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Dissertation : La situation des femmes lors du premier XXe siècle

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Par   •  26 Décembre 2022  •  Dissertation  •  5 593 Mots (23 Pages)  •  211 Vues

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LA SITUATION DES FEMMES LORS DU PREMIER XXème SIÈCLE

(JUSQU'À LA SECONDE GUERRE MONDIALE)

« Arthénice : Messieurs, daignez répondre à notre question ; vous allez faire des règlements pour la république, n'y travaillerons-nous pas de concert ? À quoi nous destinez-vous là-dessus ?

Hermocrate : À rien, comme à l'ordinaire.

Un autre homme : C'est-à-dire à vous marier quand vous serez filles, à obéir à vos maris quand vous serez femmes, et à veiller sur votre maison. »

Ainsi commence l'intrigue de la pièce de théâtre de Marivaux, La Colonie, publiée en 1750, extrait dont on peut rapprocher une répartie de Marceline dans Le mariage de Figaro de Beaumarchais joué pour la première fois en 1784 : « Traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes. »

Olympe de Gouges, dans la Déclaration des droits de la femme et de la

Citoyenne de 1791, eut beau proclamer : « La femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune », la Révolution française ne changea rien à la place des femmes dans la société. Pourtant elles avaient participé aux événements révolutionnaires, notamment à ceux des 5 et 6 octobre 1789.

Le XIXème siècle ne vit pas aussi d'évolution notable. Flora Tristan pouvait affirmer : « L'homme le plus opprimé peut opprimer un être, qui est sa femme. »

Le féminisme fit toutefois son apparition. En 1848, Eugénie Niboyet et Jeanne Deroin militèrent pour les droits des femmes. En 1868, fut créé le premier groupe que l'on peut qualifier de féministe. Il s'agissait d'une vingtaine de femmes réunies autour de Léodile Champseix. Cette dernière écrivait, sous le pseudonyme d'André Léo, des romans visant à répandre l'idée de l'émancipation de la femme. Ensemble, elles rédigèrent un manifeste intitulé L’Égalité en marche.

Alexandre Dumas fils fut le premier à utiliser le mot féministe. Il le fit en 1872 dans un sens particulier et fortement péjoratif. L'écrivain utilisa le terme pour qualifier les hommes qui, prenant la défense des femmes, se « féminisaient ». Quelques années après, le mot prit le sens que nous lui connaissons. Hubertine Auclert fut la première à se proclamer féministe.

La question de la condition des femmes commençait à être débattue, en particulier en France où le succès de la pièce du Norvégien Henrik Ibsen, Une maison de poupée, où l'héroïne Nora remettait en cause le mariage et devenait une femme indépendante grâce au travail, contrastait par rapport à la censure de la pièce au Royaume-Uni et à la pression qui fut exercée sur l'auteur en Allemagne pour qu'il fît une fin différente et même contraire.

Mais, mis à part le droit au divorce obtenu par la loi Naquet de 1884 (toutefois cette dernière excluait le consentement mutuel), la situation de la femme au tout début du XXème siècle restait proche de celle de l'époque de Marivaux. Elle avait même été aggravée par le Code civil de Napoléon (1804) qui étendit à l'ensemble du territoire des dispositions qui n'existaient sous l'Ancien Régime que dans le nord de la France. Ces dispositions soumettaient la femme à l'autorité de son mari et ne lui reconnaissaient pas de capacité juridique (comme signer un contrat ou ester en justice, sauf évidemment si elle était célibataire ou veuve). De plus, le Code civil avait aboli le droit de recherche de paternité. Quant au Code pénal de 1810, il rendit passible de prison la femme adultère, alors que l'homme adultère ne pouvait être condamné que d'une amende, sans compter que le meurtre de l'épouse prise en flagrant délit d'adultère était dit « excusable ». Toutefois, à la Belle Époque, juste avant que la guerre n'éclatât, des progrès furent faits et la situation semblait propice à l'obtention du droit de vote dans un avenir proche. Les historiennes Laurence Klejman et Florence Rochefort ont, dans L’Égalité en marche - Le féminisme sous la Troisième République, parlé d'« âge d'or du féminisme ».

A – De « l'âge d'or du féminisme » du temps de la Belle Époque à la régression des années 1920

1) « L'âge d'or du féminisme » à la Belle Époque

En avril 1914, mourait Hubertine Auclert. Elle avait été la chef de file de la première génération de féministes. Considérant que l'obtention du droit de vote serait « la clé de voûte [de celle] de tous les autres droits », elle fonda le premier groupe suffragiste en France. En 1881, elle fit paraître le premier numéro de La Citoyenne. Et, le 14 juillet 1881, elle prit la tête de la première manifestation de rue des féministes. Hubertine Auclert voulut aussi féminiser de nombreux termes (électeur, député, avocat, etc.) et elle tenait à rendre hommage à Jeanne d'Arc. A ses yeux, « Jeanne d'Arc fut la personnalisation du féminisme, elle ne tint compte ni des usages, ni de l'autorité des puissants, et elle usa, malgré les hommes, des droits des hommes pour sauver le pays ».

Une nouvelle génération de militantes émergea au tournant du siècle. Marguerite Durand fonda, en 1897, La Fronde, « un quotidien dirigé, administré, rédigé, composé par des femmes ». Le personnel était en effet féminin, de la directrice à la coursière. Le premier numéro fut tiré à 200.000 exemplaires. Le journal participa à différentes luttes qui permirent plusieurs progrès notables.

En 1897, les femmes obtinrent le droit de témoigner dans les actes civils et notariés. En 1899, suite au combat de Jeanne Chauvin, docteur en droit, le barreau fut ouvert aux femmes. En 1905, les femmes purent ester en justice même si leur mari y était hostile. Par la loi de 1907, les femmes purent disposer librement de leur salaire.

En 1909, fut fondée l'UFSF, l'Union française pour le suffrage des femmes. Les militantes préféraient utiliser le terme de suffragiste au lieu de suffragette. Le mot suffragette était associé aux femmes britanniques qui menaient des actions violentes comme s'enchaîner à des rails, briser des fenêtres, refuser de payer des amendes (un millier d'entre elles furent arrêtées pour ce fait), faire des grèves de la faim en

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