La République de Platon.

Des Présocratiques à Aristote

Platon, République IV, 439e-440b (trad. L. Robin)

Explication de texte

Université de Montréal

Science Politique et Philosophie

Le 18 octobre 2016

Grâce à l’émergence de la polis vont naître les premiers philosophes qui se donnent pour objectif de questionner le monde et ses concepts. C’est dans cette optique que Platon, à travers le personnage de Socrate dans son œuvre République apporte des réponses à des questions existentielles autrefois traitées à l’aide des mythes et croyances. C’est donc la libération de l’esprit critique qui permet aux philosophes de l’Antiquité de proposer de nouvelles interprétations sur l’Homme et ce qui l’entoure.

Dans République Livre IV, 439e à 440b (traduction L. Robin), l’auteur se questionne sur la structure et le fonctionnement de l’âme. Elle serait composée à priori de désirs (appelé epithumia en grec, ou encore appétit) et de la raison (logistikon).

Il met en lumière l’existence d’un allié à la raison : le thumos, soit la volonté, formée par la bravoure et la colère lorsque celle-ci est nécessaire et montre que pour être un Homme bon il faut parvenir à un équilibre entre ces trois puissances internes.  

Le texte fait apparaître deux axes principaux : la dualité entre le thumos et l’epithumia, et la relation entre le thumos, le logistikon et l’epithumia.

Dualité entre thumos et epithumia

En premier lieu, Socrate raconte l’histoire de Léontios, un jeune homme qui marchent à côté de cadavres humains et ressent alors le désir de regarder. Vient alors la phrase : « En même temps qu’il avait envie de les regarder, en même temps au contraire il était fâché et il se détournait lui-même d’en avoir envie ». Platon explique donc que sa curiosité tente de le pousser à observer la scène des corps sans vie étendus au sol mais qu’il se met en colère contre lui-même et lutte face à ce désir. Il se cache le visage afin de ne pas céder, à la fois excité par ce spectacle funeste et révolté par sa propre envie. Platon montre ici une dualité de l’âme entre l’envie et la colère qui tentent chacune de prendre le dessus sur l’autre.

Par suite, Léontios cède à son désir et finit par regarder les cadavres. Il court vers ceux-ci en criant « Voici (…) ce que vous avez à regarder maudits ! Emplissez-vous de ce beau spectacle ! ». Il s’adresse donc aux corps étendus et les rend témoins de sa défaite, se sentant lui-même regarder et juger. Il se rend objet principal de cette scène funeste et plus seulement simple spectateur. Il est également imaginable que Léontios s’adresse également à quiconque entende ou lise cette histoire et soit donc témoin de sa faiblesse. Le désir une fois satisfait, les émotions le punisse en le dégoûtant de lui-même et de son action. Le terme « maudits » peut désigner les cadavres ou bien les Hommes dans leur ensemble, victime de leurs désirs et de leur faiblesse face à ceux-ci. A travers l’expression « beau spectacle », Léontios raille sa propre condition et celle de l’humanité. Ainsi, Platon nous montre la puissance des désirs sur nos actions lorsque nous ne sommes pas éduqués à ceux-ci et le malheur provoqué par la colère qui en découle.

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