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Sujet d'interprétation sur le Gorgias de Platon

Dissertation : Sujet d'interprétation sur le Gorgias de Platon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Mai 2023  •  Dissertation  •  2 330 Mots (10 Pages)  •  370 Vues

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Sujet d’interprétation philosophique

Comment se construit ici la différence entre ce qui est nommé « flatterie » et ce qui constitue un art véritable et, en particulier, que signifie la phrase : « elle (la rhétorique) correspond dans l’âme à ce qu’est la cuisine pour le corps » ?

     La rhétorique est une pratique très courante lors de la Grèce Antique où tous les échanges sont principalement oraux. Cependant, à cette époque où le discours est donc très important pour faire entendre sa voix, toute pratique n’est pas forcément positive. Certains se mettent à utiliser le discours comme un moyen de s’enrichir et se mettent alors à donner des leçons aux plus fortunés sur cet art. Seulement, si les motivations sont questionnables, les enseignement peuvent l’être encore plus, notamment dans leur contenu.

C’est ici ce dont traite le texte que nous allons étudier, il  expose la thèse de Socrate sur la vraie nature de la rhétorique qui est si souvent associée au discours. Pourtant elle peut aussi être associée à la flatterie.

En effet, dans cet extrait du Gorgias retranscrit par Platon, un des disciples de Socrate, nous pouvons découvrir l’avis de ce dernier sur la rhétorique notamment par les différentes analogies qu’il fait.

Mais alors comment se construit ici la différence entre ce qui est nommé « flatterie » et ce qui constitue un art véritable et, en particulier, ce que signifie la phrase : « elle (la rhétorique) correspond dans l’âme à ce qu’est la cuisine pour le corps »?

C’est ce que nous allons voir en étudiant dans un premier temps les différentes analogies créées par Socrate et en quoi elle nous aide à comprendre sa définition de la rhétorique.

Puis dans un second temps nous analyserons les dangers qu’évoque Socrate face à la rhétorique.

     Pour illustrer ses propos, le philosophe nous propose différents analogies pour montrer sa vision de la rhétorique. Il la considère comme une « flatterie » qu’il critique alors. Tout d’abord, il est intéressant de savoir que pour Socrate il existe deux réalités : la réalité intelligible qui concerne l’âme et se détache de toute possession physique pour avoir une certaine liberté et légèreté pour philosopher. Et puis il y a la réalité sensible qui mue sans cesse et où toute chose est vouée à disparaître.

La flatterie est l’action de complimenter de façon excessive et intéressée, elle est en totale opposition avec la définition de ce qui est un art que nous fait Socrate dans le Gorgias : c’est un long cheminement vers le bien. Ainsi, nous pouvons donc dire qu’elle s’éloigne de la démarche spirituelle de la réalité intelligible.

Socrate commence d’ailleurs par exposer des exemples relatant au corps et à la réalité sensible pour nous montrer sa vision de la rhétorique.

   La première analogie que l’on rencontre dans ce texte et celle de la cuisine et de la médecine. En effet, la cuisine étant l’action d’apprêter des aliment et d’en faire des mets pour faire vivre aux sens une expérience agréable et plaisante. La médecine, à l’inverse est un ensemble de connaissances scientifiques et de moyens mis en oeuvre pour la prévention, la guérison ou le soulagement des maladies, blessures ou infirmés. L’un est donc fait pour prendre soin du corps humain et pour le maintenir sain et en bonne santé alors que la cuisine n’a pour seul but que de créer un plaisir à la dégustation. L’auteur décrit la cuisine comme « la forme de flatterie qui s’est insinuée sous la médecine ». La cuisine fait donc ici partie des différentes formes de flatteries et vient s’opposer à l’art de la médecine. En effet, chacun est un apport fait au corps humain cependant l’un va venir soigner et maintenir en forme tandis que l’autre ne va rien améliorer de la condition physique. Nous comprenons donc que l’art important pour l’Homme est donc la médecine puisqu’elle participe à sa longévité mias que malgré cela, la cuisine est populaire auprès de la population athénienne car elle représente la tentation et le plaisir.

 L’analogie suivante est celle qui met en comparaison l’esthétique et la gymnastique : « sous la gymnastique, c’est l’esthétique qui s’est glissée ». Ici, l’élément comparable à la flatterie est l’esthétique que le philosophe critique comme étant un subterfuge jouant sur les apparences. En effet, la gymnastique qui est un ensemble d’exercices physiques destinés à développer ou rééduquer le corps humain est mise en opposition avec une description assez longue d’actions à réaliser pour se rendre beau par l’esthétique. L’auteur décrit l’esthétique comme « quelque chose malhonnête, trompeuse, vulgaire, serviles et qui fait illusion en se servants de talons et de postiches, de fard d’épilation et de vêtements ». Cette description du philosophe semble excessive et représente donc bien sa vision de l’esthétique : peu importe toutes les couches artificielles qu’on essaye de s’ajouter pour avoir seulement l’impression d’être en bonne santé, la gymnastique est beaucoup plus efficace puisqu’elle ne nécessite rien d’autre que son corps pour se maintenir réellement en forme. Cette idée est d’autant plus renforcée par l’utilisation du terme « beauté d’emprunt » pour désigner le résultat acquis par l’usage de l’esthétique : on obtient un résultat certes plaisant mais qui ne dure pas et qui ne fait qu’imiter ce à quoi on ressemblerai si on pratiquait vraiment de la gymnastique et si on était en bonne santé.

   Une fois ces analogies faites sur le corps et la réalité du sensible, il reprend ses explications pour les appliquer à la rhétorique et le rôle qu’elle joue dans la prise de décision athénienne. Nous passons donc à des analogies concernant le monde de l’intelligible puisqu’elles permettent de comparer la flatterie face à des concepts plus abstraits (qu’on ne peut pas toucher dans le monde sensible) tels que le juste.

Pour faire comprendre son raisonnement, il explique donc que « l’esthétique est à la gymnastique ce que la sophistique est à la législation ». Le philosophe explique donc que dans ce cas il faut voir la sophistique comme l’esthétique et la législation comme la gymnastique. En effet, la sophistique est une méthode d’enseignement pratiquée par les rhéteurs lors de la Grèce Antique. Ils sont très critiqués notamment sur le contenu de leurs leçons qui coûtaient très chères et où l’on apprenait à discours grâce à l’utilisation de la rhétorique. Étant un déploiement d’éloquence et de moyens oratoires pour persuader elle va donc complètement s’opposer à la législation, qui est l’action par laquelle sont élaborées, adoptées et édictées les lois d’Athènes. Socrate explique que dans un tel domaine, le plus important est d’être juste. Ainsi, la sophistique et la rhétorique s’opposent naturellement t à ce principe puisque leur essence même est de plaire et persuader les foules. Dans d’autres passages du Gorgias, l’auteur décrit même les rhéteurs comme des manipulateurs d’opinion ce faisant passer pour des connaisseurs sur un sujet et éclipsant toute légitimité à des vrais professionnels du domaine. Le problème soulevé par Socrate est donc que dans de telles conditions où certains peuvent faire croire n’importe quoi à une foule, il est facile de profiter de cet avantage pour en tirer profit plutôt que de privilégier ce qui est juste.

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