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Dissertation "Est on hystérique quand on aime?"

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Par   •  23 Février 2018  •  Dissertation  •  2 833 Mots (12 Pages)  •  1 033 Vues

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Formation Praticien en Psychothérapie, PSY1A1SEPT2017 

Aurélie Dugué

Sujet : Est-on hystérique quand on aime ?

        

        Réfléchir sur l’hystérie, c’est réfléchir sur le débordement. L’hystérique, on le verra, semble débordé(e). Mais débordé(e) de quoi, de qui ? L’hystérie nous parle du rapport à l’autre. L’autre que l’on peut aimer, l’autre que l’on peut rejeter. On peut légitimement se demander : Est-on hystérique quand on aime ?

        Les plus vieilles traces de l’hystérie remontent à l’époque de l’Égypte antique. A cette époque, on pensait que le l’utérus migrait dans tout le corps. Plus tard, au Moyen-Âge, elle fût assimilée aux phénomènes de possession. Les pionniers de la psychanalyse (Charcot, Freud, Janet), notèrent que sa symptomatologie se métamorphosait selon les époques. En leur temps, au 19ème siècle, ses manifestations étaient spectaculaires : paralysies, tétanie, anesthésies, etc. Aujourd’hui elles se font beaucoup plus discrètes.

        Cependant « hystérie » et « amour » sont des notions à la fois trop générales et trop complexes pour que l’on puisse en évaluer le contenu de manière exhaustive. Posons avant tout la question des termes eux-mêmes. On prononce souvent ces mots sans trop savoir ce qu’ils signifient. L’Hystérique, pense-t-on, est une personne qui témoigne d’une exaltation exagérée, qui confine à l'irresponsabilité. Le terme, dans son utilisation courante, est péjoratif, c’est l'image traditionnelle de l'excitée, de la femme (l’insulte est d’ailleurs souvent « genrée ») hystérique, qui se rend ridicule. Qu’en est-il de l’amour ? Cette « chose » dont tout le monde parle mais que personne ne saurait définir clairement... Comme le disait Tolstoï « Il y a autant de façons d’aimer qu’il y a de cœurs». On peut au moins en dire qu’il est partagé par les deux sexes, ce qui  met immédiatement à l’écart l’idée que l’hystérie puisse être une pathologie exclusivement féminine, comme cela à pu être compris tout au long de l’histoire.

        La question serait-elle donc de savoir si l’amour rend hystérique ? Deux temps pour tenter d’apporter des éléments de réponse à cette question : D’abord, élucider l’évidence : En quelque sorte on peut penser qu’amour et hystérie vont de paire. Après tout, l’amour semble être une aspiration des plus naturelles des êtres humains et il est indéniable qu’une certaine « hystérie » règne sur l’incipit amoureux. Mais cette espèce d’hystérie est-elle bien celle qui nous occupe ? Nous reviendrons donc ensuite aux fondamentaux : il est souhaitable que l’amour soit vécu par des êtres ayant accès à une génitalité saine, de fait, la problématique œdipienne doit être résolue. Dès que l’on sort du sens communément admis de l’hystérie, nous en revenons à ce qu’elle est : une névrose.

                

        

        L’amour n’est-il pas souhaitable ? Ne nous paraît-il pas tellement normal que toute personne n’y aspirant pas se trouverait, de fait, elle-même suspecte ?! Lacan lui même ne disait-il pas « Ils cherchent tous à être aimés »[1]. Mais qu’est-ce qu’aimer ? Il serait complétement illusoire de vouloir définir un tel sentiment dans ce propos, l’amour... Peut-on seulement imaginer pouvoir le définir tout court ? Tentons, à tout le moins, si flous soient-ils, d’en tracer les contours.

Nous pouvons reconnaître plusieurs sortes d’amour. Il existe l’amour filiale, ou encore fraternel et amical. On pourrait même élargir à l’amour divin ! Mais l’amour qui nous occupe ici est celui qui unit les amants. La problématique telle qu’elle a été exprimée semble interroger l’état amoureux en général, dans sa normalité, presque dans sa banalité : l’amour qui se nourrit de désir. Pourtant, l’amour est un mystère, pour ceux qu’il traverse, pour ceux à qui il se donne à voir. De là à investir ce sentiment de quelque conception mystique il n’y a qu’un pas, et nous nous retrouverions à disserter de l’amour divin et du sens judéo-chrétien dont il peut parfois être teinté. Nous nous garderons d’un tel pas supplémentaire, qui nous emmènerait bien loin, et, contiendrons notre réflexion à l’amour qui unit les êtres humains dans un désir tourné vers la sexualité. A quoi ressemble cet état amoureux ? Comment le reconnaît-on ? On trouve pléthore de citations révélant avec plus ou moins de bienveillance cet état, un peu béat, qui préside au prélude d’une relation : « L'amour est un véritable état d'ivresse, c'est un sentiment impérieux qui domine tous les autres »[2]. L'amour est-il une émotion ? Le petit Robert explique : « Une émotion est : un mouvement, une agitation, une réaction affective, en général intense. L'amour serait donc un mouvement vers quelqu'un ». L'état amoureux implique certainement, également, des changements au niveau des circuits neuronaux, et nous voilà un peu « gagas », agités. Monique Shneider[3] parle même de « chute » de « perte de verticalité ». Ne dit-on pas d’ailleurs « tomber amoureux » !  Cette perte de repères, plus ou moins agréable est le plus souvent accompagnée d’une sensation d’euphorie... et pourquoi pas d’hystérie ! Le mot est lâché.

Mais de quelle hystérie parle-t-on ? Le terme est aujourd’hui employé dans le langage courant, bien loin des définitions psychiatriques. Le sens commun à cette fâcheuse habitude de tourmenter les maux et les mots et de renvoyer signifiants et signifiés à leurs dictionnaires Lacaniens. N’a t-on pas immédiatement l’image « de ces femmes extraverties, qui ne cessent de vouloir attirer l’attention par leurs exagérations et leur théâtralisme… « Toutes des hystériques ! » a-t-on même pu entendre çà et là »[4]. Évidemment on comprend aisément pourquoi on a pu assimiler l’état amoureux et l’état d’hystérie. Ils pourraient partager une symptomatologie commune si l’on n’y regarde pas de trop près. On retrouve bien dans les deux « syndromes » de l’hystérie et de l’amour, cette perte de repères, allons jusqu’à dire cette perte de contrôle pour les plus extraverti(e)s. Voici ce que l’on peut lire concernant les adolescents tombant amoureux : « Tous les symptômes de la folie s’y retrouvent : on est délirant, halluciné, hors réalité, discordant et plongé dans un trouble affectif profond. Et c’est parfois si intense et irrésistible qu’on en devient transitoirement quasi autiste »[5]. Bon sang ! Mais serait-on fou d’être amoureux ? C’est vrai que la poésie évoque une maladie d’amour... On danse, on crie, on hurle, on a le cœur qui bât la chamade : c’est la transe amoureuse. Le corps et le cœur appellent tous deux à l’union avec l’objet d’amour. Oui, dans un certain sens cela rend hystérique. L’union désirée est bien sexuelle, à terme. N’est-on pas « fous » de désir parfois ? Ce désir provoqué en majeure partie par le manque de l’autre (l’autre idéalisé, fantasmé, à ce stade), manque qui n’aspire donc qu’à être comblé. Mais l’amour ne peut être contenu à cet état de ses débuts. Il est même souhaitable qu’il évolue, et il le fait, naturellement, irrémédiablement. Il évolue vers d’autres états d’amour, plus tranquilles, plus profond peut-être. Là n’est pas le sujet. Cependant, en aucun cas, l’amour ne saurait être défini par ses débuts « hystériques », si ce n’est dans certaines romances « bovariennes »[6] tourmentées et malheureuses. Comment un livre pourrait-il être résumé à son introduction ?

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