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Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ?

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Par   •  12 Janvier 2017  •  Dissertation  •  4 142 Mots (17 Pages)  •  822 Vues

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Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous

fournir toutes nos connaissances ?

        Les sens, désignant les différentes fonctions de la sensibilité tels que l’ouïe, la vue, le toucher, semblent être la fonction de notre rapport au monde et à nous-même la plus naturelle et universelle, puisqu’elle est présente dès la naissance, et semble être partagée avec les autres animaux. La connaissance, elle, peut se définir comme le fait d'avoir conscience que telle chose existe, or, dès l’enfance, les sens sont ce qui nous met en relation avec le monde, le nourrisson n’est donc jamais sans rien savoir de la réalité, de ce qui est, puisque le monde semble se donner à lui de façon naturelle sans qu’il n’ait rien à faire. Cependant, la connaissance est un vaste champ traité par les philosophes depuis de nombreuses années, et pose ainsi de diverses questions : quelles sont les composantes de la connaissance ? Sachant que les sens semblent être liés à ce phénomène qu’est connaître, il est alors légitime de se demander si ceux-ci ne seraient pas suffisants, c’est-à-dire qu’ils constitueraient à eux seuls le facteur déterminant de celui-ci, à l’opposé de nécessaires, c’est-à-dire qu’ils ne pourraient pas ne pas intervenir dans ce processus, mais devraient être accompagnés d’autre chose, pour former nos connaissances. Le problème, est non seulement de se demander si les sens sont susceptibles de nous fournir, de nous apporter, toutes nos connaissances objectives, c’est-à-dire en rapport avec l’objet que l’on analyse, et qu’il serait en conséquence possible qu’ils soient objectifs eux-mêmes, en dehors des représentations subjectives qu’ils semblent nous fournir, mais aussi de se demander si les sens ne constitueraient pas seulement des connaissances illusoires, et non fiables, comme ils pourraient sembler nous fournir. La question est donc de savoir s’il existe un certain usage des sens qui soit susceptible à lui seul, de nous fournir toutes nos connaissances objectives, ou bien faut-il supposer l’usage d’une autre fonction de l’esprit comme l’intellect, la raison, qui s’y ajouterait nécessairement pour former une connaissance objective. C’est ce que nous allons voir dans cette composition.  

        

        Si nous entendons par «  connaissance » (du latin cognoscere, « savoir avec ») au sens large du terme, tout ce que dont nous avons un savoir quelconque, tout ce dont nous n’ignorons pas, quelque soit le mode, la nature, la qualité, la sûreté de cette connaissance (indépendamment de son degré de vérité), alors nous pouvons ensuite considérer les sens, supposés être suffisants ou non pour nous fournir, c’est-à-dire nous apporter, toutes nos connaissances, comme la fonction de l’esprit qui nous met en présence et en relation directe avec les réalités du monde, et nous les fait constater et enregistrer passivement. Il faut alors reconnaître qu’il y a beaucoup de choses dont nous pouvons prendre connaissance autrement qu’en a faisant l’expérience par les sens, mais du fait qu’on nous en parle, ou qu’on participe à la vie au contact des autres.

        Commençons par étudier les choses dont nous pouvons prendre connaissance autrement que par les sens. Dans un premier temps, beaucoup de choses peuvent être connues du fait qu’on nous en parle, qu’on nous les représente. Cela s’appelle une « connaissance par ouï-dire », connaissance par opinion. Ce type d’acquisition de la connaissance nous permet non seulement de connaître ce à quoi nous n’avons pas pu être présents parce que c’est passé ou loin de nous dans l’espace, grâce par exemple à la culture, l’éducation, l’enseignement, mais aussi d’acquérir la connaissance plus rapidement que seulement avec l’expérience directe et originale. En effet, la condition humaine rend parfois vitale l’action et la décision en connaissance de cause, l’expérience de tout serait alors trop longue et trop lente. Cependant, sur le sujet de la survie en milieu propre, l’éducation humaine est beaucoup plus longue que celle des animaux et ne peut se dispenser de l’expérience directe pour faire acquérir beaucoup de connaissances. Dans un second temps, beaucoup de choses peuvent être connues du fait qu’on vive au contact des autres, en immersion avec eux. Cela nous permet d’acquérir les comportements les plus caractéristiques de l’homme tels que la manière de manger, d’habiter, de se comporter en société, tout cela grâce à l’affectivité, l’imitation, l’imprégnation, la participation à une communauté. C’est en aimant un tel et pas un autre, en fuyant cela ou pas cela, qu’on acquiert un savoir sur les réalités proprement humaines. On pourrait ainsi dire que, dans cette mesure, les sens, comme fonction de l’esprit et objets déterminés et délimités, ne sont pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances au sens large de leur définition, puisque qu’on peut connaître autrement que par eux, de par la parole et le contact avec les autres. Mais, même quand nous apprenons quelque chose parce que nous en entendons parler, ou en lisons une annonce, on peut remarquer que c’est par le canal des sens (l’ouïe, la vue) que nous en prenons connaissance, et quand quelqu’un nous donne son opinion sur un sujet, cette connaissance n’est pas assurément fiable.

        Continuons alors par étudier la nature des connaissances que la parole et le contact nous transmettent. D’abord, même si les connaissances acquises par le langage, c’est-à-dire du fait qu’on en a entendu parler, dans la conversation, les discours, les récits, les livres, les représentations, comme l’ensemble des connaissances transmises par l’éducation et la culture, peuvent être considérés comme objectives dans leur principe, comme par exemple le discours, basé sur l’analyse, la comparaison, la distinction et liaison, ne peuvent pas être considérées comme fiables du point de vue de la connaissance objective, c’est-à-dire la connaissance méthodiquement et rationnellement élaborée, ou du moins elles le sont moins que celles reçues par l’expérience sensible des choses. En effet, ce sont des connaissances qui se basent sur l’expérience d’une tierce personne, cela induit des connaissances possibles mais incertaines, pouvant être le fruit de son imagination, de ses suppositions, de ses constructions. Cependant, le savoir reçu par la parole d’un autre repose sur une certaine confiance qui n’est pas toujours injustifiée, car pleins de choses dans la vie ne peuvent reposer que sur la confiance, car tout ne peut pas être démontré. Ensuite, les connaissances acquises par le contact et l’immersion quant à elles, ne peuvent pas non plus être considérées comme des connaissances objectives, même si ce sont tout de même des connaissances visant le lien humain et l’affectivité. Elles ne cherchent en effet pas avant tout l’objectivité, mais visent en revanche le façonnage du lien humain et social, de part par exemple l’affectivité, matière même du développement de cette connaissance subjective. Ces deux types de connaissances non fiables, permettant de connaître en dehors des sens, peuvent nous amener à la conclusion que les sens eux, nous fournissent toutes nos connaissances objectives, du fait que l’expérience sensible permet de synthétiser la force de l’expérience par contact et participation, ainsi que celle du discours, et permet de garantir la valeur de ce qu’elle recueille de la réalité. Mais, les questions portant sur la connaissance objective ne sont toujours pas résolues, car les connaissances fournies par le canal des sens viennent de nous en tant qu’être individuels et particuliers, les sens risquent alors de se laisser affecter par cette subjectivité, et ne seraient donc plus considérés comme fournissant des connaissances objectives et fiables.  

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