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Les Sens Sont-ils Vraiment nécessaire A La Connaissance ?

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Par   •  6 Janvier 2015  •  2 966 Mots (12 Pages)  •  840 Vues

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selon les cinq sens que sont la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le gouter. Elle est aussi ce qui entretient de la façon la plus simple notre rapport au monde. Le réel ainsi se donne, et ce dès la naissance, sans que nous ayons à fournir le moindre effort. La sensibilité est donc une fonction de réceptivité brute et passive, tout autre procédé n’étant pas nécessaire. Cette fonction minimale est-elle pour autant suffisante pour connaître véritablement ce qu’est notre environnement ? Existe-t-il une différence entre un simple contact avec le réel et la connaissance ? Quelle est d’ailleurs la valeur de cette dernière par rapport à la sensation ? L’usage des sens apporte-t-il une assurance épistémologique validant toute perception comme instrument de connaissance ? Pour y répondre, il nous faut déterminer les différentes formes de connaissance, entre la subjectivité et l’objectivité, puis selon cette distinction, poser l’éventualité d’un lien suffisant et nécessaire entre les sens et la connaissance, nonobstant tout autre procédé, pour enfin s’assurer de la solidité de cette combinaison.

La connaissance sous différentes formes…

La connaissance existe sous différentes formes, selon la situation dans laquelle elle s’insert. Il y a tout d’abord les choses dont nous prenons connaissance par ouïe dire, ce qui ne nécessite aucune observation ni expérimentation. Le discours, l’immersion, le contact, les signes, sont suffisants ici pour connaître. Il s’agit de recevoir ce qui est dit ou fait par d’autres. Cette réception est d’ailleurs impérative, étant entendu qu’il est impossible à tout à chacun d’éprouver la totalité de ce qui est requis pour évoluer dans son milieu, ni de connaître la somme de ce que l’homme a pu produire ou vivre. Dans ce domaine, la parole reçue constitue une opinion, à laquelle certains philosophes reconnaissent la qualité de connaissance, comme Leibniz : « L’opinion, fondée dans le vraisemblable, mérite peut-être aussi le nom de connaissance ; autrement presque toute connaissance historique et beaucoup d’autres tomberont » (Nouveaux essais sur l’entendement humain – Leibniz). Dans cet essai, l’auteur s’oppose à John Locke, celui-ci affirmant que toute connaissance est issue d’une expérience sensible, et qu’en conséquence je ne puis connaître que ce je vis, que ce soit grâce aux sens à propos des objets extérieurs, ou par des opérations de l’esprit, autrement dit la réflexion, concernant la connaissance de soi. La connaissance par ouïe dire se distingue ainsi sur le plan épistémologique de toute approche strictement empiriste. Connaître sur la base de discours induit des représentations se substituant à la confrontation du sujet au réel, à l’expérience sensible. L’immersion également est une autre voie menant vers le savoir, en consistant à assimiler l’existant pour reproduire les façons de faire et d’être d’une population côtoyée. Le contact avec autrui est source d’enseignement, d’enrichissement, donc d’accroissement des connaissances, le tout étant de rester lucide par rapport à ce qui est reçu et de ne pas attribuer à la connaissance par ouïe dire un rapport absolu avec la vérité, comme l’avertit Leibniz : « Et l’on peut dire que celui qui aura vu attentivement plus de portraits de plantes et d’animaux, plus de figures de machines, plus de descriptions ou de représentations de maisons et de forteresses, qui aura lu plus de romans ingénieux, entendu plus de narrations curieuses, celui-là, dis-je, aura plus de connaissances qu’un autre, quand il n’y aurait pas un mot de vérité en tout ce qu’on lui a dépeint ou raconté ; car l’usage qu’il a de se représenter dans l’esprit beaucoup de conceptions ou d’idées expresses et actuelles le rend plus propre à concevoir ce qu’on lui propose, et il est sûr qu’il sera plus instruit, plus rompu et plus capable qu’un autre, qui n’a rien vu ni lu ni entendu, pourvu que dans ces histoires et représentations il ne prenne point pour vrai ce qui n’est point, et que ces impressions ne l’empêchent point d’ailleurs de discerner le réel de l’imaginaire, ou l’existant du possible » (Nouveaux essais sur l’entendement humain – Leibniz). Il faut donc être prudent avec les énoncés reçus lorsqu’il s’agit de leur reconnaître une valeur en matière de vérité. Ce qui est certain, c’est que la connaissance par ouïe dire nécessite l’usage des sens pour entendre ou voir. Le caractère d’objectivité de ce qui est transmis n’est par contre pas impératif dans ce cas. Mais il n’empêche que ce qui est reçu par d’autres contribue à la construction de l’esprit, prépare le champ pour accueillir la connaissance comme une vérité. C’est en quelque sorte une étape qui mène vers une démarche d’appréciation objective du réel et qui détermine pour la connaissance différents degrés la concernant, soit du général au plus étroit, fixant la vérité comme un étalon afin de distinguer ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas. Ainsi, pour ce qui est de la connaissance par ouïe dire, dont l’objet rappelons-le est de connaître un savoir-faire ou un savoir-être, la recherche de l’objectivité n’est pas le but. La subjectivité est d’ailleurs l’instrument le plus efficace pour absorber tout contenu livré par immersion. Ce type de connaissance ne pose donc pas de problème quant à savoir si les sens sont suffisants ou non pour connaître. Par contre, en ce qui concerne les acquis par le bais d’un système langagier, la prétention à l’objectivité est établie, notamment dans les domaines de l’enseignement et de la culture. Le discours a d’ailleurs une portée instructive en permettant de distinguer, via l’analyse, une chose par élimination de ce qui ne lui appartient pas. Discourir conduit à affiner la vue, à séparer, à identifier, soit à mieux percevoir et ainsi centrer l’objet de la connaissance. Le discours dispose également d’une valeur encyclopédique, de par l’organisation et la généralisation qu’il autorise en matière de diffusion des connaissances, contrairement à l’expérience sensible qui s’applique au cas par cas. Est-ce pour autant que le discours, à la différence de l’immersion, offre une garantie incontestable en matière d’objectivité ? Certes non, car le contenu de la parole transmise peut être imaginaire, ou illusoire, voire truffé d’erreurs, volontaires ou pas. Il s’agit surtout d’une connaissance acquise par opinion ou croyance : ce qui m’est dit devient une opinion une fois que j’y crois. La confiance joue alors un rôle primordial dans l’instruction

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