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De l'éducation à l'accompagnement, quels changements pour le travail social ?

Fiche de lecture : De l'éducation à l'accompagnement, quels changements pour le travail social ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Juillet 2022  •  Fiche de lecture  •  1 737 Mots (7 Pages)  •  402 Vues

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Luc Verbesselt

luc.verbesselt@uha.fr 

FICHE DE LECTURE – De l’éducation à l’accompagnement, quelles questions pour le travail social?

03/07/2022

Références de l'article aux Normes APA-7 :

Michel, M. (2013). De l’éducation à l’accompagnement, quelles questions pour le travail social ? Vie sociale, 4(4), 177190. https://doi.org/10.3917/vsoc.134.0177

Informations relatives à/aux auteurs (avec sources) ainsi qu'à la revue (revue à comité de lecture ou non, spécialité…) :

Mireille Michel, éducatrice spécialisée de formation, formatrice en travail social. Article tiré d’un travail de M2 en sciences de l’éducation et de la formation. A soutenu une thèse en 2018 portant sur la formation des éducateurs spécialisés intervenant auprès de publics en situation de handicap. Pas d’autre article recensé sur Cairn.

Vie Sociale est une revue à Comité de rédaction et comité scientifique qui traite des questions spécifiques au champ de l’action sociale.

Mots Clés : Accompagnement, Education, Paradigme, Praxis, 

Résumé – 50 lignes :

Problématique : L’auteure interroge le développement de la notion d’accompagnement dans le champ de l’éducation spécialisée, logiques qui la sous-tendent ainsi que les conséquences pratiques qui en découlent.

Démonstration de l’auteure :  Partant de l’idée que la pratique de l’accompagnement, considéré comme un espace transitionnel et dialectique, est une revendication récente des acteurs de l’éducation spécialisée, Michel pose l’hypothèse qu’il s’agit d’une nouvelle forme d’éducation.

Pour Michel, s’appuyant sur Merrieu, l’éducation est une relation temporaire, dissymétrique entre un éducateur, ayant acquis des savoirs, expériences et un éduqué qui a besoin de cette relation comme d’une référence en vue de devenir un sujet. Deux traditions s’opposent dans l’histoire de l’éducation : l’une normative, visant à adapter, socialiser un individu par rapport à un environnement (théories exogènes, approche de l’apprentissage), la seconde se revendiquant à l’inverse d’une dimension maieutique visant à échapper aux conditionnements sociétaux (théories endogènes, approche de l’éducation). L’enjeu aujourd’hui est davantage d’articuler ces approches que de les départager. La notion d’accompagnement apparaitrait selon Michel au travers du vocabulaire de la formation. L’accompagnement n’appartient pas à un champ disciplinaire spécifique, il a une dimension palliative des difficultés de l’accompagné, il implique de l’accompagnant une capacité à prendre en compte le contexte autant que les situations individuelles des accompagnés.

Michel constate que les 3 grands intégrateurs sociaux (école, religion et famille) sont remis en question à la fin du XXème siècle, phénomène apportant à la fois liberté et insécurité à la source de la demande d’accompagnement dans tous les domaines, paradoxalement au moment précis où la société s’individualise massivement. A partir des travaux de Le Bouëdec, Michel recense trois processus inhérents aux pratiques d’accompagnement : l’accueil/écoute, l’aide au discernement/à la décision, le cheminement conjoint. La pratique de l’accompagnement interroge la notion de dépendance et de vulnérabilité de l’accompagné pour favoriser un processus d’autonomisation et son émergence en tant que sujet. L’accompagnement implique l’adhésion des deux parties, l’accompagnant tire sa légitimité et son autorité de l’institution, espace de médiation et tiers dans cette relation dissymétrique dont elle prévient les dérives.

Michel entend ainsi l’accompagnement, dont la technicité s’enracine dans l’expérience et les compétences mises en œuvre, à une praxis, réclamant de l’accompagnateur un accueil inconditionnel de l’autre ainsi qu’une reconnaissance tout à la fois de sa vulnérabilité et de ses compétences. L’accompagnement est, un espace transitionnel, une troisième voie entre le tout social et le tout individuel offrant une alternative au délitement des intégrateurs sociaux et permettant d’offrir une réponse contractuelle aux besoins de l’individu.

Michel revient sur l’idée de l’accompagnement comme espace de transition, pointant la complexité de la posture lorsque le projet de l’accompagné n’est pas défini. S’appuyant sur Van Gennep (transition sociale) et Winnicott (transition subjective) elle explore les dimensions sociales et psychiques de la transition. Van Gennep distingue trois temps de la transition que Michel transpose à l’accompagnement : séparation du groupe d’appartenance, transition/épreuves, réincorporation du groupe d’appartenance après les épreuves. Elle interroge toutefois ce modèle dans le cas d’un accompagné passif ou de non rétablissement de la situation pouvant entrainer une chronicisation de l’état d’accompagnement et donc de l’éloignement social. Pour Winnicott, la transition fonde la condition humaine, permettant l’individualisation sous réserve d’une adaptation suffisante de la mère, de sa capacité à appréhender les besoins de son enfant conjuguée à la capacité de l’enfant à exprimer ses besoins. Ce modèle apparait également transposable à Michel.

A partir des travaux de Boutinet, Michel analyse les paradoxes de l’accompagnement comme régulateur social et structurel:

  • Paradoxe temporel : l’accompagnement se présente comme une transition visant l’aboutissement d’un projet qui s’il n’aboutit pas induit un accompagnement à durée indéterminée
  • Paradoxe relationnel : l’accompagnement implique une relation égalitaire, exempte d’enjeu de domination tout en étant de fait dissymétrique.
  • Paradoxe du lien social : l’accompagnement pallie la solitude de l’accompagné tout en visant son autonomisation à partir du lien social recréé. L’objectif de l’accompagnement lorsqu’il perd en clarté peut glisser et faire du maintien de la relation le seul objet motivant son existence.
  • Paradoxe de la demande : l’accompagnement est conditionné par une demande que l’accompagné est souvent en mal de formuler, faute de projet

L’accompagnement témoigne ainsi de nouvelles formes sociales et des bouleversements du rapport social/individu. Il se distingue donc des visées traditionnelles de socialisation portées par l’éducation, il matérialise, dans un espace personnalisé, le droit à l’intégration sociale de tout individu. La pratique suppose une mise en activité de l’individu, marquant un passage du travail sur autrui au travail avec autrui. C’est bien un changement de modèle social qui est à l’œuvre, induisant de nouveaux fonctionnements institutionnels.

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