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Baudelaire - Question d'ensemble sur le Spleen

Cours : Baudelaire - Question d'ensemble sur le Spleen. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Juin 2016  •  Cours  •  1 434 Mots (6 Pages)  •  1 155 Vues

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Baudelaire, Les Fleurs du mal

Question d’ensemble : Que faut-il entendre par « Spleen » ?

Définitions du mot

Le mot anglais, comme son étymon grec (splèn), signifie la « rate », organe qui sécrétait la bile noire, que l’ancienne médecine du temps d’Hippocrate considérait, avec le sang, le flegme (qu’on appelle aussi la pituite) et la bile jaune, comme l’une des quatre humeurs cardinales de l’homme.

Cette bile noire a pour synonymes deux mots, de formation grecque pour le premier, latine pour le second : « mélancolie » et « atrabile ». Il est intéressant de constater que tous les deux, comme « humeur » (du latin, « humor » = liquide, ou humidité), désignent à l’origine des substances organiques, liquides, avant de signifier des dispositions du caractère, ou des états momentanés, qui s’expliqueraient donc par des variations de quantité des dites substances.

« Spleen », ainsi que les adjectifs « splénique » et « splénétique », employés d’abord, dès le XIVème siècle, dans leur sens originel, par des anatomistes (A. Paré au XVIème siècle), sont utilisés de plus en plus couramment, à partir du XVIIIème siècle, par Voltaire, Montesquieu, Diderot, dans leur acception actuelle pour exprimer un sentiment général de maladie et d’ennui. Chateaubriand, Musset, Vigny et Théophile Gauthier (à qui le recueil est dédié), au siècle suivant, font peu à peu le même usage du nom :

« Je ne sais rire que des lèvres : j’ai le « spleen », tristesse physique, véritable maladie ». (Chateaubriand, Mémoires d’Outre-tombe, XXXVII, 1)

« J’ai le spleen, un tel spleen, que tout ce que je vois m’est en dégoût profond. J’ai le soleil en haine, et la pluie en horreur » (Vigny, Stello, chapitre 2)

ou encore : « Produit des blancs reflets du sable / Et du soleil toujours brillant / Nul ennui ne t’est comparable, / Spleen lumineux de l’Orient. » (Gauthier, Emaux et Camées, Nostalgies d’obélisques)

Retenons de ces exemples, certainement connus de Baudelaire :

  • que le « spleen » est présenté à la fois comme un mal physique et un état psychique (tristesse, haine, horreur et ennui)
  • qu’il n’est pas forcément lié à un seul type d’environnement ou de paysage, c’est-à-dire qu’il ne dépend pas uniquement, ni peut-être essentiellement, d’éléments extérieurs (soleil, pluie, brillant, lumineuse).
  • « spleen » peut être considéré comme synonyme d’« « ennui » (mot dont les occurrences sont extrêmement nombreuses, sans doute l’un des mots-mêmes ou des mots-clés dans le recueil)
  • « ennui » doit être compris au sens le plus fort du mot, celui de l’étymologie latine (inodiare = avoir en horreur), celui du XVIIème siècle, et plus précisément de Pascal, pour qui ce sentiment est indissolublement lié à la condition misérable de l’homme sans Dieu
  • « spleen » s’oppose à « idéal » et peut se définir comme tout ce qui anéantit les efforts de l’homme pour fuir ce « vilain monde » où il étouffe, le faisant retomber dans l’amère réalité

Encore convient-il de signaler que, si, pour la suite de l’étude, nous séparons « spleen » et « idéal », dans la conception de Baudelaire, il y a passage constant de l’un à l’autre, mélange des deux, et corruption subtile du second par le premier.

Le spleen baudelairien

Il est donc attaché à une conception de la vie, conception à la fois psychologique et météorologique (le poète a reçu une éducation chrétienne), selon laquelle, « il y a dans tout à toute heure, deux postulations simultanées (l’une vers Dieu, l’autre vers Satan. L’invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre… » (« Mon Cœur mis à nu », fragment XI).

Ecartelé entre cette « spiritualité » et cette « animalité », chacun doit reconnaître que « c’est le diable qui tire les fils qui nous remuent ».

C’est pourquoi : « Aux objets répugnants nous trouvons des appas » (poème liminaire « Au lecteur »).

Mais, et c’est bien la marque de Satan, ainsi que la preuve de cette double postulation, au lieu de nous livrer sous réserve à cette « joie de descendre », nous ressentons, au plus profond de nous, « l’Ennui ».

« Dans la ménagerie infâme de nos vices, […] / Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde / C’est l’Ennui ! […] / Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, / - Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère ! » (« Au lecteur », fin du poème)

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