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Correction question sur corpus sur les migrants

Cours : Correction question sur corpus sur les migrants. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Octobre 2018  •  Cours  •  858 Mots (4 Pages)  •  1 441 Vues

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Correction de la question sur corpus : Quelle image des migrants nous donnent ces textes et par quels moyens littéraires ?

   Les textes proposés à notre étude sont trois extraits de romans contemporains , les deux premiers sont tirés d’Eldorado, de Laurent Gaudé, et le troisième est un passage de La petite fille de M.Linh, de Philippe Claudel. Nous allons voir quelle image des migrants nous proposent ces textes et quels moyens littéraires sont mis en œuvre par leurs auteurs.

    Tout d’abord nous observons que dans les trois cas les auteurs cherchent à nous donner une image très émouvante de ces gens condamnés à la clandestinité et à l’errance. Pour cela, ils utilisent abondamment le registre pathétique, voire tragique. Dans le premier extrait le drame des migrants est représenté symboliquement à travers les traits d’ « une femme éreintée de fatigue, une pauvre âme déshydratée », qui semble incarner à elle seule toutes les victimes de cette tragédie humanitaire ; en tant que lecteurs nous sommes invités à partager le point de vue du capitaine de marine , pris de remords et de pitié pour cette femme . Dans le deuxième extrait du même roman, nous assistons impuissants à un déchaînement de violence policière broyant tout sur son passage, et l’image qui se dégage du récit du narrateur-personnage est encore plus insupportable ; nous avons franchi un degré de plus dans l’horreur. Les champs lexicaux de la violence, de la souffrance et de la peur sont étroitement associés pour provoquer en nous une émotion encore plus forte : « les policiers espagnols avec leurs matraques  frappèrent indistinctement tous les corps qui se présentaient à eux », « le cauchemar avait commencé » … La violence est telle qu’une amplification épique parcourt tout le texte, la faisant apparaître comme presque surnaturelle, ce que traduit bien la métaphore de « la marée humaine ».

 En comparaison le troisième extrait semble nous proposer une image plus apaisée et plus calme des migrants à travers la figure d’un vieil homme accompagné par sa petite fille ; aucune scène  de violence en effet dans La petite fille de M.Linh, et pourtant le registre pathétique est bien présent dans ce tableau émouvant d’un homme seul et entouré par le souvenirs de ses morts : « Il est le seul à savoir qu’il s’appelle ainsi car tous ceux qui le savaient sont morts autour de lui. » Ce sentiment de solitude profonde et de grand désespoir semble relier cet homme à la femme du premier extrait d’Eldorado ; tous deux semblent en effet tenter de se raccrocher désespérément à quelque chose, la femme ne veut pas lâcher la rambarde du bateau et le vieil homme a « une main sur la bastingage, l’autre serrant l’enfant ».  Cette image est profondément émouvante car dans les deux cas elle nous montre un être humain dans une situation de fragilité extrême, qui a tout perdu     ( pour la femme, nous ignorons encore qu’il s’agit de son bébé, et pour l’homme nous devinons qu’il s’agit de toute sa famille ) ; elle est aussi très symbolique : à propos de la femme croisée sur le bateau, le personnage principal voit en elle « le visage de la vie humaine battue par le malheur », donc une allégorie du malheur ; quant à M.Linh , il semble incarner à lui seul la mémoire des morts et n’être plus qu’ « une marionnette », un corps sans vie, devenu le jouet d’un destin cruel, ce que traduit bien la modalité passive qui l’accompagne ( « il se laisse guider sans rien dire »). Ce qui fait l’originalité de ce troisième texte c’est le registre élégiaque qui le traverse, tant  le thème des souvenirs est omniprésent , tout comme celui du temps qui passe et c’est une image emplie de nostalgie que nous propose Philippe Claudel, une image presque romantique , celle d’un homme qui contemple l’horizon à bord d’un bateau et qui semble communier avec la nature, seule capable de le consoler : « les yeux dans le sillage blanc qui finit par s’unir au ciel, à fouiller le lointain pour y chercher encore des rivages anéantis ». La charge poétique de cette image contribue largement à l’émotion du lecteur, à la fois par sa dimension spirituelle et sa capacité à évoquer l’indicible, à sublimer l’horreur de la perte des êtres chers en préférant la litote « des rivages anéantis » aux images crues et violentes de la guerre.

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