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Pluralité démocratique dans un monde commum

Dissertation : Pluralité démocratique dans un monde commum. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Décembre 2016  •  Dissertation  •  1 478 Mots (6 Pages)  •  841 Vues

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« Car , en ce monde, nous sommes tous différents, nous sommes aussi tous interdépendants. Il ne peut y avoir qu’un futur commun à toute la famille humaine. Et nous devons faire le choix entre un futur honorable et un futur d’extinction. » Ervin Laszlo.

Dans son ouvrage libéralisme et démocratie, Norberto Bobbio reprend l’idée d’une conjonction. Entre libéralisme et démocratie. Nés de deux exigences fondamentales différentes : limiter le pouvoir pour le libéralisme, et distribuer le pouvoir pour la démocratie, l’évolution du champs politique les a rendu indissociable. L’auteur italien écrit que «  non seulement le libéralisme est compatible avec la démocratie, mais la démocratie peut être considérée comme le développement naturel de l’état libéral » (p.50). De sorte qu’aujourd’hui il n’existe pas d’état libéral non démocratique et vis versa.

Il sera question dans ce travail, de penser la pluralité démocratique dans un monde commun, quelle forme pour la pluralité démocratique pour pouvoir assurer la cohésion mais aussi la représentativité de tous, dans le but d’assurer une paix sociale. Il sera judicieux d’opposer cette pluralité démocratique au pluralisme libéral, qui entend une liberté totale, dénuée de toutes contraintes. Nous verrons aussi comment est conditionner la désobéissance et surtout, quelle forme doit-elle prendre selon différents auteurs.

En 2009, l’ouvrage collectif dirigé par Martin Breaugh et Francis Dupuis-Deri prend à revers la thèse bobbienne d’une conjoncture naturelle entre démocratie et libéralisme. Cet ouvrage cherche à penser La démocratie au-delà du libéralisme, comme l’indique son titre. Comme le précisent les auteurs dans la traduction, « au-delà » ne signifie pas « contre » le libéralisme, mais il s’agira plutôt plus de se saisir de ces outils (la liberté, l’égalité, le pouvoir) pour les exporter et les transporter sur d’autres territoires. Le but n’est donc pas de réformer, amender ou de parfaire le modèle libéral, à comme ont pu le faire des communautariens tels que Walzer ou Taylor, mais plutôt d’adopter une perspective critique à même de pointer les contradictions et le caractère aortique de l’expression « démocratie libérale ».

A travers ce travail, nous exposerons deux façons de penser le monde commun : la pluralité démocratique et le pluralisme libéral, toutes deux sont supposées inclure la désobéissance civile comme moyen d’expression au sein d’une communauté. Alors comment penser la pluralité démocratique au sein d’un monde commun ? Le pluralisme libéral est-il compatible avec la pluralité et la conflictualité démocratiques ? En partant d’une question essentielle à savoir le problème du pluralisme, de la pluralité et du conflit.

La thèse que je tenterai de défendre est que le pluralisme libéral est incompatible avec la pluralité et la conflictualité démocratiques. Pour étayer cette idée, mon argumentaire reposera sur une critique lefortienne du pluralisme rawlsien, puis, sur une critique arendtienne du pluralisme habermassien, étant donné que Rawls et Habermas peuvent être considérer comme les deux représentants de la philosophie libérale contemporaine.

Dans un troisième temps, je testerais la validité de ma thèse en interrogeant le caractère ambiguë de la conception libéral de la désobéissance civile. Rawls et Habermas sont considérés comme les deux auteurs ayant réussi à justifier le bien-fondé de la désobéissance civile en démocratie, et à ce titre au pluralisme libéral sa capacité à prendre en compte la dimension conflictuelle de la démocratie. Mais en réalité, j’essaierai de montrer qu’il n’en est rien, et qu’en conséquence le pluralisme libérale n’est pas encore disposé à faire place à la conflictualité démocratique, dont la désobéissance civile est l’une des manifestations les plus évidentes.

1/ Au nom du conflit, une critique lefortienne du consensus dans le pluralisme rawlsien.

Je prends pour point d’appui les travaux de Claude Lefort, qui mettent en lumière le caractère conflictuel de la démocratie indissociable dans la construction d’un monde commun, à travers notamment une interprétation original de machiavel. Dans une perspective lefortienne, on peut reprocher au pluralisme rawlsien de ne pas aller au bout de son raisonnement, en clair, son incapacité à prendre en compte les vertus démocratiques du conflit politique. Cette critique n’a pas été faite explicitement par Lefort, mais elle est développé dans ce sens par Pauline Colonna d’Istria dans son article « la raison publique au miroir de l’un : Claude Lefort VS Rawls ».

Pour résumer, la thèse lefortienne de Colonna d’Istria est que le libéralisme de Ralws ne laisse pas suffisamment de place à la conflictualité politique qui est au cœur de l’invention démocratique, malgré le pluralisme. Il ne va pas assez dans l’acceptation du conflit, d’où il résulte que le libéralisme de Rawls n’est pas compatible avec la démocratie entendue comme l’acceptation de la division originaire du social.

Ralws reconnaît ce qu’il appelle le « fait du pluralisme », le fait que les sociétés peuvent être ouvertes et divisées, ce qui rend inutile et dangereux la recherche d’une unité substantielle, car ceci ne peut être atteint qu’au prix d’une dictature. Rawls reconnaît donc le caractère irréductible du pluralisme. Cela dit, Rawls ne conçoit le pluralisme que comme le signe ou l’effet delà liberté, et non comme un facteur de liberté, puisque l’excès de conflictualité demeure à ses yeux un facteur de déstabilisation sociale. Chantal Chouffe a montré comment Rawls est animé par la volonté de tracer les contours d’une société ordonnée. Il écrit par exemple qu’ « une conception libérale retrouve l’urgente tâche politique de fixer, une fois pour toutes, le contenu des libertés et des droits fondamentaux ». En d’autres termes, la reconnaissance du pluralisme s’accompagne d’une volonté de le canaliser voir de le domestiquer. Le consensualisme rawlsien est donc perceptible à deux moments : en amont du processus politique, dans l’élaboration d’un « consensus par recoupement », et en aval de ce processus, dans la recherche d’un « pluralisme raisonnable ».

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