LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Analyse linéaire acte I scène 14 Fausses Confidences

Analyse sectorielle : Analyse linéaire acte I scène 14 Fausses Confidences. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Octobre 2022  •  Analyse sectorielle  •  1 877 Mots (8 Pages)  •  1 639 Vues

Page 1 sur 8

Intro

Reçu à l’académie Française en 1743, Marivaux n’écrit plus que des pièces en un acte. La dernière de ses comédies en 3 actes, Les Fausses Confidences, fut jouée pour la première fois en 1737. Elle présente une dynamique dramatique puissante et une critique plus pointue de la société de son temps. D’un côté, Araminte, veuve fortunée, de qui est épris Dorante, un homme ruiné qu’elle a pris à son service, mais son amour propre ayant intégré les règles de son temps, l’empêche d’admettre son penchant aux autres comme à elle-même. De l’autre se trouve Dubois, stratège omniscient dirigeant dans l’ombre le comportement des autres personnages de sa pièce dans le but de marier Araminte à Dorante celui-ci était d’ailleurs son ancien maitre. La scène 14 de l’acte 1 est une longue scène où ces deux personnages, Araminte et Dubois, se retrouvent seuls. Dubois durant toute la scène mène une ruse, construit lentement mais habilement un piège dans lequel il enferme Araminte. Feignant d’être surpris de voir Dorante chez elle, il lui fait la première de ses fausses confidences.

Nous pouvons nous demander de quelle façon Dubois mène sa fausse confidence, en quoi celle-ci constitue un piège pour la pauvre Araminte.

Partie 1

Dans un premier temps, Dubois cherche à éveiller la jalousie d’Araminte. Il la flatte en personnifiant les sentiments de Dorante ou plutôt, sa folie amoureuse : « ELLE le ruine, ELLE lui coupe la gorge ». En jouant avec une accumulation des qualités du jeune homme : « bien fait, d’une figure passable, bien élevé et de bonne famille » non seulement il peint un portrait élogieux de son ancien maitre mais il met aussi Araminte dans une position délicate : un homme si merveilleux l’aime. Je dis position délicate car jouant des atouts précédemment présentés, Dubois hyperbolise la multiplicité de ses prétendantes. Il fait d’abord une description générale, contenant un très grand nombre de pluriels, de femmes, aussi merveilleuses que le jeune Dorante. (Il joue de sa description), femmes plus merveilleuses encore car celles-ci peuvent palier au seul défaut du jeune homme qu’a annoncé Dubois : son manque de fortune. Il appuie ses dires par l’exemple d’une jeune femme qui poursuit Araminte. Ainsi il dit à Araminte : « un homme merveilleux vous aime mais le jour où il se lassera de vous, nombreuses seront les prétendantes à lui sauter dessus, et des prétendantes merveilleuses.

Araminte tente de dissimuler son trouble face à une telle révélation. Le valet domine la conversation et la réplique de la jeune femme est brève, ne contient qu’un seul mot. Sa réplique est à l’interrogatif, une ponctuation émotive, bien qu’elle ne s’exprime que peu, son trouble est si puissant qu’il transparait en un seul mot de sa part. En un sens, cette réplique laisse à penser qu’Araminte, prenant conscience d’une forte concurrence voit l’urgence de la situation soulignée par Dubois, et bien que tentant de se taire, elle ne peut refréner son inquiétude et laisse échapper cet unique mot.

Comme Marivaux, Dubois est un connaisseur de l’âme humaine et voyant le succès de sa première attaque, continue sa fausse confidence. Il rebondit sur l’inquiétude d’Araminte : « OUI, madame, actuellement » et précise sa description de la seconde prétendante. D’ailleurs, dans la mise en scène de Piat, cette précision est intelligemment menée car elle est à l’exacte opposé d’Araminte, qui n’est ni brune ni piquante, mais blonde, menue et délicate. Dubois va jusqu’à énoncer un aveu amoureux de Dorante :« mon cœur est parti », aveu d’autant plus puissant qu’il est à la première personne, comme si c’était Dorante lui-même qui se révélait aux yeux d’Araminte.

Ainsi dans ce premier mouvement, Araminte est piégée dans une fausse situation d’un homme merveilleux amoureux d’elle, mise face à deux tendances contraires : l’urgence de la situation qui l’amènerai à accepter son amour et son souci d’avoir un comportement honnête et exemplaire qui l’amènerai à les refuser.

Partie 2

Durant la totalité du second mouvement, Dubois conte une histoire, il raconte des évènements qui se sont déroulés hors de la vue d’Araminte et des spectateurs. On retrouve dans ses répliques de nombreux marqueurs du récit. Par exemple le temps du passé simple : « fut, sortîtes, perdit », ainsi que des marqueurs spatiotemporels précis : « l’Opéra, un vendredi ». Ces faits, nous ne savons pas s’ils se sont réellement passés. Certaines mises en scène d’ailleurs, comme celle de Didier Bezace, mettent l’accent sur la capacité à la fois incroyable et inquiétante de conteur de Dubois, en prononçant par exemple « c’était un vendredi, je m’en ressouviens ; oui un vendredi ». Son récit est habilement mené ; il place dans un premier temps Araminte au centre de l’action, comme en témoigne l’accumulation des « vous ; votre » et reprends le topos du cdf ainsi que la tradition de l’amour courtois, Dorante étant le noble chevalier troublé dès que son regard croisa celui de sa souveraine Araminte, regard vecteur de l’amour qui porte un coup brutal au héros.

Sa réplique suivante suit cette trame traditionnelle en décrivant l’amour comme une maladie, une folie. A l’époque, l’expression « personne au logis » était d’ailleurs utilisée pour parler des fous : Dorante est fou d’amour. Profitant de l’écoute d’Araminte face à son histoire, Dubois continue de vanter, régulièrement pour toucher Araminte, sans pour autant l’assommer de compliments sans valeur. Ici il le glorifie en usant d’un marqueur des écrits, des romans : le rythme ternaire : « ce bon sens, cet esprit jovial, cette humeur charmante ». Dubois souligne la puissance de l’amour de Dorante ; par la réutilisation du topos de l’amour

...

Télécharger au format  txt (12.1 Kb)   pdf (48.4 Kb)   docx (12.1 Kb)  
Voir 7 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com