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Douter, est-ce renoncer à la vérité ?

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Par   •  30 Septembre 2019  •  Dissertation  •  1 783 Mots (8 Pages)  •  2 506 Vues

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Douter, est-ce renoncer à la vérité ?

Dissertation de philosophie

À première vue, le doute est l’ « état de celui qui ne sait que croire, qui hésite à prendre parti », selon le Larousse. Renoncer serait le fait de « se désister du droit qu’on a sur quelque chose, ne pas vouloir l’accepter », et la vérité semble être « ce qui est ou existe réellement ». Selon les sens communs des termes précédemment exposés, le doute s’oppose donc à la vérité, on ne peut être plongé dans le doute tout en pensant la vérité, puisque ce sont là deux états contradictoires. Il s’agirait donc de se désister du droit à savoir ce qui existe réellement, parce qu’on ne sait que penser. Cependant, le doute peut aussi permettre d’accéder à la vérité. Par ce biais, on peut penser que ces deux états ne sont pas nécessairement si contraires qu’au premier abord. Cela pose un problème, on peut se demander s’il est nécessaire de renoncer à la vérité dès lors que l’on doute.

Dans le cas où douter signifie être incertain, où renoncer est le fait de « se désister du droit qu’on a sur quelque chose », et où la vérité est immuable, oui, douter est équivalent au fait de renoncer à la vérité. Puisque le doute remet en question la vérité, celle du moins à laquelle on croit, que ce soit par conviction personnelle, par paresse intellectuelle ou par convention sociale, puisque le doute remet en question la vérité donc, il est son contraire.

Cependant, beaucoup vous diront que la vérité n’existe pas. En effet, les sceptiques lui ont dit adieu depuis longtemps, et cherchent maintenant à « suspendre leur jugement », selon une expression utilisée notamment par Pyrrhon d’Élis, aux IIIe et IVe siècles avant notre ère. Il faudrait donc utiliser l’épochè, mot grec qui signifie l’interruption. Le terme, « sceptique », vient du grec skeptikos, c'est-à-dire « qui examine ». Les sceptiques examinent le monde. Partant du principe qu’on ne peut découvrir la vérité, ce n’est pas pour autant qu’ils ne font aucune recherche, et même au contraire : ils tentent de ne jamais interrompre leur réflexion au prétexte d’avoir trouvé LA vérité, puisque justement on ne peut y parvenir. Douter, dans le sens commun du terme, serait pour eux un renoncement, s’il devenait une conclusion. Il faut donc être perpétuellement dans le doute, sans pour autant le considérer comme une fin en lui-même. Ainsi Montaigne, figure de proue du scepticisme à la Renaissance, se posait cette question : « Que sais-je ? » Et comment savoir que ce que l’on sait existe bel et bien, est réellement la vérité ? Le doute ne peut être considéré comme positif par les adeptes de ce courant philosophique : douter nuit à la vérité, puisqu’il empêche d’avoir des opinions personnelles et critiques. En effet, tant que l’on n’est pas fixé sur quelque chose, on n’a aucune conviction ; c’est impossible au vu du doute perpétuel dans lequel on est plongé. Lorsqu’il arrive à un sceptique d’avoir une vérité à laquelle il croit (qui devient dès lors une croyance et non plus une vérité), il tente de la remettre en question, mais ce faisant il prend le risque de ne plus jamais y croire. Selon eux, le jugement est relatif : ce qui est vrai pour quelqu'un ne l’est pas forcément pour un autre. Toutefois, abandonner leur jugement serait abandonner la vérité, leur vérité. Ils ne placent leur confiance en rien, renonçant par la même occasion au fait de connaître entièrement ce qu’est la vérité. Arrivés à ce point de la réflexion, on peut se demander pourquoi les sceptiques cherchent tant à suspendre leur jugement. Il y a pour cela deux raisons principales ; la première est que les sens peuvent parfois nous tromper. Alors pourquoi, comment, se fier à sa vue, à son ouïe, ou à quelque autre sens que ce soit, puisque les informations qui nous sont transmises par eux peuvent être fausses, en contradiction avec la vérité ? Afin d’éviter ce genre de désagréments, les sceptiques souhaitent ne pas se fier à leurs sens. La deuxième raison à ce désir est qu’ils cherchent le bonheur, comme beaucoup d’entre nous. Afin d’y parvenir, les sceptiques veulent s’épargner la douleur et l’incertitude subie que l’on ressent lorsqu’on découvre qu’il y a de l’incohérence dans ses idées. Dans le but d’éviter un doute subi, il se l’imposent à eux-même. Selon Pyrrhon, « quand on mène une recherche sur un sujet déterminé, il s’ensuit apparemment soit qu’on fait une découverte, soit qu’on dénie avoir fait une découverte et qu’on reconnaît que la chose est insaisissable, soit qu’on continue la recherche ». Il est cependant impossible d’être réellement sceptique, puisqu’un adepte de cette philosophie ne devrait ni parler, ni agir, puisque le fait de parler signifie prononcer un jugement, et celui d’agir suppose de prendre un parti. De plus, le fait de dire « je suis sceptique », qui est une phrase affirmative, contredit leur raisonnement, selon lequel rien n’est sûr. De la même manière, prononcer la phrase « on ne peut accéder à la vérité » revient à dire une vérité, ou tout du moins la sienne propre. Ainsi, en étant sceptique, on devient rapidement défaitiste, car le fait de vouloir suspendre son jugement devient rapidement un arrêt définitif de la recherche de la vérité, puisque les sceptiques se veulent incapables de déterminer s’ils ont atteint la vérité suprême ou pas. Il est donc tentant de renoncer à cette quête

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