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Lettre 30 analyse linéaire

Dissertation : Lettre 30 analyse linéaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Janvier 2021  •  Dissertation  •  1 652 Mots (7 Pages)  •  1 329 Vues

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TEXTE DU DESCRIPTIF : LETTRE 30 – LES LETTRES PERSANES

Les habitants de Paris sont d'une curiosité qui va jusqu'à l'extravagance. Lorsque j'arrivai, je fus regardé comme si j'avais été envoyé du ciel : vieillards, hommes, femmes, enfants, tous voulaient me voir. Si je sortais, tout le monde se mettait aux fenêtres ; si j'étais aux Tuileries, je voyais aussitôt un cercle se former autour de moi ; les femmes mêmes faisaient un arc-en-ciel nuancé de mille couleurs, qui m'entourait. Si j'étais aux spectacles, je voyais aussitôt cent lorgnettes dressées contre ma figure : enfin jamais homme n'a tant été vu que moi. Je souriais quelquefois d'entendre des gens qui n'étaient presque jamais sortis de leur chambre, qui disaient entre eux : Il faut avouer qu'il a l'air bien persan. Chose admirable ! Je trouvais de mes portraits partout ; je me voyais multiplié dans toutes les boutiques, sur toutes les cheminées, tant on craignait de ne m'avoir pas assez vu.
    Tant d'honneurs ne laissent pas d'être à la charge : je ne me croyais pas un homme si curieux et si rare ; et quoique j'aie très bonne opinion de moi, je ne me serais jamais imaginé que je dusse troubler le repos d'une grande ville où je n'étais point connu. Cela me fit résoudre à quitter l'habit persan, et à en endosser un à l'européenne, pour voir s'il resterait encore dans ma physionomie quelque chose d'admirable. Cet essai me fit connaître ce que je valais réellement. Libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste. J'eus sujet de me plaindre de mon tailleur, qui m'avait fait perdre en un instant l'attention et l'estime publique ; car j'entrai tout à coup dans un néant affreux. Je demeurais quelquefois une heure dans une compagnie sans qu'on m'eût regardé, et qu'on m'eût mis en occasion d'ouvrir la bouche ; mais, si quelqu'un par hasard apprenait à la compagnie que j'étais Persan, j'entendais aussitôt autour de moi un bourdonnement : " Ah ! Ah ! monsieur est Persan ? C'est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être Persan ? "

PROBLEMATIQUE : Comment Montesquieu par différents procédés satiriques parviens à hisser la critique d’un caractère à une critique d’ensemble avec une réflexion philosophique.

PARAGRAPHE 1 : Le regard de Rica sur le regard que portent les parisiens sur lui-même

Groupe nominal généralisant « les habitants de Paris » : masse de population, foule. Cette périphrase illustre le cloisonnement d’esprit des parisiens par la symbolique des murs. Rica apparait, par le pdv interne de la lettre, comme un individu singulier au milieu de cette foule.

Substantifs « curiosité » et « extravagance » : annoncent la critique de la frivolité des français. La curiosité des persans est plus modérée, ils montrent un plus grand intérêt pour la culture et le fonctionnement des pays qu’ils rencontrent.

Paragraphe 1 : Champs lexical de la vue permet la mise en avant des apparences et illustre la superficialité de parisiens. Le subordonnant « comme si » (ligne2) offre un sous-entendu sur l’empire du paraitre, accentué par l’allitération en V.

Ligne 1-3 : Passage de la voix active (« j’arrivai ») à la voix passive (« fut regardé ») du passé simple. Montesquieu, par ce changement de voix, souligne la rapidité avec laquelle est né l’intérêt des parisiens pour Rica. Hyperbole « comme si j’avais été envoyé du ciel » : outrance du comportement des parisiens. Invocation de toute la population par une gradation décroissante selon la mentalité persane (« vieillard, homme, femme, enfants ») pour finir avec le déterminant indéfinis « tous » qui prouve le succès général de Rica.

Ligne 4-7 : La reprise anaphorique de la conjonction de subordination « si » associé avec l’imparfait à valeur itérative donne un effet de cadence ternaire et un aspect mécanique aux parisiens (qui peut rappeler le vers 23 de la fable « Les obsèques de la Lionne » où Lafontaine écrit que « Les gens sont de simples ressorts »). Les parisiens sont comme des obstacles qui épient Rica et réagissent à chacun de ses gestes. Il y a ici un comique de situation et Rica laisse transparaître son jugement de persan qui nous maintient dans la fiction romanesque, par exemple selon Usbek les parisiennes font preuve d’une « impudeur rare ». Avec l’hyperbole « les femmes mêmes faisaient un arc-en-ciel nuancé de mille couleurs » Rica signifie à Ibben que les parisiens sont eux aussi étranges. Au dela du comique de situation on se rend bien compte que Rica est observé mais qu’il observe aussi. On assiste à un choc des cultures.

Ligne 5 : Un cercle se forme autour de Rica, celui-ci représente la fermeture d’esprit et l’ethnocentrisme des parisiens, les français n’envisagent pas d’autres réalité que la leur. Le substantif « cercle » qui nous rappelle les cercles mondains de l’époque nous révèle bien que Rica est examiné dans le sens péjoratif du therme, on peu apercevoir le manque de respect que les français ont pour les étrangers.

Ligne 8 : Dans l’hyperbole « Jamais homme n’a tant été vu que moi » le participe passé « vu » est associé à l’adverbe de quantité « tant ». Cela met en relief la disproportion qu’il y a entre l’objet considéré et l’intérêt qu’il suscite. Plus généralement, l’emploi de figures de style d’exagération souligne la superficialité et le comportement affecté des parisiens.

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