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Jean Giono, solitude de la pitié

Dissertation : Jean Giono, solitude de la pitié. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Octobre 2021  •  Dissertation  •  2 108 Mots (9 Pages)  •  3 810 Vues

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DISSERTATION - SUJET 0 - GROUPE 2

  1. INTRODUCTION

Jean Giono, un des premiers auteurs écologistes, écrit le recueil “Solitude de la pitié“ en 1932, période d’entre deux guerres, où les thèmes clés abordés sont la guerre et la nature. Ici, sa nouvelle “la grande barrière” rend compte de la maltraitance animale et du fossé entre les espèces, d’où le terme “barrière”, et à travers un registre tragique, amène le lecteur à réfléchir sur la relation Homme-animal.

Nous nous interrogerons donc sur le regard que Giono porte sur la grande barrière érigée entre les Hommes et les animaux et sa pertinence actuelle afin de caractériser la relation inter-espèce. Nous commencerons par définir ce que l’auteur désigne par l’image de la “grande barrière”, puis les moyens mis en place pour dépasser cette barrière qu’il qualifie de solide.

  1. DÉVELOPPEMENT

Partie 1 : Définition et caractéristiques de la grande barrière.

Définition du terme « barrière » dans une dimension symbolique 

Dans le texte de Jean Giono la grande barrière est une frontière qui symbolise une rupture entre les hommes et les animaux, qui altère leur communication et creuse un fossé entre les espèces. Selon l’auteur, elle s’est construite suite aux violences et maltraitance des hommes envers les animaux. Cette thématique a été traitée de nombreuses fois par plusieurs auteurs, par Kesse dans “Le lion” où les rapports entre l’Homme et les animaux sont basés sur la crainte et l’incompréhension, et par Yakouba qui relate l’histoire d’un jeune garçon qui doit prouver sa bravoure en combattant et tuant un lion lors d’un rituel.

Giono illustre cette “grande barrière” par sa main humaine plus terrifiante que l’attaque sauvage des corbeaux sur la hase et ses petits. Il décrit les corbeaux en leur conférant les caractéristiques du “méchant” (“vieux sauvages”, “vieux durs”, “gros freux rablés”) en utilisant notamment le procédé de la personnification pour associer le corbeau à l’humain (“les vieux durs qui ont chassé le rat ou la marmotte pendant l’hiver”). Le terme “épave” associé aux corbeaux peut également faire référence aux avions qui volaient pendant la 1ère Guerre Mondiale. Et bien que Giono, spectateur de la scène de l’attaque, nous sensibilise sur la cruauté des corbeaux envers la hase sans défense, il nous rappelle que celle de l’homme est bien plus importante (“la bête mourait de peur sous ma pitié incomprise”, “j’étais l’homme et j’avais tué tout espoir”).

Une distinction forgée par l’homme au cours du temps

De tout temps l’homme est un prédateur pour l’animal, il le chasse, s’en nourrit et se sert de son pelage. Deux mondes opposés qui ne se comprennent pas jusqu’à ce jour. Pour sa propre tradition, l’homme doit tuer un animal « sans défense ». Pour le spectacle et le divertissement, des hommes maltraitent et tuent des taureaux (la corrida), utilisent des animaux sauvages (le cirque) pour leur propre divertissement. Enfin, pour sa consommation, l’homme exploite et maltraite à outrance des animaux sans défense.

Giono, qui par élan d'empathie envers la hase, souhaite lui donner de la pitié et accompagner la bête dans ses derniers moments “je ne peux pas te guérir, mais je peux encore te garder”, réalise qu’en faisant partie des hommes il est lui-même coupable de la souffrance de l’animal “Il en a fallu de nos méchancetés entassées pendant des siècles”, et que cet élan envers l’animal n’y changera rien même si l’auteur se considère comme une âme pure “s’il en est un pour qui la grande barrière devait tomber…”.

Une barrière cruelle

 

Jean Giono rend compte de la cruauté de la barrière sous différents aspects.

Tout d’abord, cette nouvelle s’inscrit dans le recueil “Solitude de la pitié”. Il utilise ce format  car il favorise une prise de conscience. Tout est concentré vers le dénouement qui amène à réfléchir sur la maltraitance animale.

On perçoit alors rapidement le ton donné. Il nous fait part dans ce texte de la pitié qu’il ressent pour la hase et celle qu’il a en général pour l’ensemble des animaux torturés. L’action est décrite très longuement, le récit adopte un rythme lent tout comme la souffrance de l’animal.  

Ensuite, ce récit réaliste utilise le registre tragique. Il se sert de ce qu’il observe pour dénoncer et critiquer les actes des hommes. Ce choix vient accentuer la solidité de cette « grande barrière » et montre l’importance du fossé entre les Hommes et les animaux.

Giono emploi des mots appartenant au champ lexical de la souffrance (« dolente », « éperdue », « blessée », « déchirée », « douleur », « chair vive ») et de la pitié (« gémissement », « plainte », « la pauvre »). Ces deux derniers mots sont même isolés dans le texte pour en accentuer le sens. Le terme “pitié” est lui employé à plusieurs reprises dans un processus de répétition et d’amplification (“la pitié, (...) de la pitié, tout un plein cœur de pitié”). Cela plonge le lecteur dans cet univers triste et douloureux. Il utilise également une succession de verbes d’action (“s’empêtra”, “trébucha”, “tomba”) qui rend compte de la longue détresse de l’animal. Cette sensation est encore renforcée par différentes comparaisons (« la douleur était visible comme une grande chose vivante”, “comme une bête qui se vautre dans la boue”).

De plus, Giono illustre cette barrière cruelle par des procédés stylistiques tels que la polyptote “je souffre de ta souffrance” ou bien l’hyperbole “la bête mourrait de peur”. Il se met à la place de l’animal pour décrire toute la souffrance qu’elle subit.

Plus généralement, on retrouve tout au long du texte des références à la souffrance (“éponge sanglante”, “crevées de coups de becs”, “déchirées par le croc”).

 

 

 

Partie 2 : Moyens au service du dépassement de cette barrière.

 

Une tentative de franchissement de la barrière inter-espèces

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