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Alexis Clérel de Tocqueville

Compte Rendu : Alexis Clérel de Tocqueville. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Mars 2014  •  2 764 Mots (12 Pages)  •  966 Vues

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Chapitre 2 : Alexis Clérel de Tocqueville (1805 – 1859), aristocratie et démocratie

Tocqueville oppose deux formes de société, l’aristocratie illustrée en France par l’Ancien Régime, et la démocratie dont l’Amérique constitue, selon lui, le meilleur exemple. En Amérique, la démocratie a pu se développer sous son aspect le plus pur alors que le régime politique français reste marqué par une histoire tumultueuse. L’aristocratie est un ordre social caractérisé par l’existence d’une hiérarchie de droit instaurant une inégalité de principe entre les individus. Sous l’Ancien Régime les individus naissent inégaux en droit. Chaque ordre bénéficie de droits et devoirs qui lui sont propres. Les maitres et les serviteurs forment deux mondes distincts, uniquement reliés entre eux par une relation d’autorité. Cela se traduit par l’existence de classes sociales qui sont des groupes sociaux fermés et héréditaires. La mobilité sociale est en principe exclue.

I/ Démocratie et égalité des conditions

La démocratie est un ordre social dont la caractéristique première est l’égalité des conditions. L’égalité des conditions est un mouvement social qui fait que les hommes aspirent à des rapports sociaux égalitaires. Cela signifie qu’il existe une égalité sociale entre les individus et que toutes les fonctions sont ouvertes à tous. La démocratie est donc une relation sociale avant d’être une relation politique. Cette égalité débouche, dans le domaine politique, sur un gouvernement démocratique représentant les citoyens. Cette égalité sociale se traduit par un état d’esprit nouveau. Les individus se croient égaux et refusent tous les privilèges d’une part. Par ailleurs, les individus acceptent difficilement que l’un d’entre eux se distingue. C’est ainsi que dans son ensemble, la société cherche l’égalité entre toutes choses, le bien-être de tous, la prospérité et le calme. C’est une société modérée et conservatrice et qui refuse les révolutions.

La première conséquence de cette égalité des conditions est que la mobilité sociale devient la règle. En effet, les familles ne sont plus assignées à une activité sociale, chaque individu devient autonome et cherche à s’enrichir par l’exercice d’un travail qu’il aura lui-même choisi. La population est géographiquement et socialement mobile. Les fortunes sont devenues précaires et surtout, les positions sociales ne sont plus héréditaires.

La deuxième conséquence de cette égalité des conditions est une relative égalité réelle entre les individus. En effet, les aristocrates se distinguaient du peuple par un mode de vie dicté par l’honneur et le refus du travail. En revanche, tous les membres d’une société démocratique, ou presque, travaillent. La division du travail a multiplié les métiers qui ont tous une utilité sociale et qui sont exercés par des individus dont l’objectif commun est de s’enrichir.

Il se crée une vaste classe moyenne composée d’artisans, de commerçants et d’employés/salariés qui sont, d’après Tocqueville, « moyen » en tout (intelligence, moralité, richesse). Le nombre de très riches et de très pauvres diminue et la situation des très pauvres s’améliore. La pauvreté devient relative. Pourtant cette égalité réelle vers laquelle tend la société démocratique ne peut jamais être atteinte.

La première raison est que l’intelligence est inégalement répartie alors qu’elle constitue le fondement de la réussite sociale dans une telle organisation. La seconde est que chacun cherche à se différencier des autres par sa réussite professionnelle. Les inégalités se recréent spontanément à chaque fois qu’elles se réduisent. Tocqueville reconnaît néanmoins que l’égalité des conditions est un principe actif qui transforme toutes les sociétés. On ne peut donc pas s’y opposer. La démocratie correspond donc à l’égalisation des conditions. Est démocratique la société où ne subsiste plus la distinction des ordres et des classes, où tous les individus qui composent la collectivité sont socialement égaux, ce qui ne signifie d’ailleurs pas intellectuellement égaux, ce qui serait absurde, ni économiquement égaux, ce qui serait impossible.

L’égalité sociale signifie qu’il n’y a pas de différences héréditaires de condition et que toutes les occupations, toutes les professions, tous les honneurs sont accessibles à tous. Selon Tocqueville, sont donc impliqués dans l’idée de démocratie à la fois l’égalité sociale et la tendance à l’uniformité des modes et niveaux de vie. S’il n’y a pas de différence essentielle de condition entre les membres de la collectivité, il est normal que la souveraineté soit détenue par l’ensemble des individus. C’est ce qu’il appelle le gouvernement démocratique. Avec l’avènement de la démocratie, plus l’égalité progresse et plus les inégalités deviennent insupportables puisque chacun peut comparer sa situation avec celle de ceux qui sont proches.

II/ Comment concilier égalité des conditions et liberté ?

La thèse de Tocqueville est la suivante : la liberté ne peut être fondée sur l’inégalité. Elle doit donc être assise sur la réalité démocratique de l’égalité des conditions et sauvegardée par des institutions dont il a cru trouver un modèle en Amérique. Selon Tocqueville, la liberté est l’absence d’arbitraire. En effet, lorsque le pouvoir s’exerce conformément aux lois, les individus sont en sécurité. Mais il faut se méfier des Hommes et il ne faut donner le pouvoir absolu à personne. Il faut donc que le pouvoir arrête le pouvoir, qu’il y ait une pluralité de centres de décision, d’organes politiques et administratifs qui s’équilibrent les uns les autres. Autrement dit, il faut que le peuple se gouverne lui-même autant que possible. Le problème de Tocqueville est donc le suivant : comment rendre compatible égalité et liberté ? Tocqueville craint que la quête de l’égalité ne se fasse au détriment de la liberté. En effet, selon lui les hommes « ont une passion pour l’égalité et seulement un goût pour la liberté. » La société est plus soucieuse d’effacer des inégalités entre des individus et des groupes plutôt que de maintenir le respect de l’indépendance personnelle. Selon Tocqueville, il est à craindre que les hommes aiment la liberté plutôt qu’en condition du bien-être matériel que pour elle-même. Tocqueville définit la liberté par rapport à deux pôles : un pôle négatif et un pôle positif. La liberté est conçue négativement comme l’absence d’oppression. Elle

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