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Rapport Entre L'orient Et L'occident Au Moyen Age

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Par   •  6 Décembre 2012  •  1 766 Mots (8 Pages)  •  1 224 Vues

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1- Les conséquences de la conquête arabo-musulmane

En un siècle, à partir de 632 (mort du Prophète), les armées arabes ont porté l'Islam loin dans toutes les directions. Des régions profondément christianisées ont été ainsi submergées, au Proche-Orient bien sûr, mais aussi par la rive sud de la Méditerranée jusqu'en Espagne, presque totalement soumise (quelques cantons résistent dans les Asturies) et jusqu'à Poitiers où une incursion arabe est arrêtée en 732. Pour le monde chrétien, les conséquences sont considérables.

Les chrétiens sous domination musulmane.

Selon le Coran, les musulmans, qui peuvent mettre à mort les païens qui s'obstinent dans le polythéisme, doivent respecter les "gens du Livre", juifs et chrétiens, et les protéger. Cette protection ne va pas sans dispositions particulières onéreuses et à l'occasion humiliantes : impôt spécial, vêtements distinctifs, interdiction d'aller à cheval, etc. Les enfants d'un musulman et d'une chrétienne (les noces dans l'autre sens sont interdites) sont automatiquement musulmans, et comme l'apostasie d'un musulman est passible de mort, cette disposition a fait des martyrs lorsque des enfants ont voulu suivre la religion de leur mère, ou lorsque d'anciens chrétiens ont voulu revenir sur une conversion à l'Islam quelque peu provoquée. Cela s'est produit même dans cette Andalousie musulmane souvent présentée comme un lieu idéal de coexistence. La pression officielle ou de fait exercée sur les chrétiens a varié selon les lieux et les époques. Le désir d'échapper à l'impôt spécial a pu inciter des chrétiens peu convaincus à changer de religion, et l'intérêt financier pousser au contraire l'Etat arabo-musulman à ne pas trop rechercher les conversions. D'ordinaire, les chrétiens restent majoritaires au cours du siècle qui suit la conquête, mais bientôt leur importance relative dans la population diminue, de manière variable selon les régions.

On renonce ici à exposer dans le détail ce que sont devenues les Eglises chrétiennes des régions que nous appelons maintenant l'Irak et l'Iran. Elles se sont étiolées peu à peu au cours des siècles. C'est en Irak qu'elles se sont le mieux maintenues, jusqu'à nos jours. L'Eglise nestorienne, en particulier, n'a pas mis fin aussitôt à ses entreprises missionnaires vers l'Orient, comme l'atteste une stèle découverte dans la capitale de la Chine de cette époque, et gravée en 781.

En Syrie-Palestine, où l'hostilité à la domination byzantine était vive, la conquête arabe n'avait pas été mal accueillie, et des chrétiens occupèrent de hauts postes administratifs auprès des premiers califes de Damas. Le père de saint Jean de Damas fut l'un d'entre eux. Les monastères demeurèrent nombreux, les pèlerinages et les fêtes célébrés avec solennité (et les musulmans ne dédaignaient pas de participer aux réjouissances), de nombreux ouvrages de controverse, de théologie et de spiritualité furent écrits, constituant une littérature chrétienne arabe peu connue en Occident. La vitalité de cette chrétienté, issue directement des premiers disciples mais divisée en multiples fractions sur des bases doctrinales (orthodoxie, nestorianisme, monophysisme) et linguistiques, n'a pu empêcher une lente érosion : sauf au Liban, les chrétiens sont aujourd'hui moins de dix pour cent dans ces régions.

En Egypte, le patriarcat d'Alexandrie, traditionnellement rival de celui de Constantinople, avait choisi massivement le monophysisme. Sa cohésion ne l'a pas empêché, certes, de devenir minoritaire dans une Egypte arabisée et progressivement islamisée, mais les coptes, comme on les appelle désormais, ont résisté à la pression ambiante et à des périodes difficiles. Ils constituent aujourd'hui la communauté la plus massive de chrétiens en monde arabe, quelque six millions. Avec le recul du temps, aussi bien Rome que Constantinople ont reconnu récemment que les divergences doctrinales ne sont plus exactement ce qu'on avait pensé et que la foi au Christ Dieu et homme de cette Eglise "monophysite" est substantiellement la même que la nôtre sous une expression différente. L'Eglise de saint Athanase et de saint Cyrille a maintenu vigoureusement notre foi dans le pays qui, avec l'Université al Azhar, est aussi depuis la fin du dixième siècle le haut lieu de la pensée musulmane.

De l'antique chrétienté africaine de saint Cyprien et de saint Augustin, il n'est rien resté. La conquête musulmane avait rencontré une forte résistance durant une trentaine d'années dans le nord de l'actuelle Tunisie. C'est ensuite que le ressort s'est cassé. En Afrique du Nord, on compte une quarantaine d'évêques au huitième siècle, cinq en 1053, deux en 1076. Les derniers chrétiens disparaissent au début du douzième siècle.

La péninsule ibérique ne fut pas conquise entièrement. Un petit réduit chrétien indépendant réussit à se préserver dans les Asturies (bataille de Covadonga, 722) : il fut la base de la Reconquête, qui dura plus de sept siècles. L'Andalousie musulmane fut longtemps un lieu d'échanges culturels où dialoguaient juifs, chrétiens et musulmans. Avec le temps, il se produisit un phénomène curieux mais compréhensible : à mesure que la Reconquête progressait vers le sud, le christianisme s'affaiblissait dans les régions encore régies par des souverains arabes, car les chrétiens, lorsqu'ils s'y trouvaient en difficulté, avaient de plus en plus le recours d'une émigration vers le nord. Les traditions du christianisme de l'ancienne Espagne wisigothique, perpétuées par l'Eglise sous domination arabe (c'est ce qu'on appelle le christianisme mozarabe) disparurent ainsi peu à peu, tandis que les royaumes chrétiens du nord adoptaient les rites et les traditions du christianisme d'outre-Pyrénées et de Rome.

Rétrécissement

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