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Analyse chant l’Iliade XVI vers 219-259

Fiche de lecture : Analyse chant l’Iliade XVI vers 219-259. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  19 Octobre 2021  •  Fiche de lecture  •  1 883 Mots (8 Pages)  •  342 Vues

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Les poèmes homériques sont pour les historiens une source importante de démonstrations de savoirs et de traditions antiques.

L’extrait du chant XVI traduit par P. Mazon aux éditions Belles Lettres de 1937, allant des vers 219-256, est un poème issu de l’Iliade, première œuvre majeure du poète grec Homère, écrit vers le VIIIe siècle avant notre ère.

L’Iliade est un récit d’épopées héroïques relatant l’événement de la guerre de Troie et mettant en scène le célèbre héros Achille (Akhilleús). Ayant sûrement vécu au -VIIIe siècle, la vie d’Homère demeure encore à ce jour assez vague. En effet, les historiens modernes se questionnent sur son identité et sur sa réelle existence, compromettant les récits des Anciens pour qui Homère était un poète réellement reconnu dans la Grèce Antique. De nombreux arguments étayent l’hypothèse des historiens modernes sur la non existence d’Homère, l’argument que nous retiendrons pour cette analyse est le fait que l’Iliade contient de nombreux anachronismes et que la guerre de Troie si l’on s’en tient aux faits archéologiques n’a pas eu la même ampleur que dans l’Iliade. Ces nombreuses interrogations se sont regroupées sous le nom de « La question homérique ». Néanmoins, si l'on questionne encore son existence, les poèmes homériques, eux, restent bel et bien un témoignage de traditions et de savoirs antiques.

Le document étudié est ici question des rites religieux et de l’influence des dieux sur la vie des grecs. Dans ce court extrait, Patrocle, ami particulièrement cher à Achille, s’apprête à combattre les Troyens au côté des Myrmidons (armée d’Achille). Achille se prête alors à des rites religieux pour appeler l’aide de Zeus, père des dieux. Le héros demande alors le succès de l’opération militaire mais aussi que la vie de Patrocle soit épargnée. Zeus accède à sa première requête mais pas à sa seconde. Cet extrait du chant XVI s’articule en trois mouvements. Tout d’abord de la ligne 1 à 18, nous assistons à une démonstration d’un rite religieux traditionnel grec, la libation. Ensuite de la ligne 9 à 17, nous sommes témoins de la prière d’Achille à Zeus pour enfin terminer sur les aboutissants de ce rite avec la décision de Zeus de la ligne 18 à 23.

En quoi le poète Homère rend-il compte des anciens rites religieux grecs et des relations entre mortels et divins ?

Pour répondre à cette question, nous étudierons d’abord comment sont présentés les rites religieux dans l’Iliade pour ensuite analyser s' ils correspondent réellement aux réels rites grecs de l’antiquité, puis comment sont dépeintes les relations entre mortels et divins.

Selon l’ouvrage La religion grecque, documenté par les professeurs Louise Bruit Zaidman et Pauline Schmitt Pantel aux éditions Armand Colin, la religion grecque se compose de pratiques et de croyances vers la fin du VIIe siècle avant notre ère. La libation, présente dans cet extrait, est un rite courant de la vie des grecs. Elle consistait à offrir une boisson (vin, huile ou lait, etc) à un dieu, en y versant quelque gouttes soit sur le sol soit sur un autel dédié au dieu de l’offrande. Plusieurs contextes peuvent faire appel à la libation, utilisée à la fin de grands banquets mais aussi pour quémander l’aide d’un dieu. C’est le cas d’Achille dans cet extrait. On y retrouve le récipient, la phiale, décrite ici comme « Une coupe façonnée » (l.4) qu’Achille nettoie avec du soufre. En effet, dans les anciens rituels grecs la purification par le soufre était une étape essentielle au sacrifice et avait la réputation de déloger la souillure ou l’impureté religieuse. Ensuite, cette même coupe maintenant purifiée et rincée, est remplie d’une boisson, « le vin aux sombres feux » (l.5 et 7) puis répandue « au milieu de l’enclos » (l.7-8).

Présente dans l’Iliade mais aussi dans l'Odyssée, il ressort que la libation était un rite fréquent de la période mycénienne.

On peut retrouver dans l’Iliade l’omniprésence de rites religieux, témoignant ainsi de son aspect communautaire de la religion. Des autels sont érigés, Achille appelle Zeus, « dieu

de Dodone ». Le Dodone est un sanctuaire oraculaire (tenu par un oracle, un prophète) situé en Grèce en Épire sur les pentes du mont Tomaros sud du lac Pamvotida. Le sanctuaire, dédié à Zeus et à la Déesse-Mère est un lieu reconnu des grecs antiques car considéré comme le plus ancien. En effet, grâce au site archéologique, on estime sa date de création aux environs du IIe millénaire avant notre ère. Il en est donc un lieu fondateur de la religion grecque. Sont aussi mentionnés « les Selles » (l.10), prêtres du culte oraculaire que l’on peut nettement s’imaginer au sein du Dodone. Homère nous dresse de nouveau un inventaire de savoir et même d’une certaine hiérarchie religieuse (le sanctuaire, le dieu, ses fidèles, etc). L’Iliade se retrouve donc encore transmetteur de savoirs religieux.

Toutefois, est-ce que l’Iliade se retrouve être un texte fondateur, un parfait guide de la religion grecque ? Effectivement, on peut retrouver dans l’œuvre, de nombreuses illustrations de rites, pour ne pas citer le magistral rite funéraire d’Achille en l’honneur de Patrocle (chant XXIII). Malgré ces nombreuses annotations religieuses, Homère se place également en tant que géographe, avec la référence à Dodone (l.9), mais aussi en tant qu’historien en citant les Pélasges (l.9) (les premiers grecs) ou en relatant des faits guerriers en mentionnant les Myrmidons (l.13) ou les Achéens (l.12). Le poète est aussi un sociologue qui analyse les relations entre les mortels et les divins en se questionnant sur l’impact des dieux sur la perception

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