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Ernest Pinard lors du procès des Fleurs du mal doute que « certaines fleurs au parfum vertigineux soient bonnes à respirer. » Pensez-vous que la poésie puisse être une fleur enivrante et dangereuse ?

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Par   •  2 Mai 2021  •  Dissertation  •  2 542 Mots (11 Pages)  •  966 Vues

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Ernest Pinard lors du procès des Fleurs du mal doute que « certaines fleurs au parfum vertigineux soient bonnes à respirer. » Pensez-vous que la poésie puisse être une fleur enivrante et dangereuse ? Vous vous appuierez sur Les Fleurs du mal de Baudelaire, les textes étudiés pendant l’année et sur vos lectures personnelles.

        C’est le 20 août 1857 que le recueil de poèmes Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire a été condamné. Le poète avait franchi les limites de la société et les limites religieuses qui y régnaient : en tout, 4 poèmes sont incriminés pour outrage à la morale religieuse et 9 poèmes sont incriminés pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs. Une fois le verdict du procès tombé, l’outrage à la morale religieuse fut abandonnée et seulement 6 poèmes furent incriminés : les pièces condamnés. En France, ce n’est qu’en mai 1949 qu’une édition paraît avec ces poèmes. Il est alors clair que Charles Baudelaire a réussi à secouer la société. Nous allons donc nous poser la question suivante : Comment Charles Baudelaire a réussi a secouer la société au point que sa poésie soit qualifiée de fleur enivrante et dangereuse ?

Pour répondre à cela, nous verrons pourquoi certains de ses poèmes ont été condamnés et que les problématiques qu’il a soulevé n’étaient pas anodines, nous constaterons ensuite que certaines fleurs sont bonnes et que l’ivresse et le danger font du bien à la société, puis nous finirons par aborder comment Baudelaire, à travers son écriture, arrive à transformer certaines fleurs dangereuses en fleurs esthétiques.

Le titre du recueil Les Fleurs du Mal est un parfait oxymore unifiant deux mots contraires : les fleurs et le mal. Alors que les fleurs peuvent signifier quelque chose de positif et de pur, il peut aussi s’agir à l’inverse de fleurs interdites, vénéneuses, enivrantes ou dangereuses. Tout au long de son recueil, Baudelaire a dispersés certaines de ces Fleurs qui lui permettent de s’évader du Spleen.

Tout d’abord dans le poème « Le Balcon », la fleur interdite pourrait représenter la femme et sa sensualité. Alors que Baudelaire vit dans une société ou la pudeur règne, il décrit dans ce poème des scènes sensuelles et érotiques en souvenir de ses soirées avec son amante Jeanne Duval. Jeanne Duval, « Mère des souvenirs », est associée aux sens de la vue

(« yeux »), du toucher (« caresses ») ou encore de l’odorat (« parfum »). Baudelaire lui attribut aussi le champ lexical érotique ou de l’amour : « plaisirs », « charme », « sein »,

« l’ardeur », « chaudes soirées », « langoureuses », « baisers ». Cette description nous montre bien que Charles Baudelaire désirait aller à l’encontre des normes de son temps. Il a contourné la pudeur et les normes religieuses de son temps. Dans le poème « Le vin de l’assassin », la fleur interdite pourrait représenter l’alcool et plus particulièrement le vin. Baudelaire évoque ici, un mari ivre et heureux d’avoir tué sa femme « Autant qu’un roi je suis heureux ». Le vin et le meurtre causé par l’ivresse apportent une libération à cet assassin « je suis libre » « me voilà libre et solitaire ». Cependant, le poète montre aussi les aspects humiliants et négatifs de cette ivresse « Je me coucherai sur la terre, / Et je dormirai comme un chien ! », il ne glorifie donc pas le vin comme il a pu le faire dans « Le vin des amants ». Baudelaire a d’ailleurs dédié une section entière de son recueil au vin, montrant l’importance de cette boisson aux yeux du poète. Enfin, dans le poème « Le Poison », ces deux dernières fleurs interdites sont évoquées en présence d’une dernière : l’opium. Baudelaire a dédié un paragraphe à cette drogue dont il décrit les effets, prouvant qu’il était habitué d’en consommer. Cette drogue semble le rendre supérieur

« Remplit l’âme au-delà de sa capacité. » et semble avoir le pouvoir de le transcender dans un espace infini : « agrandit » « allonge » « approfondit ». Cependant, le dernier vers de ce poème nous informe que la redescente de ces échappatoires n’aboutissent qu’à une chose : la mort. Cela expliquerait pourquoi ces fleurs sont interdites et tenues éloignées de la société.

Mais certaines fleurs sont elles aussi tenues éloignées de la société, bien qu’elles n’aient pas de point commun avec celles évoquées auparavant. Ce sont ici des sujets sensibles qui fâchent, des critiques de la société. C’est le cas du poème « Le joujou du pauvre », où Baudelaire dénonce les inégalités sociales entre deux enfants. D’un côté d’une grille, a proximité « d’un joli château », un enfant se tenait à côté de son jouet « splendide »,

« vernis », « frais ». Cet enfant était propre et bourgeois, en contraste avec l’enfant de l’autre côté de la grille. Celui-ci se trouvait « entre les chardons et les orties ». Il était « sale, chétif, fuligineux » et avait comme jouet un rat vivant. La dernière partie du poème nous montre que, malgré leurs différences dans la forme, les enfants étaient les mêmes dans le fond. Ils sont proches, rient « fraternellement » et sont mit au même niveau avec « égale ». Baudelaire veut dénoncer que la société est seule responsable de la différenciation entre ces deux enfants, car outre leurs apparences, ils rient et jouent de la même manière. Baudelaire critique aussi la façon dont il se sent incompris et bousculé par la société dans

« L’Albatros ». Dans ce poème, les marins représentent la société et l’Albatros le poète. Les marins sont cruels, sans pitiés et capturent des Albatros « pour s’amuser ». Ces oiseaux sont habiles et sont des « rois de l’azur » dans leur milieu naturel. Mais une fois capturés,   « leurs grandes ailes blanches » traînent à côté d’eux. Ils ne sont pas fait pour marcher sur une planche mais pour voler. Ils deviennent alors ridicules « maladroits et honteux »,

« gauche et veule », « comique et laid ». Il en est de même avec le poète. Lorsqu’il est livré à lui même, il excelle et exécute son art. Mais une fois au sein de la société, il se sent oppressé et isolé. La société le domine et ne le lui laisse pas la chance de s’exprimer comme il le souhaite. Le poète est donc un homme de génie incapable de s’adapter aux réalités ordinaires. Baudelaire ose également évoquer des sujets comme la mort. Bien que la mort touche tout le monde, ce sujet peut rester tabou. Le poète a dédié une section entière de son recueil à la mort et l’aborde de plusieurs manières. Dans « L’Horloge », Baudelaire exprime sa peur de la fuite du temps. En effet, inévitablement le temps passe et ce sans que nous puissions y faire quoi que ce soit. Et ce temps qui passe nous rapproche de la mort. L’Horloge est qualifiée de « dieu sinistre, effrayant » dès le premier vers. Le temps est omniprésent et rythme le poème « heure », « seconde », « minutes »,

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