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Doit-on souhaiter satisfaire tous ses désirs ?

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Par   •  15 Novembre 2017  •  Dissertation  •  2 334 Mots (10 Pages)  •  1 151 Vues

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Astrid MARISSAL TL

15/11/17

Doit-on souhaiter satisfaire tous ses désirs ?

« Malheur à celui qui n’a plus rien à désirer » disait Rousseau au XVIIIe siècle, mais qu’en advient-il de celui qui a trop à désirer ? Le blâme t-on aussi ? Comment arriver à tous les différencier ? Doit-on les classer, les supprimer, tous les satisfaire ? Comment pouvons-nous savoir ce qui vaut la peine d’être réalisé pour éviter de tomber dans l’excès ? Pour cela, il est donc nécessaire de nous demander si ceux-ci sont innés en nous et nous mènent au bonheur, ou s’ils, tout simplement, sont superflu, amenant le risque de tomber dans un excès permanent, compliqué d’en sortir. Nous cherchons donc savoir s’il est préférable de privilégier des désirs à d’autres, ou si, tout simplement, nous pouvons souhaiter tous les satisfaire.

Pour cela, nous verrons donc que les désirs composent notre inconscient, et donc suivre son inconscient ne mènerait pas à son bonheur caché ? Puis, nous verrons que la quête de la satisfaction éternelle est un piège, et peut être douloureuse. Et enfin, nous verrons si une vie sans désir est possible.

Tout d’abord, décrivons la notion du désir. Platon le définit comme un manque de quelque chose, c’est une force psychique, ce manque, qui pousse l’individu vers l’objet. Pour lui, le désir est commandé par la raison, qui le différencie de l’ardeur, qui elle, est une liberté sauvage et doit-être annulée. Ce désir renvoie aussi à la notion de possession. En effet, on désire un objet, on désire la posséder pour qu’il devienne notre, on accorde de la valeur à cet objet qui devra combler notre attente. Mais ce désir est aussi une contradiction, en effet, la sagesse n’est pas désir pourtant il y a désir de sagesse. Chaque personne à sa manière propre de dompter ses désirs. Pour les épicuriens, il faut sélectionner les désirs afin de ne satisfaire que ceux « naturels et nécessaires », ils effectuent une hiérarchie des désirs : on privilégie d’abord les désirs naturels et nécessaires, soient manger, boire, dormir… Puis viennent les désirs pour le bonheur, pour le bien-être du corps et pour la vie. Ensuite viennent les désirs naturels et non nécessaires, puis enfin, les désirs vains. Pourtant le désir est au-delà de ce qui est vital, la conscience d’être est elle-même dans le superflu. Par exemple, pour Aristote, le désir est un effort, il constitue l’être-même mais reste contradictoire, ce qui reste logique. Le désir se manifeste donc de différentes façons.

Alors une telle idée implique que le désir est une chose indissociable de l’Homme, il constitue à la fois l’esprit et le corps. C’est cette rencontre du corps et de l’esprit, de la passion et de la volonté qui créé un conflit de liberté et de mécanisme, d’autodétermination et de manières irraisonnées. C’est cet accès au bonheur, de par la satisfaction des désirs, qui est essentiel à l’Homme, Aristote a dit « Ce n’est pas seulement en vue de vivre mais plutôt en vue d’une vie heureuse qu’on s’assemble en une cité ». Pour lui, le bonheur est le but propre de la vie humaine, les hommes ne s’assemblent pas pour des biens matériels, soit pour leur survie, mais pour le bonheur d’une vie communautaire. Pour Leibniz, le désir pousse l’homme à bouger, il devient sa force motrice : « L’inquiétude, ce qu’on nomme désir, est le principal aiguillon qui excite l’industrie et l’action des hommes ». Mais aussi, pour Spinoza, il est l’expression de l’essence de l’homme : « Nous jugeons qu’une chose est bonne, parce que nous faisons effort vers elle, que nous la voulons et tendons vers elle par appétit ou désir », l’homme peut même ne pas en être conscient, les désirs forment le développement du corps et de l’esprit. Spinoza veut que l’on suive nos désirs profonds car c’est une marque de soi. Il invite à chercher les causes de ces désirs profonds pour ne suivre que ceux qui réalisent le profond de l’homme, en effet, comme à dit Berger : «  Tous les actes sortent du désir, même celui d’écrire un livre sur l’impératif catégorique »

Nous pouvons illustrer avec la thèse de Kant, grand philosophe du XVIIIe siècle, montrant le désir comme un motif intéressé. L’argument du désir est moral, il repose sur une détermination rationnelle de la volonté sous contrainte sociale. Pour lui, il y a intérêt désintéressé quand la volonté s’autodétermine tout en gardant la prime de la détermination par la raison. Il ne s’agit donc plus d’agir conformément au devoir mais « par » devoir, de plus, seul est moral celui dont la volonté est bonne et qui agit en fonction de l’unique respect pour la morale. Il n’y a donc pas de désir bon ou mauvais car la morale est ailleurs, si la satisfaction de certains désirs peut conduire au bonheur, il y a une destination plus haute, la destination morale. Enfin, satisfaire tous ses désirs n’est ni une bonne règle de vie, ni une mauvaise règle de vie car, pour Kant, une bonne règle de vie est morale mais renoncer à tous ses désirs lorsqu’ils ne contraignent pas la morale est aussi une mauvaise règle de vie.

Mais, pour Lacan, dans l’Ethique de la Psychologie, le désir créé une béance dans l’être, source du besoin, du manque de l’objet et de la demande, qui s’exprime par le langage, les deux étant indissociables. Le désir appelle donc en ce que l’Autre n’a pas, il devient une lutte impossible, un manque à l’être, « le désir c’est le désir de l’autre/de rien ». Si les désirs peuvent être refoulés par la morale, les valeurs, l’éducation, la religion… il restent malgré cela en nous et sont comme une pulsion. Pour lui, le désir c’est le désir de La Chose, c’est un fantasme inaccessible dans la réalité. Ce manque constitue donc le désir en lui-même, et l’objet désiré peut avoir différentes sources : la vie intra-utérine ou l’intensité et le contexte de notre première satisfaction avec la mère. « Le désir est la métonymie du manque à être ». Il existe un désir absolu, celui de la mort, qui amène donc à un désir inexistant : « des êtres-pour-la-mort ».

En effet, la question de la réalisation de tous ses souhaits voudrait engager une réponse positive, mais qu’en advient-ils des facteurs extérieurs à ces désirs propres ? Comment les prendre en compte ? Ne tomberions-nous pas dans une spirale infernale de la satisfaction éternelle ?

Tout d’abord, commençons par définir les notions de souhait et de satisfaction. Le souhait, qui s’apparente aussi à la volonté, est une envie, à l’origine d’actes libérés et de la poursuite d’une fin. Il peut être désir ou faculté, et nous attribuons un pouvoir à ce désir (la force motrice), mais en a-t-elle vraiment un ? La satisfaction, elle, est un sentiment plus profond que le contentement et plus durable qu’une sensation. Elle est en opposition à la frustration, qu’on éprouve lorsqu’on ressent le désir ou le besoin. C’est cette satisfaction qui va engendre la disparition de ces derniers. En effet, pour Zénon, ou Cicéron, ces désirs sont contre-nature, car le sage en est exempté, ils naissent de l’opinion et du jugement erroné. Il y a pour eux une différence entre le désir raisonné et le souhait irraisonné, il faut donc supprimer le désir pour en substituer le vouloir. C’est la définition du stoïcisme, « supporte et abstiens-toi », il faut éradiquer le désir de vouloir. Nos croyances et nos désirs sont les seuls dépendants de nous : il faut apprendre à les contrôler et à les faire porter sur ce qui est dépendant de nous plutôt que d’espérer que les choses se déroulent selon nos désirs.

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