Analyse de pratique USLD
Étude de cas : Analyse de pratique USLD. Recherche parmi 299 000+ dissertationsPar Maryne Garcia • 28 Juin 2018 • Étude de cas • 1 309 Mots (6 Pages) • 3 505 Vues
GARCIA Marine Semestre 5
Analyse de pratique professionnelle
La situation que j'ai choisi de décrire se déroule lors de ma première garde du semestre 5 dans une Unité de soins de longue durée. Ce service comprend 38 lits, et des patients atteints de différentes pathologies (démences, insuffisance cardiaque, insuffisance respiratoire...etc). Le service accueil également de nombreux patients en provenance de l'Unité de Soins Palliatifs. Lors de mon arrivée dans le service, l'IDE en garde cet après midi là me présente l'unité. Durant cette présentation nous passons devant la chambre de Mr R, patient de 79ans en phase terminale d'un cancer hépatique multi métastasé. En entrant dans sa chambre, j'observe un pousse seringue électrique (PSE) de Midazolam et Morphine Chlorydrate, l'IDE me dit que le patient n'est pas en sédation profonde et continue au vue des doses prescrites. Cependant je vois que Mr R. est sous hydratation 1 litre glucosé à 5% sur 24h, ce qui me surprend. Je questionne alors l'IDE sur cette prescription qui me paraît inadapté au vue de l'état du patient et de son devenir. Celle ci me répond qu'elle « ne sait pas et qu'elle est également étonnée ».
Lors des gardes suivantes je prend en soins Mr R, je me questionne alors sur ma pratique et le sens du « soin » que je lui apporte.Lors des deux gardes suivantes je suis d'après midi, je prépare donc l'hydratation de Mr R et je vais le perfuser en voie sous/cutanée en prenant soin du cathéter afin d'éviter de repiquer le patient quotidiennement et ainsi privilégier son confort. Malgré cela, je ne trouvais aucun sens à ce soin et le faire me dérangeais profondément. Je décide donc de demander au médecin quelle est la nécessité de maintenir le patient sous hydratation. Le médecin me répond alors qu'effectivement « ça ne sert plus a rien et que la prescription sera suspendu ». J’apprends ensuite que le patient est aréactif et sous PSE depuis plusieurs semaines. Pourquoi ce patient était il encore hydraté sachant qu'il est en fin de vie ? Quel est mon rôle entant que futur IDE vis à vis d'une prescription qui me paraît être déraisonnable et/ou inadaptée ? Comment avoir une prise en soin adéquate lorsque les prescriptions vont à l'encontre de nos valeurs professionnelles ?
La loi du 2 février 2016 en faveur des droits des malades et personnes en fin de vie déclare : « La nutrition et l'hydratation artificielles constituent des traitements qui ne doivent pas être mis en œuvre ou poursuivis lorsqu'ils résultent d'une obstination déraisonnable. Lorsqu'ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou lorsqu'ils n'ont d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie. » En effet nous savons aujourd'hui que l'alimentation et l'hydratation artificielles sont des traitements de maintien de la vie. Dans le cas de Mr R, elle semble disproportionnée face à son état général et l'avancée de sa pathologie. D'après certains auteurs la grande majorité des patients en fin de vie n’ont pas de sensation de soif et lorsqu’elle existe, elle peut être soulagée par la prise orale de petites quantités de boissons, de glaçons et par les soins de bouche. Dans le cas de Mr R, son état ne permettait pas une prise de boisson par voie orale, les soins de bouche ont alors étés privilégiés. L'arrêt définitif de l'hydratation en phase terminale permet de sauvegarder la dignité du patient et assurer le confort et la qualité de sa vie en limitant les situations inconfortables. En effet, la perfusion sous cutanée qui est un soin invasif n’est pas sans effets secondaires : hématome, douleur au point de ponction, œdèmes (organes génitaux externes, membres inférieurs), encombrement trachéal et bronchique. Selon l'article 10 du Code de Déontologie des Infirmiers, « l'infirmier agit dans toutes circonstances dans l’intérêt du patient, ses soins sont consciencieux attentifs prudents et fondés sur les données acquises de la science », selon l'article 22 «L’infirmier a le devoir de mettre en œuvre tous les moyens à sa disposition pour assurer à chacun une vie digne jusqu'à la mort.», selon l'article 23 «L’infirmier doit accompagner le mourant jusqu’ à ses derniers moments assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d’une vie qui prend fin, sauvegarder la dignité de la personne soignée. » L'IDE a donc pour devoir de consulter le médecin si une prescription lui semble inadapté et déraisonnable afin d'assurer la dignité et le respect du patient, en effet selon l'Ordre National des Infirmiers « L'IDE communique au médecin prescripteur toute information en sa possession susceptible de concourir à l'établissement du diagnostic ou de permettre une meilleure adaptation du traitement en fonction de l'état de santé du patient et de son évolution ». D'autant plus qu'il est nécessaire de réfléchir en équipe et prendre des décisions collégiale dans certaines situations comme par exemple la fin de vie. Notamment pour Mr R, qui n'avait pas rédigé de directives anticipées et pour lequel il n'y avait aucune personne de son entourage présente. Pour ma part, le fait d'administrer un tel traitement chez un patient en fin de vie était à l'encontre de mes valeurs professionnelles, en pratiquant ce soin j'ai eu le sentiment de ne pas respecter l'intégrité de son corps et de sa personne, de ne pas avoir fait preuve de bienveillance, de ne pas avoir respecté sa dignité. Ce questionnement éthique m'a permis d'affirmer mon point de vue professionnel face à une situation qui était pour moi dérangeante. Selon Jean Château « Aller à l’encontre de nos valeurs génère une souffrance car c’est une ligne de conduite, une croyance en quelque-chose qui nous représente, qui nous identifie», ce qui amène parfois les soignants à un conflit intérieur face à des situations qui peuvent les heurter dans leurs devoirs professionnels ou les mettre en difficulté par rapport à la prise en soin d’un patient. Cette situation m'a permise de prendre confiance en moi et confirmer des savoirs scientifiques et théoriques que j'avais acquis. J'ai également réaliser l'importance d'une bonne communication en équipe afin de connaître les points de vue de chacun et ainsi prendre la meilleure décision pour les patients. Après l'arrêt de cette prescription, le patient est décédé trois jours plus tard, dans le confort et la dignité.
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