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Monde au pluriel, entretien avec Achille Mbembe tiré du Média QG

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Par   •  5 Avril 2022  •  Fiche de lecture  •  2 153 Mots (9 Pages)  •  255 Vues

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1/ PRESENTATION DU CONTENU DE L’OUVRAGE

  1. Introduction

Le document à étudier est un article paru en juin 2020 sur le média Quartier Général, sous la forme d’un entretien avec l’intellectuel camerounais Achille Mbembe.

Philosophe et historien, il est également professeur à l’université du Witwatersland en Afrique du Sud. Défenseur de la pensée critique, il s’intéresse aux sciences sociales à l’anthropologie, et s’interroge dans ses ouvrages sur l’évolution de l’humanité.

Né au Cameroun, son parcours le mènera à Paris, où il a étudié l’histoire et les sciences politiques, puis aux États-Unis, où il rédigera « Afriques indociles », et enseignera dans plusieurs universités, pour finalement revenir sur le continent africain et y exercer un temps des fonctions politiques, pour ensuite redevenir enseignant à Johannesbourg.

  1. Les grandes parties de l’ouvrage

Dans cet entretien, le journaliste Jonathan Baudoin interroge donc Achille Mbembe à la suite des évènements de Minneapolis.

La première illustration porte sur les manifestations organisées dans le monde contre le racisme, après la mort de George Floyd.

Mbembe parle d’une prise de conscience planétaire, de colère et d’indignation, de deuil collectif, voire œcuménique. Selon lui, la lutte contre le racisme se devra d’être universelle ou sera vouée à l’échec. Les premiers mots employés relèvent du champ lexical de l’espoir. Ces mobilisations sont vues comme un nouveau visage des luttes de libération humaine qui ont eu lieu depuis le 18ème siècle, comme l’indépendance d’Haïti, le mouvement des droits civiques ou l’abolition de l’Apartheid, toutes marquées par la force de l’universalisme.

Il nourrit l’espoir que ces mouvements auront aidé à comprendre que le racisme n’est pas un accident mais un écosystème, et qu’en tant que tel, il menace l’ensemble de l’humanité.

Le sujet de la position des gouvernements africains est ensuite abordé.

Le philosophe parle d’incompréhension de la part de ces derniers, et souligne la nécessité pour l’Afrique de reconquérir son regard sur elle-même et ses diasporas. Une nuance est apportée sur les jeunes générations qui, dans un mouvement de décolonisationisme redonnent un souffle nouveau à cette lutte, notamment depuis la mort de Floyd, et aspirent à s’extirper de la servilité vis-à-vis des ex puissances coloniales.

L’objectif à terme est de faire de l’Afrique sa puissance propre et son centre propre.

Pour Mbembe, l’accès à l’indépendance des pays africains n’a jamais eu lieu.

Dans un troisième temps, la dimension proprement négrophage du concept même des États-Unis d’Amérique est développée.

Ainsi, selon l’auteur de « De la post colonie », des hommes noirs et des femmes noires doivent être sacrifiés pour pérenniser le pouvoir raciste en place, que ce soit par les violences et les exactions policières ou par la disproportionnalité de l’incarcération des personnes racisées.

La violence faite aux noirs aux États-Unis n’a pas besoin d’être justifiée. En effet, Achille Mbembe explique que ces derniers sont frappés d’ignominie et sont condamnés à l’avilissement éternel.

Cette violence doit être distinguée de la violence à caractère social, à laquelle on peut envisager d’échapper.

Le thème du déni français vis-à-vis du racisme systémique est le sujet suivant.

L’interviewé démontre que les régimes racistes sont interdépendants à une échelle globale, et qu’un régime donné ne peut exister dans l’isolement. Ils font partie d’un seul et même engrenage mondial, et si un rouage se bloque, c’est tout l’écosystème qui est susceptible d’être remis en question.

Selon lui, cela n’a rien à voir avec une importation des analyses américaines sur le territoire européen.

Comment lutter ? Mbembe indique qu’il faut tisser des liens avec d’autres plateformes et pluraliser les types de manifestations, afin de décoloniser les imaginaires par la réflexion critique, car le racisme constitue, au même titre que la dégradation de notre environnement naturel, l’un des plus grands dangers que court l’espèce humaine.

Pour lui, dans cette optique, il paraît cohérent que les statues de certains personnages historiques sadiques soient débarrassées de l’espace public.

Enfin, interrogé sur les accusations d’antisémitisme dont il a fait l’objet, le philosophe n’y accorde aucune forme d’importance.

Il y voit simplement une tentative de décrédibilisation orchestrée par des penseurs racistes, au service du pouvoir raciste, sous le beau prétexte de la défense des intérêts du peuple juif.

Le doute n’est pas permis : selon lui, l’antisémitisme est un crime, mais l’État d’Israël en tant que puissance politique n’est pas exempt de reproches. Son soutien au régime d’Apartheid, le traitement indigne des migrants africains, ou les connivences avec les tyrannies postcoloniales le démontrent. S’appuyant sur les travaux de chercheurs israéliens, Achille Mbembe note simplement que la situation en Palestine rappelle la métaphore de l’Apartheid.

2/ ANALYSE DE L’OUVRAGE

  1. Contexte de parution

Comme précisé dans l’introduction, l’article est paru en juin de l’année 2020, quelques semaines seulement après le meurtre de George Floyd par un agent de police à Minneapolis.

Cet évènement tragique a été le détonateur d’une prise de conscience massive du traitement réservé aux personnes racisées, que ce soit sur le territoire des États-Unis d’Amérique, ou dans le monde entier, et notamment en Europe occidentale et en France.

L’homicide d’une personne issue d’une minorité n’est malheureusement pas, à l’époque déjà, quelque chose de particulièrement nouveau, et on peut, pour ainsi dire, parler de la goutte qui a fait déborder le vase.

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