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Peut-on désirer Sans Souffrir ?

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Par   •  11 Octobre 2014  •  1 736 Mots (7 Pages)  •  814 Vues

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Quand l’enfant écrit sa lettre au Père Noël, il lui fait la demande de réaliser ses désirs, en l’occurrence lui offrir la possession de jouets désirés. Il se projette dans la situation désirée et se dit intérieurement : “qu’est-ce que je serais heureux si j’avais…”. En attendant que celle-ci se réalise, il ressent un manque, il est malheureux car il souffre de ce manque.

En effet, la notion désirer provient du latin “desiderare”, c’est-à-dire “regretter l’absence de”. On souhaite quelque chose qui n’est pas, on est alors assujetti à une torture, aux tumultes de notre âme entêtée. La question vient alors de savoir si l’on peut désirer sans nécessairement souffrir. Est-ce possible ? Si oui, dans quelles conditions ? Nous nous attacherons à distinguer l’origine du désir, de son fondement ainsi que de sa fin, car il ne faudra pas se réduire à expliquer le désir mais à dégager une compréhension précise sous ses différentes formes.

Nous verrons en premier lieu que désirer, c’est chercher à combler un manque et que cette situation nous amène à souffrir. Mais nous verrons ensuite que la nature du désir réside dans une tension qui fait plaisir, le plaisir s’opposant à la souffrance. Enfin, nous verrons que derrière la notion de désir se trouve celle de la volonté, qui nous pousse à agir pour donner un sens à son existence et ainsi s’arracher à une souffrance qualifiée de fataliste.

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Dans ce premier temps de la réflexion, voyons en quoi désirer conduit nécessairement à la souffrance.

“Le désir est manque” nous affirme Socrate dans Le Banquet écrit par Platon. Qu’implique cette définition ? Si nous désirons ce qui nous manque, il est tout simplement impossible de détenir ce que l’on désire car une fois l’objet “désiré” en notre possession, il n’est plus manque donc de fait, il n’est plus non plus désir. Conséquemment, nous pouvons déduire que nous avons toujours ce que nous désirions. Si l’on considère le bonheur comme la réalisation de ses désirs, il est aisé de conclure que nous ne sommes jamais heureux de par l’essence insatiable de désirer. Platon illustre d’ailleurs ce propos en évoquant le désir comme le tonneau des Danaïdes percé qui ne peut donc jamais être rempli. Schopenhauer ira même jusqu’à écrire dans Le monde comme volonté et comme représentation que “la vie oscille comme un pendule de la souffrance à l’ennui”, ce qui signifie que soit l’on est malheureux de l’absence de l’objet désiré ne pouvant se réaliser, soit quand on l’a, il ne nous intéresse plus. On peut se repencher à cet égard à l’enfant qui une fois d’être vu offrir ce qu’il désirait, est bien moins heureux qu’il ne s’imaginait pouvoir l’être, il avait mis tellement d’espoir à cette situation tant désirée, qu’il se l’était idéalisée mais maintenant qu’elle est réalité, place à la déception, à la désillusion qui le fait une fois encore souffrir.

Dans cette première sous-partie, nous avons défini le désir comme manque. Pour autant, il nous faut le distinguer du simple besoin. La réalisation du besoin se pose comme vitale tandis que celle du désir ne l’est pas. C’est pourquoi nous pouvons estimer que désirer n’est que rechercher des choses inutiles, superflues. Or dans cette situation, l’homme va de désirs en désirs sans trop savoir pourquoi, il est dans ce que Pascal appelle dans ses Pensées, le “divertissement”. Si l’homme croit qu’il est heureux en se divertissant (l’opinion commune nous dit souvent que le bonheur se résume à “profiter” de la vie), il se trouve en réalité dans un bonheur illusoire, il s’aliène dans la recherche effrénée de la consommation et souffre donc sans en avoir vraiment conscience d’un assujettissement. Le désir est alors “marque de misère”. De plus, il faut voir que se divertir, c’est se laisser vivre (ce qui n’est pas vivre), ce qui signifie être soumis à ses déterminismes. En effet, le psychanalyste Freud analyse le sujet comme étant divisé selon trois pôles : le moi qui est ma partie consciente, le surmoi qui rassemble toutes les normes et valeurs assimilées inconsciemment lors de ma socialisation et enfin le ça qui représente mes pulsions charnelles inconscientes. En établissant cette théorie formulée dans son concept d’inconscient, Freud pose une troisième humiliation à l’homme (après celle de Galilée qui montre que la Terre n’est pas au centre de l’univers puis celle de Darwin qui montre que l’homme n’est qu’un genre parmi l’espèce animal) qui est d’ordre psychologique résumée par cette citation : “le moi n’est pas maître dans sa propre maison”. L’homme en tant qu’être désirant souffre alors de ne pas entièrement se connaître et par-delà, ne pas être lui-même.

Quelle est alors la moralité la plus évidente à ces constations ? Du fait que l’on ne peut désirer sans souffrir, il faut rechercher l’absence de désirs pour arriver à l’absence de souffrance, ce qui serait le bonheur si l’on le prend dans sa conception “négative” en tant qu’ataraxie. C’est notamment la position de Descartes quand il écrit “Mieux vaut changer l’ordre de mes désirs plutôt que l’ordre du monde”.

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Mais ne pas désirer, n’est-ce pas encore un désir que celui de ne pas désirer ? De surcroît, il nous faut nous rappeler que ce qui différencie l’homme de l’animal, qui n’a que des besoins, c’est bel-et-bien sa faculté de désirer,

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