle, la vie de salon faisait partie des mœurs et différents jeux y étaient pratiqués, notamment le « jeu des portraits ». La scène a lieu dans le salon de Célimène, jeune veuve séduisante et ce salon à l’apparence d’une scène de théâtre. Tout tourne autour du personnage de Célimène et cette veuve éprouve le désir de paraître, d’une manière fort originale. En effet, c’est elle qui est à l’origine de cette pratique mondaine qu’est le « jeu des portraits ». Dans cette scène, Célimène, une fois stimulée par les marquis, fait le portrait de huit personnages absents de la pièce. Par sa grande éloquence, Célimène devient le centre des regards. Ce passage apparaît comme un vrai jeu, Philinte étant le premier à proposer un personnage à décrire. Ce personnage qualifié d’ « honnête homme » ne se prête pas à priori à la satire. Le jeu prend la tournure d’une nouvelle difficulté, que Célimène surmonte avec brio. Les marquis saluent sa performance, ce qui pousse Alceste à sortir de sa réserve. Comment une pratique sociale apparemment anodine, le jeu des portraits, concentre-t-elle les enjeux de la pièce et révèle-t-elle les oppositions qui règnent entre les personnages ? Ainsi, le « jeu des portraits » est une pratique sociale. Puis, Alceste semble contester ce mode de fonctionnement social qui est aussi un jeu de l'illusion et de la vérité.

Ce jeu met en valeur l'habileté rhétorique de Célimène. C'est elle qui mène la danse. En effet, de par l'onomastique de ce prénom, Célimène est composé des mots « celle » et « mène », ce qui en revient à dire : « celle qui mène ». Ainsi, cela correspond bien à l'emploi que s'attribue Célimène dans cette pièce. En outre, le « jeu des portraits » est un art d'improvisation. Il s'agit de dépeindre de manière frappante et concise un personnage de manière à divertir l'auditoire. Ces portraits mettent en évidence une caractéristique dominante, un caractère. On remarquera qu'Alceste reste silencieux pendant que l'assemblée fait la critique des personnages qui ne nous donnent pas l'impression d'être leur favori. Chacun reçoit son lot de critique. Mais Alceste réagit lorsque vient le tour de Damis, l'oncle de du « jeune Cléon » (v.623) : son esprit de contradiction ne laisse pas indifférent le marquis Clitandre (v.657-658). Il fait comprendre donc que reprocher « à Madame » d'être la source de cette pratique serait la chose à faire. Par cette attitude, Clitandre se couvre derrière Célimène alors qu'il est autant concerné que les autres dans cette affaire. Concernant Célimène, pour faire le portrait des personnages, elle utilise différents procédés : elle ne mentionne pas seulement les défauts, elle donne à voir à travers les comportements (v.635) : elle mentionne le défaut de Damis « Il est guindé sans cesse » pour ensuite aller encore plus loin : elle le traduit les vers suivants. Pour le portrait d'Alceste, elle implique aussi l'auditoire avec une question de rhétorique : elle varie les procédés (v.669-680). Ensuite, elle révèle les mobiles secrets de comportements d'Alceste et de Damis : tous deux ont la même vanité (v.644 et 675) : Célimène allie finesse de l'analyse psychologique et habileté rhétorique. Il est maintenant aisé de savoir ce qui est la cause de l'offense d'Alceste : il s'est reconnu à travers le portrait de Damis : les défauts de ce dernier sont en réalité les siens.

Le contenu des portraits est moins important que le talent dont fait part Célimène. Elle devient maîtresse du jeu. Le « jeu des portraits » lui offre une occasion de dominer et elle donne le ton de la conversation. Ceux qui refusent de la suivre par le rire sont menacés d'exclusion sociale : c'est le problème d'Alceste. Les vers 651 à 656 montrent bien la perte d'intérêt de ce dernier à se laisser prendre au jeu. Car ce « jeu des portraits » est une occasion pour Célimène de satisfaire sa vanité qui l'autodétruit de manière sournoise : son vrai fond est révélé par cette pratique et elle se rabaisse également.

Le jeu est relatif à la collectivité pour ce qu'il créé une certaine complicité au sein de l'assemblée qui se traduit par le rire et l'éloge des marquis (v.649). Ainsi, le jeu est un facteur d'identification et d'unification au sein de la collectivité. Néanmoins, ce jeu fait preuve d'une certaine ambiguïté car l'unité est créée au détriment d'autrui à travers la médisance. D'autre part, le jeu peut se révéler quelque part très contraignant : celui qui va à l'encontre de la réaction attendue, le rire est dans une position inconfortable. Et de ce fait, refuser le jeu, c'est s'exposer à être rejeter de la société. Car refuser de s'initier à cette pratique mondaine pouvait paraître comme une offense aux yeux des grands de la société. Mais, le « jeu des portraits » est moins anodin qu’il n'y paraît. Son principal enjeu est : le pouvoir. Mettre en cause le jeu, c'est mettre en cause les rouages de la société. Et c'est ce que fait Alceste qui ne se cache pas de dévoiler ses sentiments sur la question (v.659-666). Mais son attitude entraîne Célimène à dresser son portrait en sa présence (v.669-680). A noter que c'est le seul qui profite de s'entendre dire des choses à son sujet en sa présence alors que les autres en ont eu droit d'une manière quelque peu médisante et trompeuse.

Mais la position que garde Alceste joue un rôle important dans le lot : sa manière d'agir face au jeu ne passe pas inaperçue au regard de ses semblable.

En effet, à ce sujet, il est à remarquer que jusqu'à présent Alceste s'est tu et s'est placé en retrait. Il revient

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