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Argumentaire Norbert Elias La loi du monopole

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Par   •  10 Avril 2018  •  Fiche de lecture  •  2 388 Mots (10 Pages)  •  6 211 Vues

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TD Introduction à l’analyse politique : Résumé d’argumentaire

Séance 6 : La genèse de l’Etat moderne

  • Norbert Elias, La dynamique de l’Occident, Paris, Pocket, 1975, « La loi du monopole », p.25-41.

Norbert Elias (1897-1990), écrivain et sociologue allemand du 20ème siècle, est l’auteur d’un ouvrage majeur de sociologie historique Sur le processus de civilisation publié en 1939 et paru plus tardivement en France en deux volumes,  La Civilisation des mœurs (1973) et La Dynamique de l’Occident (1975). Influencé par Max Weber, il accorde une place considérable à l’analyse historique dans les sciences sociales.

 Dans son œuvre, il se penche sur la thématique de la construction de l’Etat moderne, l’interdépendance croissante entre les individus et le développement de l’autocontrainte. Selon Elias, la formation de l’Etat et notamment de l’Etat absolutiste, entre le 12ème et le 16ème siècle en France, et donc la monopolisation progressive de la violence physique par le pouvoir central, s’accompagne d’une transformation radicale des relations sociales. Il montre que les individus doivent accomplir correctement les actes que la nouvelle organisation requiert d’eux, ils doivent apprendre à contrôler leurs gestes et à adopter de nouveaux comportements. Ce contrôle est en partie conscient mais il s’accompagne aussi de la mise en œuvre d’automatismes, de réactions automatiques qui sont en fait inculquées dès l‘enfance et qui fonctionnent comme des autocontraintes. La division des fonctions sociales s’accompagnent d’un renforcement des relations par l’interdépendance entre les individus. Elias appelle « civilisation des mœurs » les mécanismes de contrôle des impulsions spontanées, de maîtrise des émotions, processus donc historiquement construit et formaté par des nouvelles règles de conduite, des manuels de civilité ou encore de codes juridiques.

Ici, nous allons nous intéresser au premier chapitre de La Dynamique de l’Occident intitulé « La loi du monopole ». Dans La dynamique de l’Occident, Norbert Elias se propose d’établir la sociogenèse de l’Etat occidental à travers les processus qui l’ont engendrée et de dresser une théorie de la civilisation. Il développe l’idée que l’Europe Occidentale se caractériserait par une forte centralisation du pouvoir politique. Sa théorie, exposée dans son premier chapitre, est que la naissance de l’Etat résulte de la loi du monopole et de la division accrue des fonctions sociales qui accroît l’interdépendance entre les individus. Elias s’intéresse parallèlement à la notion de civilisation, qui correspond au passage de la violence extérieure à l’autocontrainte. En s’inspirant notamment du cas de l’Etat français, il développe deux idées que nous allons étudier dans deux parties distinctes : le mécanisme de monopole et la notion de division des fonctions sociales, à l’origine d’une interdépendance croissante entre les individus et du passage d’un monopole de domination privé à la naissance de l’Etat.

  1. La loi du monopole

D’abord, Norbert Elias s’attache à expliquer le processus de monopolisation à l’origine de la formation progressive de l’Etat moderne. Selon Elias, la « société moderne » particulièrement en Europe occidentale est caractérisée par une monopolisation bien déterminée du pouvoir central ; qui dispose librement du monopole fiscal (la levée des impôts) et du monopole militaire et policier. Ces deux aspects d’une même position monopoliste occupée par l’Etat dépendent l’un de l’autre et ne peuvent exister sans l’autre. Ainsi le monopole financier permet le maintien du monopole militaire et policier qui est lui-même le garant du monopole fiscal. Cette centralisation des ressources financières et militaires apparaît déjà dans des sociétés où la division des fonctions est peu développée, notamment après les grandes guerres de conquêtes. Dans les sociétés dites modernes, il existe un appareil administratif dont le rôle est la gestion de ces monopoles, une institution différenciée. Elias remarque que l’objectif des luttes sociales n’est plus d’abolir le monopole de domination mais d’accéder à la disposition de cet appareil administratif du monopole. Ainsi, l’Etat résulte de la formation progressive de ce monopole du pouvoir central et d’une institution de domination spécialisée.

        Norbert Elias, à l’aide d’un exemple historique de la Francie Occidentale du XIe siècle, tente d’illustrer le mécanisme de formation de ces monopoles et de centralisation du pouvoir politique. Selon lui, le passage de la féodalité à la création d’un Etat se fait par la monopolisation du pouvoir sur un territoire. Au départ, chaque guerrier,  qui correspond à une « unité sociale », dispose d’une « force sociale » de base à peu près égale dans la mesure où il n’existe pas encore de monopole. Chacun rivalise pour les moyens de subsistance et de production par les guerres et les conquêtes de terres. Au fil des victoires et des défaites, on a une forte probabilité que ces « chances » finissent entre les mains d’un nombre de plus en plus restreint de personnes puis progressivement d’une seule personne, les autres dépendant par conséquent de lui. Ainsi le pouvoir de disposer des terres se centralise. Elias énonce alors la loi du monopole, qui consiste en un processus de centralisation du pouvoir politique dans les mains d’une seule entité. Si on reformule cette loi, c’est quand un grand nombre d’unités sociales qui, de par leur interdépendance, ne forment plus qu’une grande unité, disposent d’une force à peu près égale et peuvent rivaliser pour la conquête de chances de puissance sociale. La probabilité est alors forte pour qu’une entité au fil du temps domine les autres et acquiert ainsi le monopole de la puissance sociale. Cela se traduit concrètement par le monopole de la violence physique entre les mains du dominant mais aussi par la levée des impôts, indispensables pour établir un monopole fixe et donner peu à peu naissance à l’Etat moderne. En réalité, ce schéma peut être interrompu car il peut arriver qu’un grand nombre de dominés se liguent en vue d’abattre un individu qui est devenu trop fort par son accumulation trop importante de chances. S’ils réussissent, ils s’emparent alors de ces chances et la lutte pour la prédominance dans une concurrence libre reprend.

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