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Anywhere out of the world - Baudelaire

Commentaire de texte : Anywhere out of the world - Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Mai 2016  •  Commentaire de texte  •  1 513 Mots (7 Pages)  •  15 894 Vues

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XLVIII. Any Where Out Of the World

 Baudelaire – Analyse

J’ai décidé aujourd’hui de vous présenter Any Where Out Of the World, il s’agit du poème 48 de l’œuvre de Charles Baudelaire intitulée Le Spleen de Paris ou Petits poèmes en prose. Dans Any Where Out Of the World, on assiste à une narration de discours direct entre le poète et son âme, qu’il personnifie. Le poète essaie d’échapper à un monde qu’il juge hostile, à la nature et à la condition humaine qui provoquent la crainte et le rejet de son art.

La poésie, face à la dureté de la réalité, permet à la pensée de fuir.  Le titre N’importe où hors du monde soulève plus qu’une invitation au voyage mais c’est un fort appel à la fuite. Le titre est en réalité une citation de Thomas Hood, poète anglais du XIXème siècle, provenant du poème Bridge Of Sights que Baudelaire a traduit en avril 1865.

J’ai divisé ce poème en 3 parties :

1] “Cette vie est un hôpital“ à “sans cesse avec mon âme“ 

Le texte s’ouvre sur une métaphore au présent, de vérité générale, qui associe d’entrée de jeu la vie à une maladie “Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit“. Il s’agit d’une métaphore filée prolongée avec les verbes “souffrir“ et “guérirait“ et également avec l’utilisation du terme “possédé“ à la l2 qui fait allusion à une certaine idée de folie. Le poète glisse d’un cas général à un cas particulier : le sien lorsqu’il écrit “Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas“. Toutefois le poète est conscient qu’il s’agit d’une illusion, comme le suggère l’expression “il me semble“, qui fait d’ailleurs écho avec le double emploi du conditionnel dans le paragraphe précédent “Celui-ci voudrait souffrir en face du poêle, et celui-là croit qu’il guérirait à côté de la fenêtre“, montrant que cette illusion est commune à tous les hommes. Dans le cadre de ce constat très amer, Baudelaire annonce le dialogue ou plutôt le monologue intérieur entre lui et son âme qui va suivre.  

2] “Dis-moi mon âme, pauvre âme refroidie“ à “... comme des reflets d’un feu d’artifice de l’Enfer“

Cette partie est caractérisée par les propositions de voyages du poète à son âme et le dialogue avec cette dernière. Celui-ci est à la quête d’un endroit remède (cette quête de l’idéal est d’autant plus marquée par l’utilisation du conditionnel dans les 3 premiers paragraphes). Les destinations sont citées dans l’ordre du plus chaud au plus froid, ce qui fait apparaître une gradation.

  1. Dans un premier temps, le poète évoque Lisbonne, ville à laquelle il associe la chaleur et la lumière (il doit y faire chaud, un paysage fait de lumière), la Hollande lui apporterait repos et divertissement, Rotterdam puis Batavia, qui lui offrirait une possibilité de dépaysement. Chaque paragraphe commence par une question, proposant une destination différente. Dis-moi, mon âme, pauvre âme refroidie, que penserais-tu d’habiter Lisbonne ? / Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement, veux-tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante? / Batavia te sourirait peut-être davantage ? Toutes ces destinations sont évoquées dans un espoir de guérison.  Termes positifs y sont associés tels “ragaillardirais“ pour Lisbonne ; cette terre béatifiante, qui provient du latin “beatus“ = heureux pour la Hollande ainsi que “sourirait“ pour Batavia. De toute évidence, le point commun qui les rallie est la mer. Baudelaire rappelle que Lisbonne est une ville au bord de l’eau et il évoque “les forêts de mâts et les navires amarrés au pied des maisons“ tels qu’on peut les voir à Rotterdam. Chacun de ces paragraphes se clôt sur un constat de plus en plus bref, qui est le silence obstiné de l’âme: Mon âme ne répond pas / Mon âme reste muette / Pas un mot.  La question finale Mon âme serait-elle morte ? sert de transition vers le quatrième paragraphe, qui est quelque peu différent des trois derniers.

  1. A partir de “s’il en est ainsi“, le poète nomme des lieux, il le dit lui-même, “qui sont des analogies de la Mort“. On a Tornéo, la Baltique puis le pôle, trois endroits caractérisés essentiellement par le froid et l’obscurité. Le voyage se concrétise peu à peu : on note que les verbes sont au futur et pour la première fois depuis le début du poème le poète et son âme ne forment plus qu’un, ils se rejoignent et fusionnent avec l’emploi de la 1ère personne du pluriel : notre affaire ; nous ferons nos malles ; allons ; installons-nous... Le poète ne suggère plus de destinations mais les impose par des impératifs ou des futurs simples. L’emploi des expressions “Allons plus loin encore“, et “encore plus loin de la vie“ souligne l’obstination du poète, puis on a une cassure de rythme avec la double utilisation de l’adverbe ““, qui apporte une certaine accalmie après le rythme très rapide des phrases précédentes ; cette accalmie manifestée par le poète marque ostensiblement son insatisfaction qui persiste malgré ses efforts pour trouver une destination idéale.

De manière plus générale, on remarque un goût particulier du poète pour les oppositions et les paradoxes, d’un point de vue formel, dans cette partie. En effet, l’âme de Baudelaire aime le repos avec le spectacle du mouvement. De plus, on retrouve dans Batavia l’esprit de l’Europe marié à la beauté tropicale. Plus loin, il associe les ténèbres et les gerbes roses des aurores boréales et y introduit la notion de feu avec comme les reflets d’un feu d’artifice de l’Enfer ; ainsi s’unissent la terre et le ciel ; l’horreur et la beauté. Ces oppositions formelles mettent en évidence la dualité du poète, que j’évoquerai dans quelques instants.

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