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Inégalités sociales et politisations

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Par   •  20 Novembre 2018  •  Dissertation  •  2 255 Mots (10 Pages)  •  1 206 Vues

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Daniel Gaxie a mis en lumière le « cens caché »[1], les inégalités de politisation au sein des électeurs fait que chacun n’aborde pas la politique de la même manière. Selon lui cela vient à restreindre le pouvoir du vote car les électeurs n’ont pas tous une opinion propre de la politique ou ne se sentent pas capable d’en avoir une.

L’expression  « cens caché » est inspiré du cens, impôt créé durant la période révolutionnaire qui conditionnait le droit de vote du citoyen. Selon Gaxie cette inégalité de politisation revient à un élément qui empêcherait une partie de la population de se faire une opinion personnelle, ce qui inciterait à s’autocensurer ou de voter des raisons plus ou moins apolitiques.

Le politisation est un processus par lequel l’individu acquiert un certain nombres de connaissances à propos de la politique, par cette acquisition de connaissance il va être capable de se forger une réflexion et une opinion propre. Le processus de politisation est corrélé à celui de socialisation, Gaxie détermine le sentiment d’appartenance à la société comme nécessaire. Ces sentiments et cette acquisition de connaissance commence donc dès le plus jeune âge.

Les inégalités sociales ce sont les écarts qui se créent entre des individus d’une même société dans l’accès à des ressources valorisées. En l’occurrence il est question ici notamment de l’accès aux ressources culturelles qui sont donc la condition première à une politisation de l’individu.

Il est important de préciser qu’une personne politisée peut très bien s’abstenir, elle n’est pas forcément une participante active à la politique même si évidemment la tendance va dans ce sens. Les personnes politisées auront surtout tendance à trouver d’autres moyens d’actions politiques que le vote, la manifestation par exemple.

Daniel Gaxie constate que 50 à 70% de la population en France qui ne s’intéresse pas à la politique même si il se retrouve à voter.

La mise en relation de ces deux notions réside dans l’identification de l’impact des inégalités sociales sur le processus de politisation de chacun et donc sa capacité à réfléchir sur la thématique de la politique.

Il apparait nécessaire de mettre en lumière l’apport de la famille dans le processus de politisation de l’enfant (I), puis la reproduction plus ou moins exacte du schéma familial au sein des cursus scolaires et universitaires.(II)

  1. La transmission familiale déterminante dans le processus de politisation de l’individu

La politisation en tant que branche de la socialisation de l’individu est influencé par ces vecteurs principaux, l’école et la famille. En effet ces deux éléments permettent à chacun d’acquérir des connaissances et donc, en l’occurrence, de se former une conception de la politique. Cette conception que chacun se fait est donc influencée dans un premier temps par le contexte familial. Le milieu scolaire offre une forme de politisation secondaire, ce qu’appelle Daniel Gaxie « la scolarisation »[2] est aussi déterminante, de par le choix du milieu scolaire et de la durée des études.[3](.)

Au sujet de l’influence familiale, on remarque que les individus issues de milieux sociaux plus favorisés auront tendance à être dans un processus de politisation plus fort.[4] Ces individus sont plus exposés à ce qu’on appelle la contrainte du vote, le vote est intériorisé comme une obligation sociale. De plus on remarque une tendance d’inculcation de l’autorité du pouvoir par les parents.  L’individu se trouve dans une situation où, au moment des élections, est  soumis à une pression sociale qui l’incite à voter, cela favorise donc une politisation plus forte.

 Au sein des milieux sociaux élevés, les parents ont souvent un niveau de diplôme important, ce qui est très important dans le processus de politisation.[5] Ce niveau de diplôme donne accès à une ressource culturelle considérable pour un enfant dès le plus jeune âge et donc lui permet de mieux comprendre les enjeux et de assez rapidement identifier ce qui est politique ou non.

Néanmoins on remarque qu’il y aussi une politisation forte chez des individus ayant des parents peu diplômés mais très politisé, 63%. Plus précisément un enfant ayant des parents s’intéressant à la politique est amené à une politisation forte et dès le plus jeune âge. La variable importante est donc celle de la politisation des parents, les parents auront tendance à inculquer une culture politique, un rapport à l’autorité du pouvoir et à diriger leurs enfants même inconsciemment vers leurs préférences politiques.[6] Cependant cette politisation parentale est plus fréquente dans les milieux sociaux élevés où les parents ont souvent un niveau de diplôme élevé.

Daniel Gaxie a par exemple établi un profil de la personne politisé, un homme de 40 ans, cadre supérieur, issue d’une catégorie sociale plutôt favorisée. De part ce profil Gaxie déduit que ces personnes sont politisés à la demande de leur environnement social, on leur demande d’avoir un avis politique et donc la pression sociale les oblige à se politiser.

Chez les milieux moins favorisés, la politisation de l’enfant est donc moins importante. Dans le cas des enfants ayant des parents moins diplômés, la politisation peut se faire plus tard. C’est ce que Lester Milbrath appelle le « coût de la participation », il varie en fonction du milieu social de l’individu, un enfant née dans une famille politisé disposera plus rapidement de ressources culturelles permettant sa politisation. Alors qu’un enfant d’un milieu social défavorisé devra faire plus d’efforts pour accéder à la connaissance politique. C’est là qu’intervient le rôle des organisations ouvrières qui vont permettre un accès au savoir politique et donc atténuer le sentiment d’incompétence politique qui règne parfois dans ces milieux sociaux. Par exemple, le rôle des syndicats qui vont diffuser des idées politiques au sein de milieux sociaux-professionnels parfois très peu informés.

Le danger de cette diffusion d’idées politiques prédéfinies est qu’elles peuvent signifier à celui qui les reçoit une conception nette, le manque de connaissance préalable de certains va les empêcher de prendre du recul. Par exemple, lors de la campagne présidentielle de 2017, ou le parti de la France Insoumise invitait ses sympathisants à copier-coller sur les réseaux sociaux des phrases pré conçues sur leur site internet. On est dans tout de même dans un processus de politisation qui permet à des individus peu informés au départ d’identifier des idées politiques.

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