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L'intérêt pour un romancier de mettre en scène un antihéros ou un héros décalé

Dissertation : L'intérêt pour un romancier de mettre en scène un antihéros ou un héros décalé. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Juin 2019  •  Dissertation  •  2 458 Mots (10 Pages)  •  1 026 Vues

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Bert Paloma

1ère S-4

DISSERTATION  

    A l’origine, les héros étaient des êtres d’exception, doués de qualités extraordinaires, réalisant des exploits avec comme objectif de faire le bien. Cependant, le genre romanesque a évolué au cours des siècles et présente maintenant de nouveaux types de héros, le héros décalé et l’anti héros. Un héros décalé est un personnage en inadéquation avec sa catégorie sociale et un antihéros est un personnage banal, vivant une vie normale, sans qualité particulière ou alors qui met son intelligence et ses habiletés au service du mal (héros négatif) ou encore qui n’arrive pas à se réaliser et échoue dans tout ce qu’il entreprend (héros déceptif). On peut alors se demander quel peut être l'intérêt pour un romancier de mettre en scène un antihéros ou un héros décalé. Pour répondre à cette problématique, nous verrons dans un premier temps, comment ces nouveaux personnages permettent de créer de la surprise, puis, dans un second temps, en quoi ils s’avèrent plus proches du lecteur et enfin, dans une ultime partie, comment ils peuvent être utilisés comme outil de dénonciation.

 

    Nous allons voir dans un premier temps, comment ces nouveaux personnages permettent de créer de la surprise chez le lecteur, d’abord en créant un effet déconcertant chez celui ci, puis en étudiant comment ces nouveaux personnages peuvent être énigmatiques. Contrairement aux héros classiques, les héros décalés et les héros déceptifs ne possèdent ni qualités extraordinaires, ni force surhumaine, ils ne réalisent aucun exploit surnaturel et ne cherchent pas à sauver le monde. Les personnages ne sont plus magnifiés. Au contraire ils peuvent même être utilisés pour mettre en avant un défaut humain. De plus, les protagonistes sont confrontés aux problèmes classiques de l’humanité, c’est à dire vaincre la misère, les douleurs de l’amour ou encore affronter la mort. Cela peut être déconcertant pour le lecteur qui s’attend à découvrir un nouvel univers à travers le roman et qui se retrouve plonger dans un monde finalement très semblable au sien. L’histoire ne lui offre plus d’idéal cependant elle offre une mise en scène de sa vie quotidienne lui permettant de visionner son monde d’un point de vue différent. Le lecteur est confronté à son quotidien à travers des personnages qui vont cependant agir différemment que lui face à diverses situations, provoquant la surprise et l’intérêt du lecteur. De plus, le but des héros n’étant plus essentiellement d’accomplir le bien, les personnages ne sont plus conditionnés vers un même et unique but. Le lecteur ne peut donc prédire la finalité du roman, ni les objectifs des personnages, on assiste à un renouveau des enjeux. Nous allons prendre pour exemple, la princesse de Clèves, dans La Princesse de Clèves, de Madame de Lafayette. Ce roman raconte l’histoire de la Princesse de Clèves, femme d’une beauté incroyable et d’une grande vertu, que lui a enseigné sa mère. Après son arrivée à la cour, elle épouse le Prince de Clèves mais tombe, malgré ses principes moraux, éperdument amoureuse du Duc de Nemours, lui aussi amoureux d’elle en secret. Elle décide de confesser sa passion à son mari qui suite à un quiproquo, se croit trompé et meurt de tristesse. La princesse, pourtant veuve et maintenant libre d’épouser le Duc, décide de se retirer de la cour pour aller vivre dans un couvent et choisit de ne plus jamais revoir M. de Nemours en hommage à son mari, plongeant le Duc dans le plus grand désespoir et dans une rude souffrance. Le roman finit sur ce refus de la vie et de l’amour de la princesse, totalement surprenant pour le lecteur qui s’est vu décrire tout au long du roman les passions de la Princesse pour le Duc, malgré le rappel constant de de la nécessité de rester vertueuse. De plus, les personnages mettent en scène une situation assez commune pour l’époque, où  beaucoup de nobles avaient des amants malgré leur mariage, donc une situation potentiellement connue du lecteur, cependant, le romancier choisit de faire refuser à la Princesse cette vie qui s’offre à elle alors qu’on s’attend à la voir enfin accéder au bonheur. A l’aide de la mise en scène de cet antihéros, le romancier suscite la curiosité du lecteur tout au long du roman en ne laissant pas deviner le dénouement, qui provoque à son tour surprise et déconcertation.

    De plus, les antihéros ne se démarquent plus seulement à travers une qualité. Les romanciers peuvent alors exploiter les qualités mais aussi les qualités maléfiques, les défauts et les faiblesses de leurs personnages. Cela permet de mettre en scène des personnages complexes, tiraillés entre plusieurs idéals, donc l’avis ou l’opinion peut être divisé et dont les choix ne sont pas toujours faits selon un raisonnement logique ou rationnel. Ce qui peut les amener à prendre des décisions surprenantes ou difficiles à comprendre, comme c’est souvent le cas avec les héros déceptifs. Le bien et le mal ne sont plus représentés par des personnages très distincts mais sont présents dans tous les personnages. Les protagonistes deviennent alors ambivalents et énigmatiques, ce qui permet de redoubler la curiosité du lecteur qui va chercher à les comprendre à travers le roman. Nous allons prendre pour exemple le personnage de Manon, dans Manon Lescaut de l’Abbé Prévost, qui raconte les aventures du Chevalier Des Grieux et son amante Manon Lescaut, dont le goût pour le divertissement et la frivolité les conduiront à chuter dans le crime. Sous le regard de DesGrieux, Manon apparaît telle une divinité, comme symbole d’idéal et de perfection, cependant ses actions viennent contredire les descriptions de son amant. Elles révèlent un personnage futile et opportuniste qui ne semble causer que souffrance autour d’elle et appeler au vice. Cependant, elle ne se montre pas non plus insensible à la souffrance de DesGrieux et lui marque à plusieurs reprises des marques d’affections profondes au long du roman. De plus, la fin du roman, qui rend à Manon toute son innocence, en la plaçant comme victime d’une fatalité, remet en question la vision du lecteur sur Manon. On obtient un personnage complètement ambigu, tiraillé entre fidélité et divertissement et religion et vice, duquel il est difficile de se faire une idée claire et précise. De plus, face à la mise en scène d’une fatalité sociale et divine qui s’abat sur Manon, le lecteur est susceptible d’éprouver de la compassion pour elle.

    Dans un second temps, nous allons donc voir comment ces types de héros sont plus proches du lecteur, grâce à un refus de l’extraordinaire et en favorisant l’émotion. Les romanciers s’attachent à créer un univers totalement dénué d’exceptionnel. Les antihéros et les héros décalés sont banals, ils ne se démarquent des autres personnages ni par le rang social ni par leurs talents. Les histoires ne mettent pas en scène de faits extraordinaires ou fantastiques et les décors décrits s’attachent à rester les plus réalistes possibles. Les auteurs sont donc à même de s’inspirer de la réalité qui les entoure ou de leurs expériences personnelles. Le récit ne repose plus sur leur imagination seule. De nombreux romanciers utilisent d’ailleurs le voyage pour trouver l’inspiration. Nous allons prendre pour exemple Une Vie, de Maupassant. Il raconte l’histoire de Jeanne, qui sort du couvent à dix sept ans pour se marier. Elle rencontre Julien De Lamare et l’épouse très rapidement. Le roman raconte les différentes étapes de sa vie, plutôt malheureuse mais avec quelques moments de bonheur. Maupassant utilise un héros déceptif, Jeanne, qui n’arrive pas à se réaliser au fur et à mesure du roman, pour retranscrire ce qu’était la vie d’une femme lambda de la petite noblesse à cette époque. Il met en avant la banalité du personnage de Jeanne, qui ne possède aucune qualité particulière et s’avère plutôt naïve. Il s’inspire de la société qui l’entoure.

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