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La Religieuse Denis Diderot

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Par   •  20 Novembre 2014  •  504 Mots (3 Pages)  •  1 273 Vues

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La Religieuse, est un roman écrit par Diderot en 1760, publié une première fois dans la Correspondance littéraire, de Grimm en 1780 puis, de façon posthume en 1797. C’est le récit fictif à la première personne d’une jeune fille, Suzanne, enfermée contre son gré dans un couvent et ayant prononcé ses vœux religieux sous la contrainte. Inspiré d’une histoire réelle, une religieuse, de Longchamp ayant réclamé juridiquement contre ses vœux, ce mémoire a été écrit avant tout à un destinataire réel, le marquis de Croismare, ami de Diderot et Grimm. Ceux-là avaient imaginé cette mystification pour le faire revenir à Paris après une très longue absence. Il s’est tellement intéressé à cette religieuse fictive, mais vraisemblable, qu’il alla « solliciter en sa faveur tous les conseillers de la grand’chambre du parlement de Paris », comme l’explique Diderot lui-même.

Roman à visée polémique violente, La Religieuse est une narration pamphlétaire qui n’est pas pour rien dans la réaction anticléricale révolutionnaire. Diderot y a composé des tableaux frappants et pleins de pathos de la vie claustrale[1]. Le passage que nous allons étudier est l’un des points culminants de la violence perverse propre aux systèmes fermés, que dénonce Diderot. En effet, après avoir prononcé ses vœux et les avoir confirmés parce qu’elle avait été trompée, contrainte ou amadouée, l’héroïne perd successivement ses parents et la supérieure du couvent avec laquelle elle s’était liée d’amitié. Privée de tout soutien, prévenue de son sort futur par une religieuse devenue folle quelque temps auparavant, Suzanne écrit un mémoire qui contient en abrégé tout ce qu’elle écrira par la suite à son narrataire[2].

Quels moyens Suzanne emprunte-t-elle pour persuader son destinataire, et dans quelle mesure ce texte constitue-t-il une narration exemplaire, à visée argumentative ?

Cette narration autodiégétique n’est-elle pas l’acte d’accusation pathétique d’une âme abandonnée victime de persécutions ?

Par cette narration exemplaire, persuasive et éloquente, Diderot n’a-t-il pas présenté « la plus effroyable satire des couvents » ?

I. La Passion de Suzanne

Dans une lettre où il présente l’ouvrage, Diderot estime que celui-ci eût pu recevoir l’épigraphe « son’ pittor anch’io ». Cette phrase en italien, prononcée par Raphaël, signifie « moi aussi je suis peintre ». Diderot, par cette citation célèbre, réservée mais proposée sous forme de prétérition[3] néanmoins, voulait insister sur le caractère non seulement pittoresque mais pictural de sa prose dans La Religieuse. Il se plaçait ainsi dans le droit fil de la devise horacienne de l’ut pictura poesis, « la poésie est comme la peinture », longtemps interprétée comme l’affirmation d’une filiation entre poésie et peinture. La scène racontée par la narratrice constitue en effet une sorte de tableau de genre, destiné à faire impression sur le narrataire en lui faisant revivre la violence de ses persécutions.

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