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Avons-nous le devoir de chercher la vérité ?

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Par   •  17 Avril 2015  •  1 722 Mots (7 Pages)  •  2 042 Vues

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« Avons-nous le devoir de chercher la vérité ? »

Excellent devoir, propos limpide et convaincant, à la fois simple et ambitieux, parfaitement progressif. Vous apportez une véritable réponse à la question posée.

Introduction

« La vérité est-elle bonne, et donc un devoir, ou doit-on accepter notre ignorance et nos illusions, au nom de la protection contre une vérité qui pourrait s’avérer nuisible ? »

La vérité est une valeur connotée positivement dans la plupart des domaines de notre existence : on proscrit et punit le mensonge de l’enfant, de l’homme politique, et on fait l’éloge de la « transparence ». Pourtant, le mensonge est un fait. Nous ne mentons pas juste pour nous protéger mais aussi pour protéger nos proches sur qui nous craignons les effets blessants de la vérité. Le statut de la vérité est donc paradoxal : valorisée, elle est aussi crainte. Cela explique l’attitude de l’un des personnages du film Matrix qui, après avoir pris connaissance de la réalité, demande à retourner dans l’illusion et l’ignorance d’où il vient. N’est-il pas en effet logique de préférer l’ignorance à une vérité inutilisable, voire nuisible ? Pourtant, ce personnage est aussi, dans le film, le plus immoral, celui qui trahit les autres au profit de son intérêt personnel. En effet, quel genre d’hommes serions-nous si nous renoncions à la recherche de la vérité au profit de notre satisfaction personnelle ? L’habilité à la compréhension et à l’explication du monde n’est-elle pas ce qui distingue l’homme de l’animal ? Cela signifie-t-il que la vérité est un devoir absolu ? Qu’il faut la chercher à tout prix ? Le mensonge et le secret ne sont-ils pas nécessaires au bon fonctionnement des sociétés ? Dès lors, le citoyen n’a-t-il pas le devoir de ne pas toujours chercher la vérité et d’accepter que tout ne lui soit pas dit ? Ainsi, s’il existe un devoir de dire la vérité, nous voyons qu’il pose problème, tant dans sa mise en œuvre que dans ses effets. C’est pourquoi nous nous demandons si nous avons le devoir de chercher la vérité. La vérité est-elle bonne, et donc un devoir, ou doit-on accepter notre ignorance et nos illusions, au nom de la protection contre une vérité qui pourrait s’avérer nuisible ?

Nous verrons dans un premier temps que nous n’avons pas le devoir de chercher la vérité car le mensonge, le secret servent souvent nos intérêts individuels et collectifs. Mais, justement parce qu’elle n’est pas toujours bénéfique, ne s’impose-t-elle pas comme un devoir moral ? Peut-on le suivre à tout prix ?

1re partie

« Le mensonge sert nos intérêts individuels et collectifs »

La vérité est une valeur fondatrice de nos sociétés. Pourtant, nous nous en méfions aussi. La révélation de la vérité est souvent violente : nous sommes sortis brutalement de nos illusions et de notre ignorance qui constituaient un voile protecteur. C’est pourquoi nous faisons un usage fréquent du mensonge. Il sert parfois à nous protéger nous-mêmes : nous dissimulons une vérité qui pourrait nous nuire et souhaitons alors que les autres ne cherchent pas cette vérité que nous cachons. Mais nous savons alors que ce n’est pas justifiable. En revanche, il peut sembler plus légitime de ne pas chercher une vérité blessante. À quoi bon chercher une vérité qui peut nuire ? Au contraire, nous devons alors ne pas la chercher. Pascal arrive à cette conclusion dans les Pensées. Le fondement du droit n’est pas la justice véritable mais les mœurs. Nous avons le devoir de ne pas chercher la vérité sur l’origine du droit car cela risque d’en mettre en péril la fonction de pacification de la société, si était révélée l’illégitimité de son origine. Chercher la vérité n’est donc pas un devoir : lorsqu’elle est nuisible il faut au contraire la maintenir cachée.

Ainsi, toute société s’organise sur la base d’une dose de mensonge, de secret. L’apprentissage de la politesse est l’apprentissage d’une forme d’hypocrisie dans laquelle on ne doit pas dire toute la vérité et on ne doit pas la chercher non plus. La question « Ça va ? » n’appelle ainsi jamais de réponse sincère mais est simplement formelle. Pour que les relations sociales soient apaisées, mieux vaut que nous ne sachions pas toute la vérité sur ce que les autres pensent de nous. Le citoyen ne doit pas non plus chercher à connaître les vérités que la raison d’État autorise à garder cachées. Ainsi, dans Le Livre du philosophe, Nietzsche explique que l’instinct de vérité n’est pas naturel chez l’homme. Celui-ci est plutôt spontanément tourné vers la ruse qui lui permet de survivre. S’il développe un amour de la vérité, c’est dans un second temps, car elle lui est utile pour vivre avec ses semblables. La vérité n’est donc intéressante que si elle est utile. Nous préférons le mensonge ou l’ignorance à une vérité nuisible ou inutile.

On ne doit donc pas toujours chercher la vérité car celle-ci n’est pas nécessairement bonne. Elle peut être inutile ou nuisible et alors notre quête de vérité sera vaine. Toutefois, cela ne signifie pas que ce ne soit pas notre devoir. Le devoir désigne en effet ce que l’on s’impose à soi-même au nom de valeurs et non de ses intérêts. N’avons-nous alors

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