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Peut-on désirer Sans Souffrir  ?

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Par   •  23 Mars 2015  •  1 441 Mots (6 Pages)  •  1 150 Vues

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Introduction

Dans la passion amoureuse, telle que la vit par exemple Emma Bovary, s’entremêlent des désirs et des souffrances. L’attente de l’aimé, la peur de perdre l’autre, mettent l’être désirant dans un état à la fois de jubilation et d’angoisse. Mais peut-on désirer sans souffrir ? Il faudrait pour cela ne considérer que les désirs dont on est sûr qu’ils seront satisfaits. Mais s’il n’y a plus d’attente, plus de manque, il n’y a plus de désir non plus.

Peut-on alors faire une sélection des désirs ? Et dans ce cas, en renonçant à certains désirs pour éviter ainsi quelques souffrances, ne risque-t-on pas de passer à côté du bonheur ?

D’autre part, le désir n’est-il pas aussi ce qui permet à l’homme de trouver de l’énergie ? Connaître ce qui constitue son propre moteur ne permettrait pas alors de se réaliser ?

1. Par définition, le désir implique la souffrance

A. Le désir comme manque

Distinguons d’abord le désir du besoin : celui-ci est une privation liée au bon fonctionnement de l’organisme, et trouve son assouvissement dans un objet spécifique qui lui préexiste. Le désir en revanche n’a pas d’objet assigné par avance. Il anticipe un plaisir, mais l’objet de son plaisir est souvent le fruit de son imagination, il est lié au fantasme. Cependant le besoin, lié à une nécessité vitale, se trouve parfois entremêlé avec le désir de manière confuse, par exemple lorsqu’on mange. Cette anticipation du plaisir est à la fois réjouissance, jubilation donc source de joie, mais aussi attente, manque, et donc source d’inquiétude, de souffrance. Le rapport du désir à son objet est paradoxal, car le désir vise la possession de l’objet désiré, donc la fin du désir. Le désir vise, en ce sens, à s’autodétruire.

Platon, dans Le Banquet illustre cette idée avec le mythe d’Aristophane, retraçant l’origine de l’amour. L’amour serait la recherche d’une union perdue avec sa moitié, et finalement le désir de retrouver un amour fusionnel. À l’origine, des êtres primitifs sont composés de sphères à deux têtes et huit membres, selon trois espèces : l’homme double, la femme double et l’androgyne. Ces espèces, prises d’orgueil, veulent défier les dieux. Ceux-ci se fâchent et les punissent en les coupant en deux. Ceux qui viennent d’une espèce androgyne sont voués à chercher leur moitié chez le sexe opposé, les autres sont mus par l’instinct homosexuel. Le désir amoureux est bien ici un sentiment de manque que l’on cherche à combler par la recherche non pas d’une âme sœur, mais d’un corps jumeau. Cet être de désir qui semble destiné à chercher continuellement son être manquant ne se prépare-t-il pas aux pires souffrances ?

B. Une quête infinie du désir

Dans le Gorgias, Platon met en scène un dialogue entre Socrate et Calliclès. La question est de savoir s’il est possible de satisfaire tous ses désirs sans limite pour être heureux. Selon Socrate, chercher toujours un objet de satisfaction à son désir, c’est se préparer aux pires souffrances. En effet, une fois un désir satisfait, l’homme cherche immédiatement à en satisfaire un autre, comme s’il voulait remplir perpétuellement un tonneau percé. Ce serait un véritable supplice des Danaïdes (en référence aux femmes punies pour avoir égorgé leurs maris et qui furent selon la légende condamnées à verser du liquide toute leur vie dans des tonneaux troués).

Mais Calliclès répond que le bonheur réside dans la satisfaction de tous les désirs. Selon lui, ne plus chercher le plaisir et adopter une vie de tempérance (en satisfaisant seulement quelques désirs essentiels), c’est ne plus souffrir certes, mais c’est ne plus vivre non plus, ou alors comme une pierre, c’est-à-dire comme un mort. Or il faut distinguer le plaisir, simple satisfaction d’un désir qui reste éphémère, et donc appelle toujours un autre désir, du bonheur, état durable de plénitude. La vie que propose Calliclès est une vie de plaisirs, mais qui n’atteint jamais de satisfaction absolue, de bonheur. On peut penser ici à la figure de Don Juan, qui cumule les conquêtes amoureuses sans jamais être heureux, car à ses plaisirs se mêlent étroitement de nombreuses souffrances. Ne faut-il pas alors renoncer à certains désirs ?

2. Pour ne pas souffrir, il faut renoncer à certains désirs

A. La sélection des désirs

Pour l’épicurisme, la maîtrise des désirs peut consister dans la connaissance et la sélection des bons et mauvais désirs. La nature du désir dépend de l’objet convoité. Seuls les désirs naturels et nécessaires, donc les besoins,

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