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Juste la fin du monde

Commentaire de texte : Juste la fin du monde. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Mai 2022  •  Commentaire de texte  •  1 969 Mots (8 Pages)  •  445 Vues

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Texte EAF n°9 : Deuxième partie, scène 3 : Soliloque d’Antoine

Présentation de l’auteur, de la pièce : cf texte 12

Situation et présentation de la scène : Au cours de la deuxième partie de la pièce, nous voyons Antoine, le frère cadet , d’abord prévenant, devenir de plus en plus violent, à mesure qu’on lui reproche d’être « désagréable » ou « brutal ».A la fin de la scène 1, Louis a résumé la situation : il a l’impression que son frère ne cherche qu’à le faire « déguerpir ». La violence éclate dans la scène 2, allant jusqu’à la menace physique : « Tu me touches : je te tue ». Après une ellipse, on retrouve les mêmes personnages dans la scène 3. Cette  fois, Antoine, dans un long soliloque, répond à Louis qui prétend qu’on ne l’a jamais aimé, en lui répliquant que non seulement il n’est pas vraiment malheureux mais que son faux malheur a en revanche fait celui d’autrui, en tous cas de sa famille. LECTURE

Le plaidoyer d’Antoine, dans cet extrait, se compose de trois parties correspondant aux trois paragraphes typographiquement distincts :

- l.1à 11 : il nie la réalité du malheur de Louis

- l.12 à 24 : c’est Louis qui est la cause de la crise familiale car chacun a cherché un responsable au « malheur soi-disant » de ce frère ainé et c’est lui, Antoine, qu’on a cessé d’aimer

- l.25-31 : c’est le départ de Louis qui a aggravé la crise personnelle d’Antoine, obligé de se taire et d’endosser lui aussi un rôle

Nous nous demanderons comment ce discours d’Antoine  nous incite à nous interroger sur le langage, outil libérateur mais aussi outil d’oppression possible pour celui qui sait mentir.

1er mouvement : Antoine nie la réalité du malheur de Louis : l.1 à 11

- ligne 1-3 : double négation répétée 2 fois : Antoine affirme dès de le début de cet extrait que son frère est insensible : phrase au présent de vérité générale témoigne de son assurance

- ligne 2 : imparfait : présente cette révélation comme le fruit d’une réflexion qui a duré plusieurs années : sous-entend que le départ de Louis était nécessaire pour y voir clair dans son jeu : CC de but

- ligne 4 : énoncé de 4 monosyllabes qui tombent implacablement et sont mis en valeur car forment un tétrasyllabe +négation totale : Antoine nie la réalité du malheur de Louis

- ligne 5 : subordonnée circonstancielle de condition : remet également en question la souffrance de Louis + négation totale : « tu ne le dirais pas » : pour Antoine, le malheur ne s’exprime pas, est indicible : il en fait l’expérience, lui qui a dû se taire face  ce frère absent mais toujours très/trop présent : « à mon tour ». Cette proposition qui établit d’emblée un lien entre souffrance et silence prend un sens tragique quand on se rappelle que Louis, sur le point de mourir, est venu pour le dire et ne le dira pas.

- ligne 6 : négation restrictive= fausse négation= est seulement une façon de répondre : idée reprise l.7 : absence de COI est mystérieuse : répondre à qui ? à quoi ?  Discours de la démystification, de la révélation de la vérité contre l’aveuglement dû aux émotions

-ligne 7 : métaphore « ne pas les laisser entrer » explicite son jugement : le malheur de Louis serait un masque qui lui permettrait de tenir les autres à distance : nouvelle négation souligne le manque de générosité, d’ouverture de Louis

- ligne 9 : 3 marques de la 2ème pers, omniprésente dans ce mouvement où Antoine fait un portait peu glorieux de son frère+ définit le malheur de Louis comme une « manière », « une allure »= posture réfléchie, stratégie et non véritable souffrance

- ligne 10 : apposition qui précise cette allure : « le malheur sur le visage » : comme un masque donc !, + comparaison avec un autre masque= celui de la bêtise et de la suffisance : écho avec la l.31 : « comme un benêt » : ces autres semblent donc bien être Antoine et sa famille, obligés d’accepter les humeurs puis le départ de ce frère ou de ce fils égoïste … Tous ont dû composer un rôle face à Louis

- ligne 11 : rythme ternaire  et passé composé  pour retracer une stratégie délibérée de la part de Louis. Les pronoms démonstratifs « ça » et « cela » sont volontairement imprécis, voire méprisants  pour désigner ce rôle de victime

        Antoine fige donc le portait de son frère comme un manipulateur, un comédien jouant un rôle. S’il a choisi celui du malheureux, ce serait pour pouvoir exister sans toutefois s’intéresser aux autres

2ème mouvement : Louis est responsable de la crise familiale l.12 à 24

- ligne 12 : nombreuses marques de la 1ere pers du pluriel : Cette mascarade de Louis affecterait toute la famille : « à notre tour » et pas seulement Antoine « à mon tour » l2. Le verbe pronominal a ici un sens réciproque : se sont fait mal les uns les autres

- ligne 13 : négation partielle qui porte sur pronom indéfini « rien » : si chacun se sent irréprochable, il faut donc chercher un responsable ailleurs

- ligne 14 : nouvelle négation restrictive : les autres= les membres de la famille : finissent par s’accuser mutuellement d’avoir rendu malheureux Louis : on sent la rancœur d’Antoine pour qui ce malheur est une posture inventée par Louis

- ligne 15 : « moi »avant « eux » : d’une responsabilité commune, on va passer à la seule responsabilité de Louis

- ligne 16 : polysyndète = répète « et » au début des vers :l.12, 14, 16 : Antoine reconstitue ainsi méticuleusement les raisons pour lesquelles on a cessé de l’aimer, lui +effet d’accumulation : phrase longue pour accabler Louis. Antoine s’exprime enfin, libère sa parole pour extérioriser sa propre souffrance

- ligne 16 : répétition de « faute »+ négation restrictive : Antoine a été vu (ou s’est perçu) comme l’unique responsable du malheur de Louis

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