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A une passante / Les fleurs du mal

Chronologie : A une passante / Les fleurs du mal. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Décembre 2021  •  Chronologie  •  1 080 Mots (5 Pages)  •  429 Vues

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Introduction

Lors de sa deuxième édition des Fleurs du Mal, recueil le plus célèbre du poète Charles Baudelaire (1821-1867), le livre s’enrichit de la section « Tableaux parisiens ».

De manière originale, le poète fait alors entrer la modernité urbaine en poésie, parce qu’il n’idéalise pas la ville : les travaux d’Haussmann, le petit peuple qui vit dans des conditions misérables, la foule et la solitude qu’elle engendre, tout y est décrit avec un certain réalisme. Le poète réfléchit à sa propre situation d’exilé dans cette cité moderne.

Ce sonnet s’inscrit dans une série de poèmes de cette section consacrée à des personnages croisés par hasard dans la ville et dans une autre série de poèmes, celle des titres dédicaces : « A une dame créole », « A une mendiante rousse »…

En évoquant un coup de foudre pour une passante à peine croisée l’espace d’un instant dans la rue, le poème « A une passante » constitue pour le poète une nouvelle prise de conscience de sa solitude, puisque l’amour demeure ici à l’état d’une pure virtualité, d’une possibilité inaccomplie.

Mouvements :

Premier mouvement : deux quatrains. Description de la passante et réaction émotionnelle du « je » lyrique

Deuxième mouvement : deux tercets. Enchantement et désenchantement de la rencontre fortuite

Problématique du poème : Dans quelle mesure ce poème reprend-il l’opposition baudelairienne entre spleen et idéal ?

Description de la passante et réaction émotionnelle du « je » lyrique

Vers 1

Cadre de la rencontre : la rue, le bruit « assourdissante », « hurlait ».

Personnification de la rue « hurlait » : elle est agressive.

Le moi du poète est prisonnier du bruit et de la phrase car le pronom personnel est inséré entre le sujet « la rue » et le verbe « hurlait ».

Sonorités suggèrent le bruit : allitérations en R, T, D et assonances en U et OU

= cadre hostile : Paris bruyant, affairé, moderne.

Vers 2

L’apparition de la passante va effacer cette cacophonie urbaine.

Apparition de la femme retardée par quatre expansions du nom antéposées: 2 épithètes détachées, un complément du nom et une apposition.

= effet d’attente + description méliorative. 

Chiasme : « en grand deuil »/« douleur majestueuse » : la passante ne se définit que par cette noblesse pathétique. (la passante est en deuil)

On suit le regard de Baudelaire : il voit d’abord sa silhouette…

Vers 3 et 4

…puis admire le geste de sa main…  le détail de sa toilette…

Grâce de la passante : mouvement dansant associé aux participes présents « soulevant », « balançant » et à l’allitération en S (écho avec le poème « Le Serpent qui danse »).

Description de cette grâce déborde dans le quatrain suivant avec « agile et noble ».

Vers 2 à 4 : rythme ample (rythme qui se déploie et donne l’impression de ne jamais s’arrêter) = démarche harmonieuse.

Vers 4 : 3/3/3/3 = mouvement ample et balancé

 

Vers 5

… et enfin sa jambe.

Ambivalence de la femme :  le terme « statue » connote la beauté plastique, idéalisée mais aussi la froideur, un certain statisme dangereux car lié à la mort (« statue » rime avec « tue » au vers 8).

Vers 6

Réaction émotionnelle du poète.

« crispé » : il est paralysé, médusé

Antithèse : « agile »/ «crispé » : elle est en mouvement, il est immobile = contraste entre le poète et la femme

Forte émotion intérieure du poète : rythme haché

« je buvais » : avidité, soif ardente du poète face à la femme

= poète subjugué face à cette passante qui incarne son idéal de beauté.

Vers 7 et 8

L’amour idéal pour Baudelaire mêle la douceur et la violence.

Métaphore « ciel où germe l’ouragan » + antithèses : le poète découvre l’intériorité morale de la passante qui est ambivalente : elle est à la fois douceur et calme « livide », « douceur », « plaisir » et violence « ouragan », « fascine », « tue ».

Enchantement et désenchantement de la rencontre

Vers 9 et 10

Antithèse brutale : « éclair »/ « nuit » qui exprime rapidité et violence du choc que constitue la « fugitive» rencontre.

Ellipse temporelle : points de suspension

 « éclair » : illumination du poète par l’incarnation de son idéal de beauté

« nuit » : solitude, détresse du poète. Ponctuation expressive.

Tiret : recul réflexif du poète qui médite désormais sur le sens de cette rencontre.

Enjambement : rythme s’accélère, forte émotion.

« renaître » : elle lui a insufflé vie et inspiration

Vers 11

Question rhétorique qui dramatise le poème : il s’adresse à la passante, le tutoiement suggère l’intimité acquise depuis que le regard échangé a fait connaître au poète son intériorité.

= dialogue théâtral : espoir de retrouvailles futures, d’ordre mystique (dans l’au-delà) « dans l’éternité ».

Antithèse entre « fugitive » et « éternité » : disparition soudaine/ recherche de celle-ci dans une contemplation mystique du futur.

Vers 12

Désespoir du poète

Exclamations pathétiques : accumulation d’indicateurs de temps et de lieux qui montre l’impossible rencontre dans l’avenir, et donc le désespoir du poète.

« jamais » : mis en italique = mise en valeur de la fatalité qui l’accable.

Vers 13

Lyrisme : le poète s’adresse à la passante disparue.

Chiasme pronominal : j’ignore/tu fuis/tu ne sais/je vais.

Le rapprochement des pronoms pourrait faire croire à une possible communion entre le poète et la femme mais le chiasme ne fait qu’insister sur l’impossible coïncidence des destins de la passante et du poète.

Vers 14

Incantation : apostrophe « ô toi »

Parallélisme final « Ô toi + prop relative » qui met en valeur le pathétique de l’exclamation et l’amertume finale du poète : il suggère l’idée que la passante « savait » que le poète aurait pu l’aimer.

« j’eusse aimé » : plus-que-parfait du subjonctif = irréel du passé, amour demeuré virtuel dans le passé.

L’amour du poète pour la passante est conçu comme un fait possible, mais qui ne s’est pas réalisé. Le subjonctif apparaît ici au sein d’une proposition subordonnée relative « que j’eusse aimé » dont l’antécédent est le pronom personnel « toi ». C’est une hypothèse sous-entendue : ô toi que j’eusse aimé (si tu l’avais voulu).

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