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Diderot / La Religieuse

Commentaire de texte : Diderot / La Religieuse. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Mai 2022  •  Commentaire de texte  •  1 509 Mots (7 Pages)  •  907 Vues

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COMMENTAIRE La Religieuse :

        Les Lumières remettent en cause les fondements de la religion, contestent la monarchie absolue, et dénoncent les inégalités sociales. C'est un mouvement culturel développé au XVIIIème siècle et dont l'un de ses symboles était l'Encyclopédie rédigé par Diderot. Ce projet consistait en une compilation de toutes les connaissances existantes. C'est dans ce cadre-là qu'en 1796, Diderot philosophe des Lumières, écrit La Religieuse à titre de posthume, un roman engagé qui entre parfaitement dans la norme du siècle des lumières. En effet, ce roman dramatique et romanesque, contre les intolérances religieuses à une visée polémique, et un réquisitoire contre les abus de l’Eglise, très à la mode à l’époque. Ce roman inspiré de faits réel raconte l'histoire de Suzanne Simonin, un enfant illégitime, contraint par sa mère à entrer au couvent. Dans cet extrait, le personnage raconte ses malheurs au Marquis de C*** censé plaider sa cause, et évoque la persécution des jeunes filles dans les couvents. Dans quelle mesure le témoignage de Suzanne Simonin est-elle l'occasion pour Diderot de se livrer à une critique de l'Eglise et de son hypocrisie ? La description faite par Suzanne de la religieuse folle ainsi que sa répugnance à devenir novice permettent à Diderot de remettre en cause les fondements de la religion.

        

        La description de la religieuse folle est placée sous le signe du désordre. En effet, rien n'est contrôlé. Tout d'abord, dans le texte, le terme « infortunée » est synonyme de malheureuse. Diderot ne reprend pas ici le sens de hasard. En effet, la suite du texte nous apprend que ce n'est pas par fortune mais au contraire à cause des hommes et de la société que la religieuse est devenue folle. L’« infortunée » apparaît clairement comme un double de Suzanne. De plus, la religieuse est décrite comme une chose inhumaine : « je n'ai jamais rien vu de si hideux », « elle était échevelé », « ses yeux étaient égarés », « ma religieuse folle ». Ensuite, la juxtaposions par des points-virgules : « ... et presque sans vêtement ; elle s'arrachait les cheveux ; elle se frappait la poitrine avec les poings ; elle courait, elle hurlait ; elle se chargeait elle-même et les autres des plus terrible imprécations ; elle cherchait une fenêtre pour se précipiter. » ainsi que l'accumulation de détails grâce aux virgules soulignent la folie du personnage. Les raisons données par la société font appel au désordre mental de la religieuse : « elle avait déjà l'esprit dérangé quand on l'avait reçu. ». Par ailleurs, Diderot use du lexique de la folie et du désordre : « esprit dérangé », « visions », « tête ébranlée en avait été renversée ». Enfin, Diderot emploi le vocabulaire de l'excès : « furieuse » : le mot vient de « furie » qui désigne dans la mythologie romaine des divinités infernales au nombre de trois, qui étaient chargées d'exécuter la vengeance divine.  Dans le texte, le terme « furieuses » est synonyme de folie et désigne le dérèglement du corps et de l'esprit. « Imprécation » :  Par extension, l'imprécation est un souhait de malheur adressé à quelqu'un.

        La scène est théâtralisée. Dans un premier temps, le pronom « je » souligne que Suzanne est ici spectatrice. Elle est le témoin d'une scène qu'elle transmet au lecteur fictif (le marquis) et au lecteur réel. De plus, conformément à la forme narrative choisie, à savoir l'écriture de mémoires fictifs, le récit est à la première personne. Malgré tout, Suzanne n'est pas ici actrice de la scène. Elle est d'abord spectatrice de la scène avec l'expression « je la vis » reprise par la polyptote « je n'ai jamais rien vu » avant d'être auditrice des discours prononcés par l'Eglise. Néanmoins, la description de la religieuse folle est l'occasion pour Suzanne de livrer au lecteur ses pensées profondes et ses réflexions sur l’Église. Enfin, Suzanne va décrire les effets que cet incident à provoquer à la suite de l'aperçu de la scène grâce au champ lexical de la peur : « la frayeur », « je tremblai de tous mes membres », « je vis mon sort dans celui de cette infortunée... », « ... je mourrais mille fois plutôt que de m'y exposer ».

        La description de la religieuse folle placée par Diderot sous le signe du désordre ainsi que la théâtralisation de la scène offrent au lecteur un spectacle à la fois visuel et sonore. Les comportements fous de la religieuse sont « justifiés » par les mensonges que racontes les sœurs supérieures afin de faire taire les rumeurs et de faire régner le calme dans la terreur.

        Suzanne est spectatrice du désordre mentale de la religieuse échappé de sa cellule. Cette scène offre un spectacle à la fois visuel et sonore. En effet, la scène est décrite comme un tableau. Dans un premier temps, l'allitération en [ch] avec « échevelée », « chaine », « s'arrachait », « cheveux », « chargeait », « cherchait » ainsi qu'en[r] : « ...elle courrait, elle hurlait ; elle chargeait elle-même et les autres des plus terribles imprécations. » souligne le spectacle sonore de la scène. Dans le texte, « échevelée » désigne la religieuse folle. Suzanne brosse un portrait de la religieuse en folle grâce à des attributs physiques ce qui met en avant la picturalité de la scène (effet de tableau). En effet, Diderot aimait les tableaux et écrivait sur les salons de peinture. Les phonèmes [ch], [f] et [v] se disséminent d'ailleurs dans les phrases qui suivent, comme pour mimer le désordre avec « échevelé », « chaînes de fer », « s'arrachait les cheveux », « chargeait », « cherchait une fenêtre ». Enfin, plusieurs sens sont convoqués pour mieux donner au lecteur l'illusion du vrai : la vue avec « échevelé », le toucher suggéré avec « chaînes de fer » ou « s'arrachait les cheveux », l'ouïe avec « elle hurlait » . Le goût n'est pas présent mais on a deux références à la bouche avec « hurlait » et « imprécations ».

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