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La nature fait-elle bien les choses?

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Par   •  16 Novembre 2017  •  Dissertation  •  2 464 Mots (10 Pages)  •  2 016 Vues

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La nature fait-elle bien les choses ?

        Se demander si la nature fait bien (ou pas) les choses présuppose de s’interroger sur la possibilité même du sens de cette question. Car, en quel sens peut-on dire que la nature fait les choses et quel critère du bien peut lui être applicable ? Il apparaît en effet que cette question, lorsque nous l’acceptons telle qu’elle se présente pour lui donner simplement une réponse affirmative ou négative, implique que nous acceptions que la nature puisse être comprise comme un être doué d’intention, d’intelligence et de volonté, autrement dit qu’elle soit semblable à un être humain. Cet anthropomorphisme de la nature permet ainsi une analogie entre la production humaine et la production naturelle, analogie qui permet d’envisager les manifestations des mouvements naturels comme des productions, ce qui nous les rend compréhensible. Mais, cette compréhension, aussi satisfaisante puisse-t-elle être pour l’esprit, n’est peut-être qu’une illusion qui, en réalité, nous empêche de connaître ces mouvements tels qu’ils sont, puisque nous ne pouvons accepter sans discussion que la nature soit analogue à un être humain.

        De fait, la science moderne s’est établie à partir du refus de cette compréhension finaliste de la nature qui veut que ce qui arrive soit le résultat d’un but que se donnerait la nature. Pour elle, la nature ne doit pas être comprise comme l’unité d’une raison produisant ses manifestations, mais comme un ensemble de phénomènes distincts qui s’expliquent par les lois du mouvement de la matière. Si l’on dit alors que la nature fait quelque chose ce ne peut-être que dans le même sens où l’on dira qu’une bille lancée en l’air « fait » une trajectoire. Au principe d’un choix rationnel visant un but, la science substitue la nécessité d’une loi aveugle produisant des effets impliqués uniquement par l’état antérieur de la matière (et donc sans but prédéfinis comme tels). Dès lors, la question même de savoir si la nature fait bien les choses n’a plus de sens. Ou plutôt, ce qui apparaît soudain plus clairement est que le seul sens que cette question puisse avoir est celui de demander dans quelle mesure ce qui arrive nécessairement dans la nature matérielle est bien pour nous qui pouvons en juger. Et en effet, lorsque nous affirmons que la nature fait bien les choses, le critère d’appréciation de ce bien est le nôtre, c'est-à-dire que nous jugeons de ce que fait la nature en fonction de ce qui nous convient ou pas ou, plus généralement, en fonction de ce que nous considérons comme juste ou pas. Ce dernier point nous amène à nous interroger autrement sur la question qui nous est posée.

        En effet, cette opposition entre ces deux attitudes face à la nature, celle du finalisme et celle du mécanisme de la science moderne, si elle éclaire les présuppositions de la question, ne rend pas vraiment compte de ses enjeux. Opposer ces deux conceptions, par exemple comme celles d’une pensée de type religieuse ou superstitieuse face à une pensée produisant une connaissance certaine et éclairée, ne conduit qu’à méconnaître le rapport qui se joue entre les hommes et la nature à un tout autre niveau que celui de la connaissance. Ce que cette question traduit en effet est celle qu’une liberté, celle des hommes, pose à ce qui lui fait face, la nature, et où cette liberté doit trouver sa réalité. En ce sens le problème de la question n’est pas tant celui de savoir si nous avons le droit de prêter à la nature une intention ou pas, que celui de savoir dans quelle mesure la nature peut nous indiquer ce qu’est le bien. L’accentuation de la question ne porte pas alors sur ce que fait la nature rapportée à un critère du bien, mais elle porte sur la question du bien que présente (ou pas) la nature à travers ce qu’elle fait. Notre problème sera dons celui de savoir quelle présentation du bien pouvons-nous attendre de ou trouver dans la nature. Cette question devra mettre en rapport notre action avec celle supposée de la nature, pour devenir la question de savoir s’il existe pour nous une manière d’agir qui soit en accord avec un bien que la nature révèle d’elle-même. Finalement la question sera celle de savoir si nous pouvons être en accord avec la nature, c'est-à-dire en accord avec un bien qu’elle manifesterait.

        

        Il nous faut d’abord nous interroger sur le sens de ce que nous appelons nature. Par nature nous pouvons désigner deux choses différentes. Par nature nous désignons d’abord l’ensemble des phénomènes qui se produisent dans la réalité sans être des productions des hommes. La nature est alors une dénomination qui rapporte des choses ou des événements extrêmement divers à une appartenance commune. Si l’on considère simplement ces choses ou événements pour eux-mêmes, il n’est pas évident de retrouver en eux le même principe à l’œuvre sinon celui qu’énonce Aristote en disant que toutes ces choses, aussi différentes soient-elles, ont en commun d’avoir en elles-mêmes leur principe de mouvement. Mais, entre le brin d’herbe et l’éléphant pour prendre ces deux exemples, il est difficile de penser que ce soit le même principe qui les mette en mouvement. Donc, en ce premier sens la nature est la dénomination commune d’un ensemble de choses n’ayant entres elles aucun rapport, sauf celui, négatif[1], de pouvoir être indépendantes de l’action humaine. Mais, nous pouvons vouloir considérer ce critère commun qui n’est ici que négatif, aussi comme positif et dire que toutes ces choses ont en commun un même principe, ce que désigne alors le terme de nature. En ce sens nous unifions la nature et, la nature ne désigne pas d’abord les phénomènes, mais cette unité qui fait de ces phénomènes ses manifestations. La nature est alors un être au-delà des choses naturelles qui en sont les productions. Or, il faut constater que nous pensons spontanément la nature dans ce deuxième sens, comme le montre et la question qui nous est posée et, plus profondément, que notre connaissance procède essentiellement par unification. Cette unification de la nature n’est ainsi pas le propre du finalisme puisque la science moderne cherche, elle aussi, une explication unifiée des manifestations naturelles. Mais, là où le finalisme dit immédiatement que la nature, en tant que sujet ayant une intention, fait les choses, le mécanisme ne pourra que dire que des choses se font et que nous pouvons uniquement chercher à savoir si la causalité de ces phénomènes peut-être rapportée à une loi unique.

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