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Chronique quand nos souvenirs viendront danser de Virginie Grimaldi

Fiche de lecture : Chronique quand nos souvenirs viendront danser de Virginie Grimaldi. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Novembre 2020  •  Fiche de lecture  •  1 763 Mots (8 Pages)  •  473 Vues

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Maupassant refuse dans ce texte d'idéaliser la nuit de noces et l'amour en général. Il fait le choix de montrer la réalité crue et décevante : c'est le parti pris des auteurs réalistes, très critiques à l'égard de la nature humaine.

Dès la première ligne nous remarquons le caractère sensoriel qui est mis en place ; les verbes au passé simple insistent sur la brièveté du contact que ne semble pas souhaiter Jeanne. Elle refuse celui-ci, on ressent d’ores et déjà la répugnance éprouvée. Elle découvre au fur et à mesure cette nuit de noces qu’elle semble redouter. L’approche métonymique comme si Jeanne était décrite à travers des parties de son corps morcelé (« jambe, figure, mains » mais aussi « cou , dos » que l’on trouvent ligne 5) présence de propositions juxtaposées aux lignes 2 et 3, comme pour marquer une distanciation. D’emblée Jeanne devient une proie ( verbe blottir ) qui souhaite se protéger d’un assaut (figure de la jeune fille effarée qui ne sait comment appréhender ce contact brutal. Présence de l’adverbe « voracement » pour insister sur le caractère bestial qui fonctionne de manière antithétique avec la description vestimentaire de Jeanne et son côté apprêté (« dentelles, coiffure, col brodé »).

Lignes 7 et suivantes : petit à petit nous remarquons le crescendo dans le sentiment de peur qui s’éprend de Jeanne avec encore une fois l’analogie à l’animal traqué, emploi du verbe haleter ( biche ) : Jeanne est tétanisée par l’agressivité de gestes qu’elle ne comprend et ne connait pas (isotopie de l’horreur ) ; découverte brutale de ce que peut être une nuit de noces. Le terme d’« attouchement » peut être considéré comme un euphémisme car c’est surtout une approche violente bien loin des connotations évoquées par ce terme, « attouchement brutal », oxymore. Lignes 9-10 : Jeanne montre la dure réalité d’une nuit de noces dans son approche réaliste et les désillusions qui l’accompagnent : utilisation des verbes à l’infinitif pour souligner la fuite dans le but de se protéger avant tout ( survie ), elle se sent comme en danger, face à un homme dont elle connait finalement peu de choses ; il est comme un étranger, voire un ennemi (« cet homme », pour le qualifier ). Maupassant offre à travers l’image de la situation de Jeanne, la condition des femmes à son époque : une femme livrée en pâture à son époux.

Lignes 11-13 : le contact quasi animal est qualifié à nouveau à travers les sensations et les sentiments de crainte ( « effroi » ), decrescendo pour Jeanne qui semble avoir apprivoisé la « bête », sorte de renversement de situation ; plus le moindre assaut de sa part. L’emploi du conditionnel et le verbe « embrasser » montre le caractère illusoire d’un rapprochement amoureux, n’oublions pas qu’il s’agit d’une nuit de noces que Jeanne n’avait pas envisagée de la sorte.

Lignes 14-17 : insertion d’un dialogue pour ancrer dans le réalisme la scène de la nuit de noces : opposition évidente entre les deux protagonistes ; du point de vue de l’homme, le statut de l’épouse n’existe que si le mariage est consommé ( acte sexuel ). L’adjectif « attristée » pour qualifier la voix souligne l’absence de compassion manifeste de l’homme qui cherche seulement à attendrir J. On perçoit tout le cynisme de l’homme à travers la question qu’il pose et l’emploi de l’adjectif « petite » pour qualifier la femme et le vouvoiement qui donne un semblant de distinction dans la relation entre les deux personnages. On remarque la retenue de Jeanne qui reste méfiante et semble désemparée par la question posée. L’homme cherche en quelque sorte à culpabiliser J, à la pousser dans ses retranchements et accepter enfin le rapprochement des corps. On voit d’ailleurs cette « manipulation » à travers l’effet de ce dialogue sur J : les termes de « remuée », mais aussi « pardon » soulignent chez J la difficulté de se repérer, de prendre sa place dans le « couple ». Elle ne connait pas les « codes » elle est quelque peu rabaissée.

Lignes 20-26 : après la pause du dialogue, retour à la dure réalité avec l’emploi du passé simple (action brève ) pour marquer la violence de l’acte sexuel à proprement parler, elle-même accompagnée de l’adverbe « rageusement » : l’image est à nouveau celle d’un animal qui se laisse aller à ses plus bas instincts pour posséder celle qu’il a épousée et qui est vue telle un objet que l’on consomme au sens littéral du terme : on note la successions de propositions indiquant le parcours initié par Julien qui découvre ce corps et se l’approprie par bribes ( morceaux ). Chaque proposition imprime le rythme donné par ce dernier avec une gradation dans le choix des adjectifs : « rapides, mordants, fous » comme pour souligner le côté instinctif de l’acte, pas d’intervention rationnelle, de douceur, de précaution. Attitude très individualiste qui met Jeanne dans une situation dans laquelle elle ne semble avoir aucune emprise, elle est entrainée dans une sorte de tourbillon qui l’empêche d’analyser la situation (« ne sachant plus, trouble de pensée» ). Le narrateur la dépeint comme si elle était morte ; de plus la caractéristique « mains inertes » lui donne une posture quasi christique, d’offrande,

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