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Peut-on Vivre Sans Passions ?

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Par   •  2 Février 2014  •  3 054 Mots (13 Pages)  •  1 853 Vues

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Toute passion est l'envers d'une action. Une passion est une réaction à quelque chose d'étranger à la raison. La passion de l'âme, selon Descartes, c'est l'action du corps. Ainsi, l'âme devient passive par rapport à la passion qu'elle subit. Cette définition est confirmée par l'étymologie du mot, qui fait de la passion un " pâtir ", car le latin patior signifie subir. La passion est donc passivité pour l'âme. Le passionné est dépendant de l'objet de sa passion. La passion conduit à l'excès, et ainsi à des comportements irrationnels. Si toute passion conduit nécessairement à une conduite déraisonné il faut donc s'efforcer de vivre sans passion, s'efforcer de vaincre ses passions, pour se conduire conformément à la sagesse. Mais toute passion n'est peut-être pas mauvaise. Que serait une vie sans passion ? Il faut vérifier qu'elle vaudrait la peine d'être vécue avant de condamner les passions. Nous verrons premièrement que les passions posent des problèmes à l'homme, cependant nous verrons ensuite que ces passions sont vitales pour l'homme, et pour finir finir nous verrons qu'elles donnent un sens à la vie de l'Homme.

La passion pousse à l'action. Un homme sous l'emprise d'une passion fera tout pour atteindre l'objet de ses vœux. La passion est dynamique. Le passionné est transporté, emporté, ravi à lui-même.Si la passion est dynamisme, le sujet semble plutôt subir les troubles qu'elle cause dans son esprit. C'est pourquoi on cherche à les contrôler et même à les vaincre.

L'Homme en proie à ses passions se trouve dans un état de servitude. Kant compare la passion à une maladie: "La passion est une gangrène pour la raison pratique". Elle est donc un obstacle à la raison. Le mot grec qui désigne la passion (pathos) signifie aussi maladie . Or, la maladie, c'est ce que je subis, je n'en suis pas responsable : le malade est soigné, non jugé ou puni. En effet, on ne peut juger de la moralité d'une action que si elle a été accomplie librement et volontairement. Si j'agis sous l'effet de la contrainte, en réalité je ne suis pas le sujet de cet acte. De même sous l'effet de la passion si elle me prive de mon libre arbitre. Je n'ai donc aucune gloire si l'action est bonne, ni responsabilité si elle est mauvaise. La passion peut être comparée à une maladie, mais d'une espèce particulière: la gangrène, une fois qu'elle s'est mise dans une plaie, se propage dans tout le membre, pareil pour la passion une fois qu'on lui a cédé. Par exemple la jalousie, définie par Shakespeare comme un "monstre aux yeux verts qui se nourrit de lui-même" , une fois qu'elle s'est insinuée dans les pensées du jaloux, n'a pas besoin de faits concrets pour s'alimenter, elle s'entretient elle-même. La rumination de l'offense reçue transforme petit à petit le désir de vengeance en une idée fixe dont le caractère obsessionnel fait de la passion une maladie de l'âme. La passion, une fois qu'on lui a cédé, n'a plus de raison de cesser. Pour la satisfaire, il en faudra toujours plus. On se lasse des plaisirs que l'on obtient. Cette accoutumance engendre des besoins toujours plus nombreux. La passion est donc insatiable. Le passionné ne pourra jamais être satisfait. C'est pourquoi Platon compare l'âme du passionné à un tonneau percé: la passion est un désir qu'il est impossible de combler.

La passion est une servitude. La passion prend le pas sur l'intérêt véritable de l'individu. Cela se passe comme si deux passions ne pouvaient pas vivre ensemble. Kant définit la passion comme une tendance qui empêche que la raison ne la compare avec les autres pour faire un choix. La colère peut ainsi devenir une passion lorsqu'elle s'installe dans la durée, sous forme de désir de vengeance ou de haine. Alors elle devient exclusive, hégémonique. Même si l'objet qu'elle fait poursuivre n'est pas mauvais en soi, le fait qu'il devienne un but unique, aux dépens de tout autre, transforme la passion en obsession. Ainsi, le passionné perd sa lucidité, il juge mal la valeur de l'objet de sa passion. La passion grossit la valeur réelle de son objet. La passion est donc un certain type de tendance: une tendance qui implique un aveuglement. Il est bien connu que l'amour rend aveugle, notamment à tout ce qui ne concerne pas l'être aimé, ou encore à ses défauts.

La passion est un mouvement qui paraît irrésistible, et qui nuit au bon sens de celui qui en est atteint, ainsi les philosophes ont souvent considéré les passions comme un mal dont il fallait se séparer. Les stoïciens choisissent donc ce vaincre leurs passions afin de vivre de manière plus sereine. Etre stoïque c'est ne pas se laisser éblouir par le flot de la passion, mais rester imperturbable. La devise stoïcienne, c'est "nihil admirari", que l'on peut traduire par : " ne se laisser atteindre par rien ". Les passions principales sont l'espoir et la crainte. Ces deux passions opposées sont liées, l'une conduit à l'autre et ainsi l'âme se trouve ballottée entre les deux. L'espoir engendre l'inquiétude et donc pour éviter tout espoir inutile, pour ne rien désirer qui soit impossible à atteindre, il faut soigneusement distinguer ce qui dépend de nous de ce qui n'en dépend pas. Il faut savoir accepter que tous nos désirs ne soient pas réalisables. Dans ce cas, rien ne sert de s'entêter, car alors on se tourmente inutilement. La sagesse stoïcienne consiste donc dans la modération de ses désirs, qu'il faut adapter à la réalité. Le sage renonce à tout désir déraisonnable et irréalisable. Ce qui dépasse le pouvoir de sa volonté, il l'accepte tel quel.

Cependant, vivre sans passions relève de l'excès. Une vie sans passion est inconcevable, car la passion a une fonction vitale; un homme n'est pas seulement esprit, il est aussi corps, si bien qu'un homme sans passion serait un dieu ou un saint, un surhomme.

Vivre sans aucune passion est impossible, parce que le fait d'être vivant implique d'avoir un corps qui est nécessairement affecté par le dehors. La passion est une action du corps sur l'âme. La passion relève du corps, donc de ce qu'il y a de mécanique en nous. Les passions s'ajoutent au réflexe en incitant l'âme à contribuer aux actions qui peuvent servir à la survie. Par exemple, en cas

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