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Le Pauvre - Georg Simmel

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Par   •  18 Janvier 2014  •  936 Mots (4 Pages)  •  971 Vues

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Un des fondateurs, avec Max Weber, de la sociologie en Allemagne, Georg Simmel (1858-1918) a dès son vivant la réputation d’un penseur discordant au sein même de cette discipline naissante. Cent ans plus tard, à l’heure où il est question de « sortir l’assistanat » et dans le débat sur l’exclusion sociale, revenir à ses analyses pionnières sur la pauvreté et l’assistance peut nous doter d’outils pour déchiffrer les discours et distingues les concepts : « assistance », « solidarité », « charité », ou encore « mérite ».

Compris dans l’ouvrage le plus systématique de Simmel, la Soziologie de 1908, Le Pauvre illustre sa méthode sociologique et constitue un des volets de cette grande typologie du lien social comprenant « L’Etranger » et « Le Conflit ». Qui s’attendrait à trouver ici une sorte d’écho théorique au Misérables serait peut-être déçu. Sans mettre en lumière le vécu des pauvres, l’analyse de Simmel plonge pourtant au plus profond du phénomène d’exclusion. En dépit du titre, Le Pauvre (un singulier en allemand) n’examine pas les rapports entre un individu « substance » et un « tout » contraignant – la société –, mais s’attache à situer la « position formelle » du pauvre vis-à-vis du tout social. Que faut en effet comprendre lorsqu’on en parle comme d’une position « dévalorisée » et « marginale » ?

D’où la complexité de l’analyse, et sa grande fécondité : la pauvreté est une de ces formes qu’il faut situer sous l’éclairage de l’interaction ; elle est à situer par rapport à la réciprocité des droits et des devoirs qui fondent la société. Avant tout, c’est sons traitement même – la relation d’assistance – qui fait apparaître : est pauvre celui qui reçoit une aide et l’accepte. Ou dans les mots par où le texte se conclut : « ce qui fait que le pauvre est un pauvre n’est pas l’état de besoin dans lequel il vit. Au sens sociologique du terme, est pauvre uniquement celui que son besoin porte à être assisté. » Telles est la « définition sociale », et non « individuelle », du pauvre en tant que personne.

Au-delà de cette définition, il y a bien des questions qui demeurent et que l’auteur passe en revue. Si le pauvre a droit à l’aide, vis-à-vis de ce qui ce droit joue-t-il ? Si la société a le devoir d’aider, comment remplit-elle ce devoir sans se nuire à elle-même ? Des trois formes d’interaction qui se dégagent : un droit du pauvre à être secouru, une obligation sociale d’assistance sans droit correspondant pour son bénéficiaire et, enfin, un devoir moral d’assistance privée, Simmel se pense longuement sur la plus complexes : l’assistance prise en charge par la totalité. Autrement dit, il examine surtout les structures supra-individuelles de l’assistance publique moderne, nationale et centralisée, dans nos Etats providence.

Ici surgit en effet le problème d’une rupture du principe de réciprocité : « l’Etat a l’obligation d’aider le pauvre mais il n’existe pas de véritable droit du pauvre à être aidé. » En réalité, l’Etat a un devoir d’assistance « qui ni se rapporte pas au pauvre, en tant que titulaire d’un droit, mais à la société qui l’exige de ses organes ou de certains milieux pour sa propre préservation. » Ce fondement social ne regarde donc en rien la morale ; il est purement utilitariste

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