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Je vis, je meurs de Louise Labé

Commentaire de texte : Je vis, je meurs de Louise Labé. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  27 Octobre 2015  •  Commentaire de texte  •  1 599 Mots (7 Pages)  •  6 981 Vues

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Introduction : Lors de la Renaissance française au 16e siècle, l’amour devient le thème privilégié de la littérature et s’exprime surtout dans le renouveau poétique. Louise Labé construit sa renommée littéraire autour du cercle poétique lyonnais, sous l’influence du pétrarquisme et du néoplatonisme qu’elle assimile et personnalise. Elle fait publier en 1555 son recueil d’œuvres qui comprend notamment Le débat d’Amour et de Folie, ouvrage en prose qui expose un dialogue argumenté et Les Sonnets et Elégies, où la poétesse laisse cours à l’expression de ses sentiments, d’où est extrait « Je vis, je meurs … », huitième sonnet d’une série de 24 poèmes. On verra comment Louise Labé dépeint l’amour dans ce sonnet élégiaque. C’est d’abord à travers la forme énigmatique de ce poème que l’on étudiera les manifestations physiques de cette passion amoureuse, vécue comme un désordre amoureux universel et durable.

I- Un sonnet amoureux déroutant

A- Une structure en énigme

* 2 premier quatrains ramassés 2 rimes embrassées : exposent les symptômes d’un mal inquiétant qui met en péril sa santé « je vis, je meurs » évocation d’un état physique et psychologique paradoxal

* Etats contradictoires et simultanés -> on peut s’interroger sur la nature du mal.

* 2 tercets : résolution de l’énigme

*Réponse au début des tercets (vers 9) : c’est l’amour. Les tercets forment ainsi une unité de sens différente des quatrains : c’est« l’Amour » précédé de « Ainsi », connecteur logique qui l’introduit. L’amour est bien la source de ces manifestations physiques intenses.

* Amour au centre du poème:

- mis en valeur par la majuscule et personnifié

- mis en valeur par le hiatus (2 sons voyelles à la suite nécessitant une pause), insiste sur le rôle dominateur de l’amour en général

* Mais, évocation de son aspect funeste : « je meurs » associé à « brûle » et « noie », verbes mortifères qui lui donnent une dimension inquiétante, dangereuse et fatale.

B- Des sensations au sentiment

*Accumulation de sensations : le froid / le chaud, le dur / le mou, le sec / le mouillé, que l’on décèle dans : « J’ai chaud extrême en endurant froidure. La vie m’est et trop molle et trop dure ; Je me noie, je sèche ».

* Le sens du toucher (molle / dure) qui est exclusivement exprimé correspond à une conception charnelle de l’amour qui s’éloigne du stéréotype platonicien de l’amour chaste et de nature intellectuelle. Il s’agit là, au contraire, d’une expression très sensuelle (voire érotique) et physique de la passion jusque dans ses désordres et ses malaises.

* Les éléments (terre, feu, eau)

* L’amour engage l’être tout entier mais dans ce sonnet, les sensations sont d’abord physiques : corps soumis aux éléments s’ajoutant aux perceptions des sens.

II- Les désordres amoureux

A- La fusion des contraires

* Tout au long du sonnet, le sentiment amoureux s’exprime dans une durabilité qui oppose des antithèses (émotions libres, la douleur, puis la joie)

* Les antithèses (« Je vis, je meurs … ») expriment l’inconstance dans les différentes sensations et émotions éprouvées.

* Les parallélismes de construction (« tout en un coup » vers 5 et 8 dans le 2nd quatrain) et la parataxe (suite d’indépendantes sans liens logiques marqués) dans les deux quatrains font ressortir, par l’antinomie, la dualité de l’état de la passion d’amour et son incohérence.

* L’amour a donc un aspect polymorphe : alternance et ambivalence entre les sentiments : « entremêlés de joie/ je ris /en plaisir/ Mon bien/ ma joie /désiré heur » # « je larmoie/maint grief/douleur/peine/malheur ».

* La pointe du sonnet : « Il me remet en mon premier malheur » avec « malheur » à la rime ultime l’emporte sur « Je vis » incipit du poème. De plus, ce dernier vers est la principale de la phrase et l’apodose (partie descendante de la phrase = effet de chute et de défaite) après la protase (partie montante = rythme croissant de l’illusion) des deux vers précédents :

« Puis, quand je crois ma joie être certaine,

Et être au haut de mon désiré heur »

* Seulement 4 rimes, réparties équitablement en féminines et masculines (au lieu de 5 rimes selon Marot) sont employées indistinctement dans ce sonnet pour évoquer tantôt l’agréable, tantôt le douloureux : « douleur ≠ heur,peine ≠ [joie] certaine »).

* Le choix de mots monosyllabiques dans les vers ou quasi monosyllabiques (vers 1, 3, 5, 7, 13) produit un effet d’insistance et de martèlement et donnent à entendre la souffrance éprouvée : « Je/ vis,/ je/ meurs,/ je/ me/ brû/le et/ me/ noie » (soit 10 fois 1 syllabe), c’est l’épitrochasme

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