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Baudelaire, Les Fleurs du mal, « La chevelure », Spleen XXIII

Cours : Baudelaire, Les Fleurs du mal, « La chevelure », Spleen XXIII. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  29 Septembre 2018  •  Cours  •  3 107 Mots (13 Pages)  •  1 329 Vues

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  1. Baudelaire, Les Fleurs du mal, « La chevelure », Spleen XXIII

Introduction

Le poème étudié, La Chevelure, est représentatif de la recherche de l'idéal et du travail sur les correspondances de Baudelaire. C'est le poème 23 du recueil, il est situé dans première partie de la section « Spleen et idéal » des Fleurs du mal, plutôt consacrée à l’Idéal. C'est un poème lyrique composé de 7 quintils (35 alexandrins) aux rimes croisées et embrassées dans lequel Baudelaire évoque la chevelure de la femme aimée qui lui ouvre tout un monde de sensations qui lui permettent d'approcher de l'idéal. Il est caractéristique de l’inspiration exotique fréquente chez Baudelaire (par exemple dans « Parfum exotique »). Tout laisse à penser que la figure féminine, lascive et sensuelle, évoquée par le poème est celle de Jeanne Duval, la compagne métisse de Baudelaire (les poèmes XXII à XXXIX des Fleurs du mal constituent ce que l’on appelle le cycle de Jeanne Duval).

Comment l’amour mène-t-il à l’Idéal ?

  • Une ode à l’amour
  • Un procédé par analogie
  • L’Idéal : une quête assouvie ?

I/Une ode à l’amour

  A/ Une invocation lyrique

  • Le poète s'exprime à la première personne et montre son exaltation pour la  chevelure de la femme aimée (apostrophes, exclamations au v.1-2-3-5 et interrogation rhétorique).
  • Un destinataire ambigu : le tutoiement employé marque une intimité entre le poète et celle à qui il s'adresse mais est-ce la femme ou la chevelure ? Le poète s'adresse à la chevelure dès le début : apostrophes lyriques « O toison », « O boucles ! ». Mais le pronom personnel « la » du v.5 introduit une ambiguïté dans l'énonciation : le poète ne parle pas à la chevelure mais de cette chevelure. Tantôt il en parle à la 3ème personne : « je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse / Dans ce noir océan où l'autre est enfermé » ou il s'adresse à la femme aimée  qui possède cette chevelure : « ton parfum » renvoie à « ô mon amour ! », « ma main dans ta crinière lourde » (v. 31).

  B/ Un amour sensuel

  • Thème de l'amour présent à travers l’expression des sentiments : « ô mon amour », « ma tête amoureuse ».
  • L'évocation du lieu de l'amour avec « l'alcôve obscure » tout comme le moment évoqué « Ce soir » (v.3) et l'idée de nonchalance « parfum chargé de nonchaloir » (v.2), le terme « désir » (v.33) renvoient à l'amour physique.».

  C/Un éloge de la chevelure

  • L'amour s'exprime surtout à travers l'éloge de la chevelure.
  • Baudelaire reprend l'idée du « blason »qui  était une forme poétique très prisée à la Renaissance et à la période baroque décrivant de manière détaillée sur le mode de l'éloge ou du blâme une partie du corps.
  • Eloge de la chevelure: La chevelure est au centre du poème « toison », « boucles », « tresses », «mèches », «crinière », «cheveux bleus ».
  • Vocabulaire mélioratif (apostrophes)
  • Parfum de la chevelure omniprésent « parfum » , « senteurs confondues » , « aromatiques ».
  • La chevelure déifiée : « O toison », «moutonnant », « encolure » cette métaphore filée animale n'est pas sans évoquer la toison d'or mythologique, ce qui lui donne une dimension divine.
  • Magnifiée par des images qui lui donnent la dimension de l'infini : « mer d'ébène » « noir océan ».

 - La référence aux perles précieuses : « les vaisseaux glissant dans l'or et dans la moire »( la moire =aspect soyeux, changeant d'une surface par ressemblance au tissu du même nom :« Sèmera le rubis, la perle et le saphir ».

 

La chevelure est donc tout d'abord un poème d'amour mais si  la femme aimée est admirée, c'est grâce à son pouvoir d'évasion et de rêve qui entraîne le poète vers l'ailleurs.

II/Un procédé par analogie

  • 2e vers : Baudelaire sollicite l’odorat par évocation du parfum => tension vers l’exotisme et la sensualité (champ lexical, fusion des perceptions sensorielles).
  • La chevelure est un tout englobant l’être féminin et le plaçant dans un mysticisme.
  • Femme icone chez l’auteur.
  • Désir perceptible à travers le verbe vouloir.
  • Quête omniprésente avec les vers de mouvement.
  • Femme : moyen et but => dimension symbolique

III/L’Idéal, une quête assouvie ?

  • Le monde décrit est un monde rêvé, une vision « rêve ».
  • Accent sur la nonchalance, car langueur accentue la durée (adverbes de temps) => Imprime la délicatesse dans les moindres manifestations de la femme.
  • Evocation de la femme mène à une spiritualité sensible dans le vocabulaire.
  • La dernière strophe sonne comme un hommage au Parnasse et à la nécessaire vacuité de l’art.  
  • « La langoureuse Asie et la brûlante Afrique» traduit une volonté de représenter un monde lointain et exprime cette intense envie de partir vers un endroit qui, hélas, n’existe pas. Confirmé par l’emploi de l’adjectif « lointain » et défini comme « absent presque défunt » le monde de Baudelaire est idéal. Ainsi ce qui rend le bonheur de l’auteur si fort c’est qu’il est introuvable.
  • En effet « ce bonheur exotique », à travers les métaphores devient de moins en moins accessible.

Conclusion

Baudelaire a recours ici à une forme poétique traditionnelle (le blason, un poème en vers réguliers) et au lyrisme, même s'il n'est pas aussi expansif que celui des romantiques, pour exprimer son amour pour la femme aimée.

Baudelaire, Les Fleurs du mal, « La chevelure »

Introduction

Lorsque Baudelaire, poète du XIXème, publie en 1857 la première version de son célèbre recueil, Les fleurs du mal, le romantisme se termine et les Parnassiens sous la houlette de Gautier affirment leur conception de « L’art pour l'art ». Baudelaire à la fois héritier de la tradition poétique classique et de la poésie baroque du XVIIème, marqué par le romantisme et admirateur de Gautier, affirme dans ce recueil une conception originale de la poésie qui  va complètement renouveler le genre. En effet, comme le titre l'indique, les Fleurs du mal  proposent un cheminement poétique nouveau issu de l'expérience de la souffrance, de la laideur et du mal.  L'esthétique des Fleurs du mal de ce fait est souvent provocante, ce qui vaut au recueil d'être censuré à sa publication et remanié en 1861. Le poète en effet va extraire de cette expérience négative du monde « le beau » et en faire des « fleurs », c’est-à-dire des poèmes. Cette démarche s'appuie sur la capacité du poète à établir des « correspondances » entre les diverses perceptions sensitives mais aussi entre le monde sensible et le monde spirituel. La poésie acquiert ainsi une fonction métaphysique et existentielle nouvelle : il s'agit de tenter d'atteindre grâce à la poésie un idéal.

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