Réorganisation des coordinations visuo-motrices

Réorganisation des coordinations visuo-motrices

I- Introduction

L’adaptation est une caractéristique des organismes, qu’ils soient simples ou complexes, qui consiste en une modification des paramètres de leur fonctionnement de manière à répondre au mieux à des changements de l’environnement.

Une adaptation fonctionnelle modifie une ou plusieurs fonctions perceptuo-motrices et cognitives. Elle correspond à une reconfiguration dynamique des réseaux et permet au système nerveux central de démontrer une grande flexibilité lors de changements dans l'environnement ou de modifications des buts poursuivis.

Deux modalités sensorielles principales sont impliquées dans ce processus : la vision et la Proprioception.

Il est possible de recréer expérimentalement des changements de l’environnement du sujet. Cette étude portera sur l’adaptation de sujets humains à une situation sensori-motrice : port d’un prisme.

On pourra alors étudier l’adaptation des individus dans une tache motrice : le pointage de trois cibles par la main dominante et donc parallèlement la recalibration de l’intégration sensori-motrice.

L’orientation spatiale durant les taches nécessite une mise à jour dynamique des représentations des relations entre le corps et l’environnement. Ceci repose sur une intégration centrale des informations multi sensorielles, mais aussi sur la comparaison des signaux sensoriels et moteurs.

Les conflits Visio-proprioceptifs sont étudiés en utilisant un prisme qui permet de déformer l'information visuelle par rapport au réel.

Ces processus adaptatifs sont tels qu’un organisme peut apprendre à fonctionner correctement dans un environnement qui n’est pas son environnement d’origine, dans lequel il s’est développé.

Dans ce modèle l’intégration multi-sensorielle est basée sur une pondération des informations proprioceptives et visuelles en fonction de la direction, et a pu être confirme par des expériences de pointage de cibles dans différentes conditions.

A la fin du 19ième siècle, Stratton a utilisé ce type de lunettes avec un décalage de 180° inversant le haut et le bas et la droite et la gauche. Mais il n’est pas le seul à avoir étudié ce phénomène par diverses expériences. Plus récemment J.Paillard et D.Beaubaton ont publié en 1978 un ouvrage dans lequel ils décrivent les expériences qu’ils ont réalisé dans le but d’étudier l’adaptation visuo-motrice. « De la coordination visuo-motrice à l’organisation de la saisie manuelle ».

II- Matériel et méthode

Afin d’évaluer la réorganisation des coordinations visuo-motrices du sujet, celui-ci doit effectuer des pointages dans différentes conditions.

Le sujet est assis et placé à 50cm des cibles visuelles et de façon à voir correctement les 3 cibles. Les cibles sont représentées par 3 traits verticaux séparés de 11cm sur une feuille de papier. Chacun des traits est nommé par une lettre : A, B et C. La partie haute et la partie basse de chaque cible est séparée par une planche afin que lors du pointage le sujet ne puisse pas voir sa main.

Différentes listes de pointages ont été préparées aléatoirement afin que l’ordre de pointage des cibles ne soit pas connu par le sujet. Chaque liste est constituée de 15 lettres (A, B et C) où chacune des lettres est retrouvée 5 fois dans la liste. Chaque liste est représentée par une couleur. La couleur représente l’une des différentes phases d’une situation.

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Chaque protocole comporte 2 situations expérimentales. Chaque situation est divisée en 2 pré-tests (N1 en vision normale et P1en vision prismatique), une recalibration (exposition active ou passive de la main dominante ou non dominante durant 5min ou 30s) et de 2 posts-tests (P2 en vison prismatique et N2 en vision normale).

Schéma général d’un protocole :

Les situations 1 et 2 sont séparées par une pause de 5min environ afin que le sujet se réadapte complétement à son environnement visuel normal pour cela ce dernier doit se déplacer, se détendre, …

Les lunettes prismatiques monoculaires utilisées sont composées d’un prisme de 20 dioptries produisant une déviation latérale du champ visuel de 11° vers la gauche.

L’expérimentateur se charge de dicter les listes, de mettre et d’enlever les lunettes prismatiques au sujet.

Pour l’ensemble des situations le sujet ne doit pas bouger la tête, ni voir ses main lors des pointages. Durant les étapes de recalibration passive la main doit être bien visible par le sujet et ne doit absolument pas bouger, lors de la recalibration active de la main le sujet doit effectuer un pointage vers les cibles de manière aléatoire tout en gardant la tête immobile.

Une fois les protocoles réalisés, on mesure, pour chacun des points, la distance d’éloignement par rapport à la cible tout en tenant compte du sens de déviation du prisme.

La médiane des points de chacune des séries de pointage sera utilisée pour les calculs des indices.

Les indices à calculer sont les suivants et selon les formules adéquates :

 Déplacement réel du au prisme : P1-N1

 Correction due à la vision de la main : P1-P2

 Indice ou pourcentage de réorganisation : [(P1-P2)/(P1-N1)]x100

 Effet consécutif : [(N1-N2)/(P1-N1)]X100

III- Résultats

1) Protocole 1 :

Sujet : Julia

Situation 1 :

 Vision normale N1 : les pointages sont décalés vers la droite

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 vision prismatique P1 : les pointages sont décalés sur la gauche

 Vision prismatique P2 : après recalibration avec exposition active de la main dominante, les pointages sont décalés sur la gauche mais le décalage est moins important qu’en P1

 Vision normale N2 : les pointages sont encore plus décalés vers la droite que pour N1

Situation 2 :

 Vision normale N1 : les pointages sont proches des cibles et légèrement décalés sur la droite

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