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Commentaire Bergson, L’évolution créatrice, chapitre 2, p.140 à 142

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Par   •  12 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  2 959 Mots (12 Pages)  •  557 Vues

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INTRO

« Toute l'évolution du règne animal, […] s'est accomplie sur deux voies divergentes dont l'une allait à l'instinct et l'autre à l'intelligence. » Voici la thèse que soutient Bergson dans la 3ème section du chapitre 2 de l’Évolution Créatrice consacrée aux « Grandes directions de l'évolution de la vie : torpeur, intelligence, instinct ». Cependant, la position du sens commun qui veut que l’instinct et l’intelligence soit deux degrés successifs d’une même tendance qui évolue.

Dans cet extrait, Bergson va s’opposer à cette thèse et soutenir que l’instinct et l’intelligence s’opposent et se complètent ; et qu’ainsi, ce qui les différencie l’un de l’autre est leur nature.

Du début du texte à « des instruments inorganisés » (l.33), l’auteur tente de définir et de donner les limites de l’instinct. Et de « les avantages et les inconvénients » (l.34) à la fin du texte, Bergson compare l’instinct et l’intelligence et en expose la complémentarité en exposant leurs avantages et leurs inconvénients.

  1. Les limites de l’instinct

Du francique “urgoli” qui signifie “fierté”, l'orgueil nous fait dire que la caractéristique de l’espèce humaine est la raison théorique, la faculté de connaître et la raison morale, la possibilité de maîtriser sa nature : ainsi l'homme est sapiens et le sait. Bergson nous propose ici d’abandonner ce sentiment humain et, afin de donner une meilleure définition à notre espèce, d’ajuster parfaitement notre jugement sur la réalité que nous présentent l'histoire et la préhistoire. Pour lui, si ces conditions sont respectées, alors « peut-être » qu’on ne s’appellerait pas homme sage mais homme fabricateur. Par cette suggestion, le philosophe entraîne le lecteur et le met de son côté. En effet, selon lui, ce qui caractérise l'homme ce n'est pas tellement sa "sagesse" mais plutôt le fait qu'il fabrique et utilise des outils.

Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l’histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante de l’homme et de l’intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens, mais Homo Faber.

Du latin intellegere, l’intelligence est la faculté de comprendre. Mais Bergson propose une autre définition dans laquelle il met en évidence les moyens utilisés par l’individus pour s’adapter aux situations complexes dans lesquelles le place son environnement. Pour le philosophe, il est en effet défini que le sens premier de la notion d’intelligence est la faculté de faire, par des procédés mécaniques, des objets techniques factices, et surtout des outils qui se révèlent être des machines utilisés dans le but de fabriquer d’autres outils et d’en varier sans limite la fabrication. On peut toutefois se demander s’il est légitime d’associer de telle sorte la notion de fabrication et d’objet artificiel puisque ce dernier provient du terme latin artificialis qui signifie “fait avec art, fait selon l’art”. En effet, la fabrication est une démarche opposable à la notion de création : la fabrication est un procédé généralisable et le traitement opéré est rationnel, tandis que la création est un procédé technique singulier et il existe un point d’incompréhension dans le traitement séquentiel.

En définitive, l’intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils et, d’en varier indéfiniment la fabrication.

Du latin anima, un animal est un être vivant qui respire et qui possède une âme. On a tendance à associer l’instinct à l’animal et l’intelligence à l’humain mais ici Bergson qualifie l’animal d’intelligent puisque selon lui ces deux notions sont fortement corrélées. Le philosophe pose une question à laquelle il répond immédiatement. Selon lui, un animal est intelligent puisqu’il utilise des outils et des machines ; la différence avec l’intelligence humaine est que les instruments utilisés par l’animal pour répondre à ses besoins ne sont pas extérieurs à son corps. Quand l’homme utilisera un couteau, le chat utilisera ses griffes.

Maintenant, un animal intelligent possède-t-il aussi des outils ou des machines ? Oui, certes, mais ici l’instrument fait partie du corps qui l’utilise.

L’utilisation de cet instrument est instinctive puisqu’à chaque instrument, la nature a accordé à l’animal un instinct lui permettant de s’en servir. Sans instinct, le chat ne saurait pas quoi faire de ses griffes, alors peut-être qu’il l’apprendrait de sa mère etc mais bref ce ne serait pas une compétence innée chez lui pcq il ne serait pas né en sachant comment utiliser ses griffes. Afin d’utiliser leurs instruments/leurs mécanismes innés, l’animal possède un instinct qui est une faculté naturelle et propre à chaque mécanisme.

Et, correspondant à cet instrument, il y a un instinct qui sait s’en servir. Sans doute il s’en faut que tous les instincts consistent dans une faculté naturelle d’utiliser un mécanisme inné.

Toutefois, la définition de l’instinct et celle de l’intelligence que vient de donner Bergson posent les limites du processus de fabrication d’objets. En effet, le produit du travail humain est réfléchi et existe sous la forme d’un idéal (c’est le résultat de la pensée) tandis que le produit du travail animal est aveugle (c’est le résultat de l’instinct). C’est le rôle de la nature que de « penser » la fabrication de l’objet et d’ensuite laisser l’instinct effectuer le travail. Pour qu’un objet soit fabriqué, il faut qu’il soit pensé, ainsi, l’idéal peut être une limite aux formes infinies que peuvent prendre l’objet.

Mais cette définition de l’instinct, comme celle que nous donnons provisoirement de l’intelligence, détermine tout au moins la limite idéale vers laquelle s’acheminent les formes très nombreuses de l’objet défini.

La nature peut être considérée comme une force créatrice, une personne toute puissante puisqu’elle dote l’animal d’instinct, faculté nécessaire à la fabrication d’objet, et finalement, à la survie de l’animal. En effet, les animaux fabriquent des objets dans le but de répondre à leurs besoins biologiques, naturels et nécessaires. Donc on peut dire que comme la nature est ce qui fournit à l’animal l’instinct et qu’elle a pour rôle d’idéaliser les outils ; l’instinct va prolonger le travail de la nature en fabricant l’outil et puisqu’aucun autre mécanisme n’est ensuite utile à la réalisation de l’objet, on peut même dire que l’instinct est l’achèvement du travail d’organisation. Bergson se demande alors où tracer la limite entre l’activité de l’instinct et celle de la nature. Il répond juste après à son interrogation : cette limite n’existe pas, ou du moins, elle est trop floue pour être déterminée de façon universelle.

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