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A UNE PASSANTE CHARLES BAUDELAIRE

Commentaire de texte : A UNE PASSANTE CHARLES BAUDELAIRE. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Mai 2016  •  Commentaire de texte  •  2 001 Mots (9 Pages)  •  4 240 Vues

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A UNE PASSANTE

CHARLES BAUDELAIRE

  1. Une rencontre fulgurante
  1. Une structure signifiante
  2. Le cadre de la rue
  3. Un « coup de foudre »
  1. Une inconnue idéalisée
  1. La beauté de la passante
  2. Le portrait d’une femme mystérieuse et ambigüe
  1. Une rencontre impossible
  1. Un poète subjugué mais impuissant
  2. Mouvement et immobilité
  3. Une dimension tragique

[pic 1]

A UNE PASSANTE

CHARLES BAUDELAIRE

Charles Baudelaire est connu comme l’un des auteurs les plus importants de la poésie française. Pourtant au XVe s, il a été un écrivain controversé en raison de ses choix d’écriture et surtout de ses sujets d’écritures. « A une passante » est tiré des Fleurs du Mal paru en 1857. Ce recueil a valu à son auteur une censure. Le poème « a une passante » est paru en 1860 pour la première fois dans la revue « L’artiste » et il a été incéré dans la deuxième édition des Fleurs du Mal, un an plus tard en 1861 il fait partie de la section « Tableau parisien » où Baudelaire se fait le peintre de la vie moderne. Ce poème est un sonnet qui raconte une scène prise sur le vif et une rencontre inattendue et porteuse de ses.

Nous étudierons en trois parties que la rencontre évoquée est fulgurante au sens, ensuite cette rencontre permet de dresser un portrait idéalisé de l’inconnu et pour finir nous verrons que la rencontre est impossible et prend donc une dimension tragique.

  1. Une rencontre fulgurante

  1. Une structure signifiante
  • Baudelaire a choisi comme forme fixe le sonnet qui permet d’opposer le moment d’apparition de la passante dans les deux premiers quatrains à celui de sa disparition de la passante dans les deux tercets.
  • Le vers 9 constitue à ce titre un vers central dans la structure antithétique : « Un éclair…puis la nuit ! ». La phrase est nominale et métaphorique. Cette structure suggère l’évanescence mise en relief par les points de suspension.
  • De plus, la rupture entre les deux moments du poème, est marquée également par un changement d’énonciation : la rencontre dans les deux quatrains est faite au passé ensuite dans les deux tercets, le poète invoque l’inconnue et il l’apostrophe à la deuxième personne du singulier (v.11, 13 et 14).
  1. Le cadre de la rue
  • Avant d’évoquer les circonstances de la rencontre, le titre de la section « Le Tableau Parisien » et le titre du poème « A une passante », nous indiquent un cadre urbain. Ici, le poète nous invite à partager une vision qui est sa vision de la ville. La première impression de la ville est une impression sonore et donc une impression péjorative « La rue assourdissante autour de moi hurlait » (v.1). Ce premier vers constitue une proposition indépendante dans laquelle la ville apparait comme un univers hostile qui encercle le « moi ».
  • Ce qu’on remarque est que les sons sont plutôt des bruits que des sons, à cause de l’adjectif « assourdissant » et du verbe « hurlait ». On trouve dans ce vers des assonances en [ou], en [u] et aussi une allitération [r] et en [s]. Elles sont là pour renforcer une impression de vacarme désagréable.
  1. Un « coup de foudre »
  • Au niveau de l’environnement agressif, la rencontre est elle-même fulgurante. Dans le vers 9, l’écrivain rapproche deux termes très antithétiques. Il oppose la lumière fulgurante de « l’éclair » à l’obscurité totale de la « nuit ». Un peu comme si l’éblouissement produisait la cécité provisoire. L’emploi de l’exclamative et la position du nom «  nuit » à la césure permet d’insister  sur une impression de vide après l’éblouissement. Ce passage brutal de l’éblouissement à la nuit montre la violence de cette rencontre.
  • On va la retrouver dans des thèmes associés, l’ »ouragan » (v.7), l’adverbe « soudainement » (v.10) ou bien du mot « extravagant » (v.6). La violence ne tient pas seulement à la soudaineté de la rencontre, elle permet également de caractériser l’état d’esprit du poète tiraillé par des émotions fortes et contradictoires, très extrêmes : la pulsion de la vie et de la mort.
  1. Une inconnue idéalisée
  1. La beauté de la passante
  • La passante surgit au vers 2 tout de suite elle semble éclipser tout ce qui l’environne. Son apparition est décrite à l’aide de deux adjectif qualificatif opposés, suivis d’un cessez de manière suivi lui-même d’un groupe nominal opposé. La description se fait donc grâce à un enjambement qui se poursuit jusqu’à la fin de 2eme quatrain.
  • L’énumération du vers 2 créée un effet d’attente en différant jusqu’au vers 3 la proposition « une femme passa »ce procédé syntaxique permet d’insister sur la grâce de cette femme longiligne. Les groupes syllabiques sont croissants : (v.2) « Longue, mince » et (v.4) « soulevant balançant ». Ce rythme des vers 2 et 4 met en valeur la distinction, la noblesse de la passante.
  • Dans le premier vers du deuxième quatrain, l’auteur emploie une métaphore qui donne à la femme évoquée une beauté sculpturale. Ce vers peut rappeler un autre poème des Fleurs du Mal intitulé la beauté et qui commence de la manière suivante «  Je suis belle ô mortel comme un rêve de pierre Et mon sein où chacun s’est meurtri tour à tour Est fait pour inspirer au Poète un amour Eternel et muet ainsi que la matière ». Cette femme semble ressembler à « La Beauté » par sa « jambe de statue » (v.5). Baudelaire semble rapprocher cette femme d’une œuvre d’art et met en relief sa beauté parfaite.
  • Par ailleurs, la tenue de cette femme contribue à lui conférer du charme «  en grand deuil » (v.2) sa tenue endeuillée l’adjectif « majestueuse » (v.3) semble insister sur son élégance, son raffinement. Le poète note un détail vestimentaire au vers 4, « le feston et l’ourlet »qui font allusion à un point de détail du vêtement, une broderie au bas de la jupe. Ce détail remarqué permet de montrer une démarche altière. Sens doute enfin peut-on penser d’une personne de la haute société.
  1. Le portrait d’une femme mystérieuse et ambigüe
  • Le titre du sonnet ne donne pas d’indication précise sur l’identité de cette femme. Baudelaire emploie des articles indéfinis : «à une passante » dans le titre  et « une femme » (v.3) mais l’allusion au « deuil » (v.2) n’est pas éclaircie. A la fin du sonnet l’artiste ne sait toujours rien de l’avenir et du passé de cette femme ce qui indique clairement le vers 11.
  • Dans le dernier vers du 1er tercet, le poète s’interroge et il s’agit d’une interrogation laissé en suspend. On retrouve la structure interrogative sous une forme indirecte (v.13) « J’ignore où tu fuis et tu ne sais ou je vais ». Le sonnet s’achève sur une incertitude quant au devenir de cette femme.
  • Par ailleurs, le mystère suscité par cette femme est renforcé par sa dualité (elle est double). Elle se trouve au vers 8 dans une caractérisation antinomique. Cette femme est à la fois apaisante et menaçante. La proximité de ces expressions dans un même vers renforce l’effet de contraste comme le parallélisme de construction (v.8). On a 2 subordonnées relatives. One peut noter l’importance du regard féminin qu’on trouve dans le vers 7, repris en échos dans le vers 8 et 10. Ce regard a 2 fonctions contradictoires. Il a un double pouvoir : de mort (v.8), puis donner la renaissance (v.10) « renaître ». Par là, l’artiste a voulu montrer le pouvoir ensorcelant de cette femme. C’est donc une femme insaisissable.
  1. Une rencontre impossible
  1. Un poète subjugué mais impuissant
  • Dans les vers 6 à 8, plusieurs procédés décrivent le bouleversement du poète. On trouve notamment une séparation du groupe verbale et le COD, « je buvais » (v.6) et « la douceur » (v.8). Cette dislocation syntaxique qui sépare le sujet + verbe de son COD, permet d’insister sur le verbe avec un imparfait à valeur durative. La comparaison à valeur hyperbolique traduit la même idée au vers 6 « crispé comme un extravagant ». Donc véritablement figé dans la folie.
  • Enfin, on remarque l’étrangeté de la métaphore et même la double métaphore « JE buvais » (v.6), « la douceur » (v.2), la douceur se rapproche du liquide par l’apposition de « l’œil » au « ciel livide ». Ces deux métaphores sont assez étranges et concourent à exprimer l’émotion du poète. Le regard faite « renaître », le poète au vers 10 ce qui suggère un pouvoir créatif.
  • Par cette contemplation, le poète gagne la capacité d’inventer. Cela dit l’image de l’ouragan (v.7) et l’exclamative du vers 9 développe un stéréotype romantique, du coup de foudre et l’idée d’une rencontre capitale vouée à l’échec puisque la passante par définition s’en va.
  1. Mouvement et immobilité
  • Dès le titre, le lecteur comprend que la communication, l’échange s’il a lieu ne peut être qu’éphémère. Le nom « A une passante est repris au vers 3 par le verbe d’usage : « une femme passa ». La disparition de la passante est soulignée par l’utilisation du verbe « fuis » (v.13) qu’on avait déjà au vers 9.
  • A l’inverse de cette passante en mouvement qui ne fait que traverser l’espace visuelle du poète, l’artiste semble figé. Au vers 6 « crispé » (p. passé) et vers 1 « autour de moi » exprimant un état d’immobilité mais aussi de tension extrême qui empêche le poète de rien dire ou de rien faire.
  1. Une dimension tragique
  • Dans ce poème, l’apostrophe du vers 9 « Fugitivité beauté » succède au récit dans les 2 tercets (v.8) et se poursuit dans une série d’exclamation avec un effet de gradation au vers 12.
  • Dans le vers 12 on observe une intensification du rythme, un crescendo :

Ailleurs/bien loin d’ici !/Trop tard !/jamais peut-être !

  • On trouve dans ce vers une succession d’adverbes de lieu et de temps qui martèlent le sentiment d’une perte irrémédiable et définitive avec l’emploi de l’adverbe « jamais ».
  • Dans le vers suivant, (v.13), les pronoms personnels « je » et « tu » sont repris en chiasme. On peut dire que « je » s’éloigne de « tu », les deux « je » sont éloignés l’un de l’autre et bouleversés par l’arrivée de « tu ».
  • Cet éloignement montre deux êtres voués à l’éloignement. La chute du sonnet fait culminer la dimension pathétique et tragique avec l’emploi de l’irréel du passé « j’eusse aimé » conditionnel passé 2e forme : c’est un passé irréalisable même dans le passé. Cela permet d’exprimer la nostalgie d’un amour manqué et le dernier hémistiche indique une connivence avec la passante qui aurait donc délibérément esquivé la passante. On peut interpréter cette fin de poème comme une conséquence de la fatalité.

Conclusion :

Dans ce sonnet, l’auteur raconte une histoire vouée à l’échec avant même d’avoir pu se construire. Le poème représente l’image d’une femme à la fois séductrice et destructrice, qui renvoie le poète à sa solitude et au sort commun à tous les êtres humains et qui est le motif de la séparation.

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