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L'émergence De L'économie Informationnelle

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Par   •  18 Février 2013  •  7 663 Mots (31 Pages)  •  949 Vues

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L’émergence de l’économie informationnelle

Introduction

La mutation informationnelle du 20e siècle a donné naissance à un nouveau « système technique » que nous appelons « économie informationnelle » parce qu’il est fondé sur l’information et les procédés de traitement automatique de l’information. L’avènement de ce système technique contemporain repose sur une « révolution scientifique et technique » qui a débuté à la fin du 19e siècle (section 1). Le paradigme informationnel est dominé par les lois de l’immatériel qui contribuent à expliquer les dynamiques économiques et sociales actuelles (section 2). Ces transformations se traduisent par des modifications dans les relations au temps et à l’espace et dans les relations de pouvoir (section 3).

1. Mutation informationnelle et Révolution scientifique et technique

De nombreuses interprétations ont été proposées pour rendre compte des transformations structurelles que la « société industrielle » a connues au cours des dernières décennies. A partir des années 1960, deux orientations majeures se dessinent : celle de la « société post-industrielle » au sens de « société de service » (Bell, 1973 ; Richta, 1969), et celle de la « nouvelle industrie » caractérisée par une imbrication de l’industrie et des services (Galbraith, 1967). Si les conceptions néo-industrielles sont aujourd’hui dominantes, le clivage entre les deux approches est beaucoup moins tranché qu’on ne l’affirme généralement. Dans la perspective d’une approche intégrée, il apparaît que les diverses conceptions peuvent relever d’une grille commune d’analyse : celle de la « révolution scientifique et technique » dont on peut faire remonter l’origine à la révolution scientifique qui s’est déroulée à partir des années 1850. L’intérêt de l’analyse proposée qui couvre une période de près d’un siècle et demi, est de faire ressortir les deux étapes historiques majeures qui marquent selon nous l’avènement de l’économie informationnelle.

L’expression « révolution scientifique et technique », introduite dans la littérature scientifique par J.D. Bernal (1966), l’un des fondateurs de la « science de la science », a été systématisée par R. Richta dans son ouvrage de 1967 . Cet auteur oppose la « révolution industrielle » d’hier et la « révolution scientifique et technique » d’aujourd’hui, qu’il considère comme deux processus fondamentaux de la civilisation. La révolution scientifique et technique se manifeste par une influence grandissante de la science dans la production, un rôle accru de l’information et de la connaissance dans l’économie, et une augmentation des performances en électronique. On assiste en raison de ces changements à l’intrusion de la science dans la production.

1.1. L’intrusion de la science dans la production

Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, la science a exercé une influence croissante sur le progrès technique et exerce aujourd’hui un rôle central dans le système productif. Le débat sur l’évolution des relations entre la science, la technique et la production dure depuis deux siècles et connaît des intensités variables selon les époques (Caron, 1985, 127). Nous concentrons l’attention sur une période charnière de ces transformations : celle de la révolution scientifique qui s’est produite au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, parce que son examen fait apparaître les changements qui indiquent la première phase de la mutation informationnelle, c’est-à-dire des transformations structurelles du système productif résultant du rôle crucial que tendent à jouer l’information et les connaissances dans le fonctionnement du système économique et social, et du développement des technologies basées sur le traitement automatique de l’information. Cette démarche historique permet de situer précisément la première étape majeure de cette mutation au cours de la période 1860-1880. Cette époque est celle de l’apparition de la « big science » qui explique pour une grande part le processus d’accélération des découvertes à ce moment de l’histoire : sur une période très courte, une quinzaine d’années, entre 1858 et 1874, on assiste à un formidable développement de la science fondamentale (Humbert, 1993, 34). Cette révolution scientifique s’accompagne de trois tendances majeures qui vont consacrer la position centrale du savoir théorique : l’autonomisation de la science et de la création de connaissances par rapport à la production, le passage du processus d’induction au processus de déduction, et l’émergence de la technologie comme domaine spécifique de savoir.

Jusqu’au dernier tiers du XIXe siècle, il n’y eut guère d’organisation de la production du progrès technique par des institutions officielles de recherche ou par des laboratoires d’entreprises (Verley, 1997, 59). Selon cet auteur, cette période charnière marque un tournant dans l’autonomisation et l’institutionnalisation de la science qui se trouvent au point de départ d’un mouvement d’inversion des rapports entre production, technique et science.

Un autre changement fondamental, analysé comme une coupure dans la relation entre science et technique qui se produit à la même époque (Madeuf, 1981), va renforcer ce mouvement : le glissement du processus d’induction au processus de déduction, ce dernier devenant déterminant. La distinction entre processus déductif et processus inductif permet aussi de rendre compte de la complexité croissante des rapports entre science, technique et production, et de les aborder sous l’angle de leur interaction. Elle éclaire en conséquence l’émergence de la technologie comme champ spécifique de savoir en vue de la production industrielle.

La technologie scientifique, qui s’impose progressivement à partir des années 1880, concerne en effet le champ des connaissances construites autour de principes scientifiques fondamentaux en interaction avec les techniques et pratiques concrètes de la production. Des auteurs comme N. Wiener (1948) et B. Gille (1978) analysent les interactions qui se développent au sein du système productif comme un enchevêtrement croissant entre science et technique et accordent une place primordiale à la production d’information et aux technologies de l’information pour rendre compte des transformations structurelles de ce système. Pour B. Gille, la mutation de la relation entre science et technique provient du développement de domaines nouveaux dans lesquels ces deux disciplines apparaissent imbriquées,

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