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Le sauvage n’est pas celui que l’on croit

Analyse sectorielle : Le sauvage n’est pas celui que l’on croit. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Mars 2016  •  Analyse sectorielle  •  1 097 Mots (5 Pages)  •  1 768 Vues

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I- Le sauvage n’est pas celui que l’on croit

1- La redéfinition des termes

Montaigne formule sa thèse en réfutant les mots « barbare » et « sauvage », en ce qu’ils apparaissent péjoratifs et traduisibles respectivement en « cruel » et « grossier ». L’emploi d’un adversatif « sinon que » (l.2) insiste sur ce point, en même qu’il pose la seule condition pour que la thèse adverse soit vraie : si « barbare » marque ce qui n’est pas communément dans notre usage. Montaigne dénonce ici un point de vue autocentré qui nous pousse à croire comme parfaites et seules véritables « les opinions et usances du pays où nous sommes. » (l.4)

Il poursuit son raisonnement avec un argument par analogie, souligné par l’emploi de « de même que » (l.6). On les appelle « sauvages » de même que nous nommons ainsi les fruits. Il y a ici une première définition du mot : ce qui est sauvage est ce qui est à l’état de nature, ce qui n’a pas été modifié par l’action de l’homme. Or ces fruits sont appelés comme tels car ils dépendent de la nature. Montaigne redéfinit alors le terme par inversion du caractère péjoratif, en tendant à valoriser la nature par rapport à l’artifice : en réalité, « là où, à la vérité » (l.7), il faudrait qualifier de sauvages les fruits que nous (européens) avons altérés par la greffe, alors qu’ils étaient plus beaux à l’état naturel. Donc, il ne faut pas considérer que les hommes naturels sont sauvages ou barbares, plus loin même, ces mots devraient au contraire être appliqués à ce qui est passé par la main de l’homme qui l’a modifié.

Les barbares et sauvages sont en fait naturels, et c’est une faute de les qualifier ainsi puisque ces termes sont péjoratifs. Cette argumentation lexicale tend à prouver que la conception négative vient en fait d’une mauvaise perception des choses due à la relativité des usages.

2- La relativité des usages

On retrouve, comme dans la Controverse de Valladolid, une réflexion sur l’ethnocentrisme et la relativité des usages : « il semble que nous n’avons d’autre mire de la vérité et de la raison que l’exemple et l’idée des opinions et usances du pays où nous sommes » (l.3-4). Il oppose subtilement« vérité » et « raison », notions fortes et absolues, à « exemple » et « idées », qui désignent au contraire des éléments par définition ponctuels et précis. L’éternel s’oppose donc au ponctuel et cela sert à prouver l’obsolescence de cette conception. L’anaphore de « parfait » dans la phrase suivante sonne incontestablement de façon ironique. Il y a encore ici l’opposition entre le précis et le ponctuel, avec « pays où nous sommes », « là », et l’éternel et à la vérité générale, enfin avec le « toujours » qui montre d’emblée que c’est un préjugé faux (l.5). Cet exposé de la conviction de la perfection va avec une critique implicite : ceux qui se croient parfaits entendent même imposer leurs usages et juger les mœurs des autres, et ignorent que d’autres systèmes de pensée peuvent aussi être valables. Au modèle européen s’oppose celui de la nature « en ceux-là » (l.9).

Ainsi, barbarie et sauvagerie ne sont pas là où les européens le croient. Ils se croient supérieurs car plus civilisés, mais Montaigne va démontrer la supériorité de la nature

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