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La domination selon Max Weber

Dissertation : La domination selon Max Weber. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Novembre 2018  •  Dissertation  •  2 592 Mots (11 Pages)  •  3 298 Vues

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“La soif de dominer est celle qui s'éteint la dernière dans le cœur de l'homme ”, telle est la déclaration de Nicolas Machiavel sur la domination. Celle-ci instinctivement se ressent chez l’homme cynique afin d’assouvir ses passions et le conduit inexorablement à la conquête du pouvoir. Max Weber passera au peigne fin la notion de domination afin de mettre en perspective la société contemporaine.

       Né en 1864 et principal fondateur de la sociologie allemande, Max Weber fait l'objet d'une redécouverte en France quelques années plus tard. Ce dernier fascinera les esprits en ce qu’il prosse le portrait des différents régimes de domination pour mettre le monde occidental en perspective. Son père, magistrat, conseiller municipal de Berlin, détenteur d’une grande influence dans le Parti libéral-national berlinois dans les années 1880 mais également son oncle, l’historien Hermann Baumgarten, initièrent Max Weber à la politique.

Dès ses plus jeunes années, Weber manifeste ainsi une prédilection pour les grands problèmes de la société. Par la suite, ses multiples engagements partisans renforcent son attraction pour la politique, qui se concrétise à la fin de sa vie par un rôle de délégué au traité de Versailles et par celui de conseiller dans la rédaction de la Constitution de la République de Weimar.

C’est pourtant en savant qu’il s’intéresse plus encore à la politique ; plus exactement, en sociologue de la domination et de l’action politique. Les premiers signes de la naissance d’un intérêt de Max Weber pour le concept de domination remontent à décembre 1910 lorsqu’il reproche dans une lettre à Robert Michels son approche trop « simpliste » de la notion. La 1ère définition véritable de la domination est proposée en 1913 dans l’essai « Sur quelques catégories de la sociologie compréhensive ».

       Par domination, nous entendons ici le fait qu’une volonté affirmée (un ordre) du ou des dominants cherche à influencer l’action du ou des dominés. Cette action se déroule comme si les dominés avaient fait du contenu de cet ordre la maxime de leur action c’est-à-dire l’obéissance. Si les ordres sont donnés par une autorité (politique, religieuse) sont légitimes, il importe de distinguer la légitimité de la légalité avec d’autant plus de soin que Weber utilise ces deux notions. En effet, la légalité repose sur une conformité à la loi ou au règlement présentés par les organes habilités. En revanche, la légitimité est l’adéquation entre un ordre, une institution et une exigence considérée comme supérieure. La légitimité peut donc être invoquée contre la légalité.

Le général De Gaulle entendait incarner la légitimité nationale face au régime de Vichy, régime de fait au sens de la légitimité même s’il était de droit au sens de la légalité. Ainsi, l’Etat dont le moyen spécifique est la violence légitime, n’existe que si les dominés se soumettent à l’autorité revendiquée par les dominateurs, ce qui conduit Weber à distinguer trois fondements à la légitimité : traditionnelle, charismatique, et légale rationnelle. Ces 3 idéaux types constitueront le cœur du sujet. L’intérêt heuristique fait de la typologie wébérienne un outil de référence pour expliquer des phénomènes historiques ou contemporains.  

       La domination perçue comme le rapport commandement/obéissance restera la pierre angulaire de son étude. A partir de quel facteur l’analyse wébérienne s’appuie-t-elle pour fonder la légitimité politique ?

Weber avance l’idée selon laquelle le pouvoir politique est légitimé par une « domination pure » impliquant un maître qui constitue une direction administrative et des dominés cantonnés à un rôle passif mais aussi actif en cas de résistance. Les stratégies mises en place par les aspirants à la domination pour susciter adhésion et docilité ou soumission constituent un moyen d’accéder au pouvoir.

       C’est la raison pour laquelle la domination est la clé de voûte pour prétendre au pouvoir politique (I), or cette notion fait l’objet de critiques en raison de son caractère abstrait et revêt plusieurs formes (II). L’apport wébérien sur la légitimité de la domination politique est remis en cause et ne s’adapte pas aux évolutions de la société contemporaine.

I : La domination comme clé de voute au pouvoir politique

Les idéaux types organisés en tripartie constituent le ciment de toute légitimité (A), avec toutefois une grille d’analyse qui semble perfectible (B).

A : Des idéaux types en tripartie au regard de la légitimité

       Afin de mieux appréhender la légitimité, Weber distingue 3 types de domination à caractère traditionnel, charismatique et légale rationnelle.

Premièrement dans la domination traditionnelle, la croyance en la sainteté des traditions de tout temps accorde une légitimité à ceux qui sont appelés à exercer l’autorité. Le monarque qui se prétend être le gardien de la culture, des coutumes et des traditions est obéi en tant qu’héritier.

Toutefois la domination traditionnelle n’est pas sans dérives dans le sens où elle fait oublier à l’homme son intelligibilité, sa capacité à innover et le fait dépendre d’un droit divin. Dans les monarchies canoniques, plus le roi dépendait de l’Eglise de Rome et moins son pouvoir était autonome car Dieu investit le roi pour exercer le pouvoir. Pouvoir et religion sont donc confondus dans un régime théocratique.

Deuxièmement, la vertu héroïque d’un individu frappe le pouvoir d’une certaine crédibilité. Signifiant en grec « don et grâce », le charisme pousse l’individu à obéir à une personne pourvue de qualités exceptionnelles. Une émotion se dégage du peuple qui accepte de se soumettre à l’autorité d’un roi, d’un héros de la Nation (Général De Gaulle) ou un dictateur tel que Hitler.

Par rapport à ses disciples, le chef charismatique ne se conforme pas obligatoirement à un statut ou une règle de droit. Il agit par injonction et n’est tenu à aucun précédent. En suscitant de l’admiration et en excitant les passions, la démagogie se dessine comme une méthode de séduction dont la logique tient à des promesses non tenues.

Enfin, la légalité des règlements ou des lois confère une légitimité exhortant les individus à s’y plier. La domination exercée par ce moyen légal et hiérarchique est prégnante chez le fonctionnaire c’est-à-dire un agent de l’Etat obéissant à une règle de droit et qui bénéficie de garanties statutaires. Le bureau est donc l’institution clef de la domination légale parfois qualifiée à tort ou à raison de bureaucratie, en fonction d’un savoir, d’où une forme de domination légale-rationnelle avancée par Max Weber.

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