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Dom Juan acte 1 scène 1

Fiche : Dom Juan acte 1 scène 1. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2019  •  Fiche  •  1 465 Mots (6 Pages)  •  604 Vues

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Texte 1

Acte I scène 1, Dom Juan : L’éloge du tabac de « Sganarelle, tenant une tabatière » à « à ne bouger de là »

Introduction

Molière est le plus grand auteur et acteur de son temps mais contesté par une partie influente de l’opinion, le parti dévot, qui vient de faire interdire Tartuffe. En 1665, se trouvant dans une situation financière critique, s’il veut garder sa troupe il doit écrire une autre pièce. C’est la Naissance de Dom Juan ou le festin de pierre, comédie en prose et à grand spectacle comprenant une statue qui bouge et parle, et des spectres, autant de « machines » spectaculaires qui doivent assurer le succès de la pièce. Cette pièce est inspirée de Tirso de Molino. Le premier acte s’ouvre sur Sganarelle, valet de Dom Juan, faisant l’éloge du tabac. Quelles sont les raisons qui poussent Molière à ouvrir sa pièce par un éloge du tabac alors qu’il n’en sera plus question dans le reste de la pièce ? Nous verrons dans un premier temps, comment Molière construit son éloge en bonne et due forme. Mais nous verrons ensuite qu’il est aussi paradoxal et bouffon. Enfin, nous verrons que cet éloge répond à une urgence et qu’il modifie la fonction de la scène d’exposition.

  1. Un éloge en bonne et due forme

L’éloge est très structuré et argumenté : il commence par réfuter « les adversaires » : Aristote et les philosophes puis il expose sa thèse « le tabac est la meilleure des choses » renforcée par une maxime en alexandrin : « et qui vit sans tabac//indigne de vivre » à structure symétrique (chiasme) faisant correspondre les termes deux à deux (vit et vivre ; sans tabac et in-digne) développée grâce à 5 arguments :

  • Le tabac est défini comme « passion des honnêtes gens ». L’honnête homme au XVIIème siècle est un homme sociable et cultivé recherché pour son savoir vivre. Le tabac est ainsi défini comme un agent de sociabilité.
  • Il est ensuite défini comme un agent d’élévation morale, voire religieuse : « il instruit les âmes à la vertu ». Le verbe « instruire » a des résonnances très fortes au XVIIe siècle de même que la « vertu »
  • Le tabac est ensuite défini comme un agent médical : « il réjouit et purge les cerveaux humains ». Il permet la libération de l’esprit (catharsis) et le rend meilleur.
  • Sganarelle reprend ensuite son premier argument il apprend à devenir « honnête homme ». Il insiste ici sur les vertus civiles du tabac, dans une reprise littérale de son argumentation, ce qui est une figure de répétition, d’insistance comme pour persuader son auditoire. Cette fois-ci, Sganarelle donne un exemple, celui de la générosité (qui est un privilège au XVIIe siècle : gemus-generis : celui qui est bien né, qui est noble) « Ne voyez-vous pas bien, dès qu’on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde… on n’attend même pas qu’on en demande, et l’on court au-devant du souhait des gens ». (illustration de sa thèse) Il est d’ailleurs amusant de constater que Sganarelle n’en offre pas à l’autre personnage présent sur scène : Gusman.
  • Enfin, le dernier argument développé présente le tabac comme un agent d’exemplarité morale « il inspire des sentiments d’honneur et de vertu » Ces deux termes apparaissent de façon flagrante comme en décalage par rapport au produit vanté.

La conclusion de sa thèse s’impose d’elle-même, comme une évidence « tant il est vrai que » : le tabac est virtuéux : la thèse est démontrée.

Sganarelle adopte donc une démonstration rigoureuse, des questions rhétoriques « comme on est ravi… partout où l’on se trouve ?», des connecteurs logiques « non seulement » mais aussi des arguments absurdes.

  1. Un éloge paradoxal et bouffon
  1. Un début surprenant

Même si le tabac était perçu au XVIIe siècle comme une plante médicinale, l’Eglise condamnait son usage. Cette première tirade est étonnante, voire provocatrice mais il ne faut pas oublier que Molière joue le personnage de Sganarelle et qu’il ne va pas se priver de répondre à ses détracteurs. Sganarelle est un personnage bouffon inspiré de la Comedia dell’Arte).

Dans cet éloge Sganarelle utilise des hyperboles « il n’est rien d’égal au tabac », « c’est la passion des honnêtes gens » « qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre ». C’est un discours qui vise donc l’exagération. Il emploi le présent qui est ici un présent de vérité générale. Le tabac est donc élevé à la hauteur d’une chose sacré : il a toutes les vertus et nous rend meilleurs.

Cette tirade nous éclaire sur le personnage de Sgnarelle : il apparait comme le pâle reflet de son maître et en adopte la rhétorique. Il évoque Aristote alors qu’il ne le connait pas pour épater Gusmann. Il y a un anachronisme car Aristote ne connaissait pas le tabac !

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